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La rénovation du sanctuaire marial de Beauraing

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 49 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 28/11/2023
    • de MATHIEUX Françoise
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Le Sanctuaire de Notre-Dame de Beauraing est un lieu de pèlerinage situé dans le sud de la province de Namur, célèbre au plan international pour des apparitions en 1932-33. Ce site a fait l'objet entre la fin des années 50 et le début des années 60 d'un projet d'aménagement de grande envergure de la part de l'architecte couvinois Roger Bastin, une des figures majeures de l'architecture belge du XXe siècle. Cette œuvre s'inscrit dans un corpus majeur de contributions à « l'art d'église » par Roger Bastin.

    En 2020, on a constaté la nécessité d'entreprendre des travaux de rénovation pour préserver les fonctions en place et continuer à accueillir les pèlerins dans les meilleures conditions. Un projet a été proposé et accepté pour le réaménagement des espaces extérieurs. Celui-ci prévoit une transformation complète des revêtements de sols et un plus grand nombre de plantations. Il comporte cependant l'élimination d'éléments permettant le recueillement à l'extérieur : deux grandes toitures en béton en porte-à-faux qui surplombent et protègent des gradins et des accès.

    La destruction de ces parties a amené un collectif d'architectes à se mobiliser pour alerter sur la perte patrimoniale importante qu'elle représenterait. Une liste des monuments remarquables du 20e siècle semble être aujourd'hui en cours d'élaboration par l’administration de Madame la Ministre. Et selon les informations reprises dans la presse, le sanctuaire marial de Beauraing ferait partie de cette liste.

    Toutefois, la liste n'étant pas encore actée et les permis ayant été accordés, il semble que la destruction ne puisse pas être évitée alors que l'église a toutes les chances d'être classée à l'avenir. Détruire une partie d'un bâtiment qui pourrait être classé sous peu n'est-il pas paradoxal ?

    Quelle est la position de Madame la Ministre sur cette question ?

    Par ailleurs, où en sont les travaux de l'administration concernant les monuments remarquables du 20e siècle ?
  • Réponse du 20/12/2023
    • de DE BUE Valérie
    J’ai bien été informée, et ce en octobre dernier, du projet de transformation du sanctuaire de Beauraing, et plus particulièrement du site des apparitions.

    L’honorable membre pose la question d’un éventuel paradoxe, si je peux regretter la situation actuelle, je ne peux que constater qu’un permis a été délivré dans le respect des obligations réglementaires, voici déjà plusieurs mois. De plus, ce permis octroyé en faveur du projet de réaménagement du site l’a été par l’intermédiaire du Fonctionnaire délégué, autorité compétente pour la Région. Les procédures ont donc été respectées et une enquête publique a été organisée pour permettre de recueillir les réactions de la population avant l’octroi.

    Par ailleurs, le bien n’étant pas pastillé à l’inventaire régional, l’AWaP n’a pas été consultée dans le cadre de la procédure urbanistique. Pourtant, l’AWaP connaît cet ensemble bâti de longue date et a la liberté de toute initiative en la matière.

    C’est pourquoi je mets toute mon énergie pour que la dynamique que j’ai insufflée en vue de mieux appréhender le patrimoine du 20e siècle s’accélère, et ce, en accord avec les perspectives fixées par la Déclaration de politique régionale.

    Malgré cela, manifestement, tant les professionnels du secteur à l’échelle wallonne que le grand public - celui-là même visé par le projet de publication que je soutiens et que je souhaite voir paraître début avril 2024 - n’ont pas encore identifié ces productions du 20e siècle comme des éléments patrimoniaux.

    Comme elle le signale à juste titre, un important travail est en cours en vue de définir - en partenariat entre l’AWaP, la Cellule architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles et la CRMSF - un outil d’aide à l’analyse, sous la forme d’une liste des biens du 20e siècle qui seront à considérer comme des biens patrimoniaux.

    Pour le reste, je la rejoins sur le fait que ce dossier illustre la nécessité de voir avancer cette démarche, alors que je demande cette liste à mon Administration avec insistance depuis le début de la législature. J’estime aujourd’hui qu’il est temps d’aboutir afin d’éviter que ce dossier ne soit qu’un épisode de plus vers le début d’une hémorragie patrimoniale, car une fois validée, cette liste devra encore faire l’objet d’un parcours administratif et technique pour que les jalons qui y figurent soient intégrés dans le processus légistique d’une remise éventuelle de permis : inscription à l’inventaire régional simple ou avec pastille, voire, pour les plus remarquables, classement.

    Enfin, pour sa parfaite information, le 21 novembre dernier, une réunion technique a eu lieu pour affiner cette liste tant attendue, mais j’observe, comme elle, que sans avancée notoire, aucune piste de dialogue ou de protection ne peut être raisonnablement imposée par mon Administration pour orienter un projet de réaménagement d’un bien privé, quel qu’il soit.