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La semaine européenne du dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST)

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 121 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 28/11/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'Euro Testing Week est une campagne européenne lancée en 2013 par « HIV in Europe initiative », aujourd'hui EuroTEST. L'objectif est d'unir tous les partenaires associatifs à travers l'Europe durant huit jours, afin d'augmenter l'accès au dépistage et promouvoir les avantages d'un dépistage précoce du VIH, des hépatites et de la syphilis, parfois aussi à d'autres IST (chlamydia, gonorrhée…).

    Initialement prévue une fois par an, cette semaine se déroule maintenant en mai et en novembre. Elle célèbre en ce moment même son dixième anniversaire. Elle se clôturera juste avant la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, le 1er décembre.

    Des organismes tels la Plateforme Prévention SIDA ou l'ASBL Ex-Aequo mènent pendant une semaine des actions de dépistage rapide et anonyme de manière décentralisée. C'est une opération coup de poing qui vient s'ajouter aux actions déjà menées tout au long de l'année. D'autres associations n'organisent pas directement des tests, mais, pour faire connaître l'opération au plus grand nombre, promeuvent ceux mis en place par ailleurs.

    Leur crédo : tester, traiter, prévenir, trois actions qui peuvent donner l'espoir d'éradiquer ces maladies.

    Quel soutien la Wallonie apporte-t-elle directement ou indirectement à une cette initiative ?

    Le cabinet ou l'administration de Madame la Ministre prennent-ils part au programme dédié aux professionnels ? Dans cet ordre d'idée, il m'est revenu que des infirmiers de la clinique CHC MontLégia à Liège se sont rendus la semaine dernière à Madrid pour une conférence, évènement de lancement de l'Euro Testing Week.

    Les structures participantes ont souvent un public cible particulier (homosexuels, prostituées, migrants…). Ne serait-il pas utile d'inciter d'autres organismes « grand public » à rejoindre l'opération européenne ?

    Plus largement, comment la Wallonie investit-elle dans la lutte contre le VIH et autres IST ?
  • Réponse du 02/01/2024
    • de MORREALE Christie
    Les données épidémiologiques sont établies par Sciensano, notre Institut scientifique de santé publique qui est chargé de la surveillance des IST en Belgique. Ces pathologies à transmission sexuelle ne font pas partie des 42 maladies à déclaration obligatoire (MDO) en Wallonie. Les données récoltées sur le terrain et transmises à Sciensano sont anonymisées et ne permettent pas, en conséquence, le tracing, le dépistage et le traitement des contacts des patients index.

    En 2013, un comité de pilotage et d'appui méthodologique (CPAM) avait été mis sur pied sous l’égide de l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cet organe regroupant des intervenants de la prévention des IST/SIDA à Bruxelles et en Wallonie avait pour objectif de décider des grandes orientations du processus des Stratégies concertées des acteurs de prévention des IST/SIDA.

    Dans l’intervalle est arrivé le transfert de l’exercice des compétences communautaires à la COCOF et à la Région wallonne, chaque entité a alors adopté son plan de promotion de la santé.

    En effet, en Wallonie, le plan de promotion de la santé (PPS) inclut une programmation avec des objectifs notamment pour le VIH et les IST identifiées, qui couvre la période de 2023 à 2028. Les opérateurs, agréés par la Wallonie, sont subventionnés sur cette base. Il convient de relever que bien qu’un plan national de lutte contre le VIH existe, il n’en est pas de même pour les IST. Cependant, une réflexion est en cours.

    Pour en venir aux données, selon le dernier rapport national sur la surveillance des IST publié en 2023 par Sciensano, les tendances générales pour la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis en Belgique sont à la hausse depuis plusieurs années, avec une baisse temporaire en 2020 due à l'épidémie de Covid-19. Le nombre estimé de diagnostics pour ses IST est plus élevé en 2021 qu'en 2019.

    Au sein de l’AViQ, le département de la branche santé comporte 6 directions dont la Direction Promotion, Prévention et la Direction de la Surveillance des maladies transmissibles. Ces deux directions collaborent afin de soutenir les actions réalisées par les acteurs de la promotion de la santé et de leur fournir les financements nécessaires, sur la base de leur plan d’action coordonné (PAC). Ces associations s’occupent de l’information, de l’éducation et de la sensibilisation en matière de prévention des IST/VIH/SIDA.

    En effet, l’un des axes de la programmation du plan promotion de la santé en ce compris la prévention est consacré à la prévention des maladies infectieuses dont les 4 objectifs de santé sont les suivants :
    - réduire le risque infectieux dans une perspective de santé globale tout au long de la vie ;
    - favoriser les attitudes positives à l’égard des mesures préventives applicables aux maladies infectieuses auprès de la population et des professionnels ;
    - stabiliser puis réduire l’incidence des IST dont le VIH et les hépatites en Wallonie ;
    - améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs de la population en favorisant les conditions d’une sexualité épanouie et responsable.

    Ainsi, sur base des demandes d’agrément des opérateurs, un budget de 2 900 000 euros est consacré à l’axe 4 relatif aux maladies infectieuses (y compris la politique de vaccination). Il s’agit du deuxième axe le plus conséquent en termes budgétaires (après l’axe consacré à la prévention des usages addictifs et réduction des risques). Ces chiffres doivent être affinés et pourront être détaillés une fois l’analyse des programmes d’actions coordonnées terminée.

    Le traitement curatif est prescrit par le médecin traitant, qui peut décider d’orienter les patients vers un infectiologue, un gynécologue ou tout autre spécialiste. Au sein des réseaux et des hôpitaux, il existe des équipes d’hygiène hospitalière (HH), d’Hospital Outbreak Support Team (HOST) et de Gestion d’antibiotique (GGA) qui sont appelées à prendre le relais. À la faveur de la récente épidémie de la variole du singe (Monkey Pox), les HOST et les équipes d’hygiène hospitalière ont contribué à la prise en charge médicale des patients, de même qu’à la vaccination d’urgence des contacts à haut risque.

    Des discussions impliquant les entités fédérées (AZG, AViQ, COCOM) sont en cours dans le but de réfléchir à un plan national pour les VIH/SIDA/IST/Hépatite B et C. Ce plan devra tenir compte de l’approche Bottom up partant des actions menées par les ASBL wallonnes agréées en matière de prévention des IST/VIH. L’administration participe à ces initiatives et aux suivantes de nos opérateurs agréés sur le terrain.

    Nous sommes également attentifs à la montée de la multirésistance aux antibiotiques utilisés dans le cadre du traitement des IST. Le centre de référence (IMT) à Anvers effectue des études sur cet aspect et publie régulièrement des données pouvant servir de base pour l’affinement de notre politique. Un plan wallon de lutte contre les MDRO est en phase de réflexion.

    Nous constatons que les professionnels de la santé sont sensibles à la problématique de la prise en charge des IST. L’AViQ reçoit souvent des alertes du terrain. Récemment, le CHU de Liège a effectué une comparaison des données de laboratoire sur une brève période allant du 1 août au 15 octobre. Sur 459 examens biologiques réalisés en 2022, 14 étaient positifs pour la chlamydia (6,1 %), 19 étaient positifs pour la gonorrhée (8,7 %). En 2023, sur 620 examens biologiques réalisés, 20 étaient positifs pour la chlamydia (6,8 %), 41 étaient positifs pour la gonorrhée (13,5 %). Cette recrudescence de la gonorrhée semblait liée aux pratiques à risque dans la communauté de HSH et en rapport avec une fausse impression d’invulnérabilité aux IST que l’on retrouve chez les utilisateurs de la PREP.

    Nous avons procédé en interne à l’analyse de l’alerte. Une communication a été immédiatement envoyée au réseau des HOST en Région wallonne pour s’enquérir de l’ampleur de la situation dans les réseaux hospitaliers. Nous avons recommandé l’envoi des échantillons prélevés vers le CNR pour en vérifier la sensibilité et la résistance des souches aux antimicrobiens couramment utilisés.

    Il est tout aussi urgent de rechercher et motiver les cercles et/ou ASBL qui s’occupent de réfugiés en les incitant à mettre ces priorités dans leur agenda. Il est aussi urgent de continuer à promouvoir l’implication des pairs là où subsiste toute forme de barrières (langues, sans-abrisme, pauvreté d’une frange de la population, absence de couverture par la mutuelle, les privations de liberté en prison, les métiers à risque tels les travailleu(rs)ses du sexe). La prostitution se faisant de plus en plus à travers les réseaux sociaux et internet, nous devons aussi continuer à adapter notre stratégie en tenant compte de ces canaux.