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L’évolution de l’immobilier en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 66 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 28/11/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Un récent article paru dans le journal L'Avenir dresse un panorama éclairant sur l'évolution de l'immobilier en Wallonie. Les chiffres révèlent une augmentation constante du nombre de bâtiments en Wallonie depuis 1998.

    Le nombre de logements a augmenté de 30 % au cours de cette période, soit un total de 5 741 588 unités en Belgique. En Wallonie, la province du Luxembourg a enregistré la plus forte augmentation, avec une croissance de 21 % en 25 ans.

    Les provinces de Namur et du Brabant wallon ont également connu une hausse significative de 18 % de leur parc immobilier depuis 1998.

    Cependant, on observe une diminution de 27 % du nombre de maisons de commerce en Wallonie depuis 1998. Cette tendance est globale dans toutes les provinces du sud du pays. En parallèle, les immeubles à appartements connaissent une forte hausse, dépassant le nombre de maisons individuelles. Il est essentiel de comprendre les implications de ces chiffres sur la politique du logement, de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme, et de l'économie locale. La question de la soutenabilité climatique est aussi essentielle, avec notamment la nécessité de rénover le bâti existant conformément aux objectifs climatiques.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre ?

    Comment la politique wallonne en matière de logement peut-elle gérer et garantir une gestion durable de cette croissance ?
  • Réponse du 18/01/2024
    • de COLLIGNON Christophe
    La question de l’honorable membre me donne l’occasion de revenir sur les principales mutations en cours qui marquent tout le secteur. Nous sommes effet, depuis quelques années, confrontés à de nouvelles facettes de la question sociale du logement.

    Le nombre de logements en Wallonie augmente de façon continue depuis 1998 et ce fait se vérifie également à l’échelle de chaque province. De plus, les appartements, autrefois assez peu fréquents en Wallonie, voient leur nombre s’accroître plus vite que celui des maisons. Au cours de la dernière décennie, leur nombre a progressé de 47,8 %, alors que le nombre de maisons n’a augmenté que de 3,7 %. Ils restent cependant minoritaires dans le parc wallon. Ainsi, en 2023, quatre logements sur cinq sont des maisons individuelles alors que moins d’un logement sur cinq (18 %) est un appartement.

    Ces transformations du parc de logements wallon accompagnent les évolutions démographiques en cours dans notre région. Depuis 1998, le nombre de ménages wallons a crû de presque 19 %. C’est certes moins que l’augmentation du nombre de logements. Mais les formes de ménages ont évolué fortement (plus de ménages dits « isolés ») et leurs besoins en logement sont différents. Cela provoque actuellement une certaine inadéquation entre les types d’offres et les besoins.

    Sur ce point, l’explosion du nombre de ménages d’une seule personne constitue un élément fondamental. Entre 1998 et 2023, ce nombre a crû de 42 %, entraînant une hausse considérable du besoin de petits logements. Cela crée une véritable tension notamment sur le marché locatif des petits logements.

    Dans le même temps, les familles avec enfants (couples avec enfants ou familles monoparentales) n’ont augmenté que de 5 %. Autrement dit, la demande de logements comportant plusieurs chambres perd de l’importance relativement aux autres types de ménages, même si les familles avec enfants représentent encore 44 % des ménages wallons.

    Ces évolutions des types de ménage expliquent pour une part l’essor des appartements dans le parc wallon.

    Une deuxième raison pouvant être évoquée est la saturation du territoire, notamment dans les agglomérations. Ainsi, dans les agglomérations wallonnes, au cours de la dernière décennie, la quasi-totalité de l’accroissement du parc immobilier résidentiel (94 %) se fait sous forme d’appartements.

    Concernant la répartition géographique des nouveaux logements, comme l’honorable membre l’a souligné, la croissance a été proportionnellement plus importante dans les provinces de Luxembourg, du Brabant wallon et de Namur. L’influence de l’attractivité économique ou d’emploi des villes de Bruxelles et de Luxembourg compte pour beaucoup dans ce phénomène. Ainsi, le Brabant wallon et le nord de la province de Namur ont accueilli, et accueillent encore, de nombreuses personnes travaillant sur le territoire de Bruxelles-Capitale, mais n’ayant pas trouvé à y loger. Au sud du pays, c’est-à-dire en province de Luxembourg et en province de Namur, le même phénomène d’attraction est observable avec le Grand-Duché du Luxembourg.

    La disparition des maisons de commerce est, quant à elle, liée aux transformations du commerce de proximité. Durant les dernières décennies, les centres commerciaux ont drainé de plus en plus l’activité commerciale au détriment des boutiques traditionnelles. Les propriétaires de maisons de commerce ont donc tendance à convertir celles-ci en biens résidentiels.

    Le Gouvernement wallon a mis en œuvre plusieurs politiques pour accompagner ces changements du parc wallon de logements. Ainsi, la politique dite du « Stop béton » vise à limiter l’artificialisation excessive des sols et à encourager une utilisation optimale de cette ressource (autrement dit, favoriser les immeubles à appartements plutôt que les maisons quatre façades). Le Gouvernement a également demandé au CEHD de mettre à jour le Schéma régional de Développement du Logement public (SRDLP) afin de disposer de lignes directrices pour pouvoir mieux faire correspondre la localisation et la typologie des logements d’utilité publique aux besoins. Concernant la soutenabilité du parc wallon face aux enjeux climatiques, le système des primes pour rénovation énergétique a été assoupli et les primes revues à la hausse afin d’inciter les ménages wallons à réaliser les travaux d’amélioration qui s’imposent si nous voulons parvenir à nos objectifs en matière de réduction des émissions. Le logement d’utilité publique procède également à une rénovation énergétique massive grâce au plan RENO que j’ai pu mener à bien.

    Pour conclure, je dirais que de nombreuses initiatives au niveau du Gouvernement tendent à faire évoluer durablement notre habitat et notre manière d’habiter. Cette matière me semble toutefois requérir une vision dépassant les frontières de notre Région ne fût-ce que pour appréhender de manière plus efficiente les enjeux liés à la démographie et la soutenabilité environnementale et sociale.