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Les dangers pour la santé des agriculteurs exposés au glyphosate et à d'autres produits phytosanitaires

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 155 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 29/11/2023
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Une analyse menée sur 50 ans met en évidence l'effet néfaste d'insecticides/herbicides répandus, dont le glyphosate, sur la fertilité masculine. Ces derniers contribueraient à faire diminuer nettement la concentration en spermatozoïdes.

    D'autre part, la France reconnaît officiellement depuis 2013 la maladie de Parkinson comme pathologie professionnelle pour les agriculteurs. Cette maladie est liée à l'exposition majeure de ces derniers aux produits chimiques, notamment à l'usage de glyphosate.

    Les agriculteurs wallons sont-ils informés de ce risque ?

    La maladie de Parkinson est-elle aussi considérée comme une maladie professionnelle chez nous ?

    Un biomonitoring des agriculteurs est-il mené pour évaluer l'impact de l'utilisation des produits phytosanitaires et du glyphosate en particulier ?

    Les risques liés à l'usage de ce pesticide dangereux pour ceux qui le manipulent (comme pour la santé environnementale dans son ensemble) sont-ils suffisamment pris en compte ?

    En tant que Ministre de l'Agriculture, que met en place Monsieur le Ministre pour protéger la profession de ces expositions ?
  • Réponse du 04/12/2023
    • de BORSUS Willy
    Comme l’honorable membre l’indique, la Commission européenne va procéder au renouvellement de l’approbation pour une période de 10 ans, sous réserve de certaines conditions et restrictions. Mais contrairement à ce qu’il sous-entend, il ne s’agit pas de conditions imposées spécifiquement à la Belgique ou à la Wallonie, mais bien à tous les États membres de l’Union européenne.

    En plus de ces conditions, la Belgique pourra, si elle l’estime nécessaire, et si cela se justifie, ajouter des conditions supplémentaires d’utilisation des produits contenant du glyphosate.

    D’ailleurs, les importantes modifications d’usage des produits à base de glyphosate qui ont eu lieu fin 2022 lors de la réévaluation des produits belges répondent déjà à certaines dispositions spécifiques envisagées par la Commission, notamment celle qui concerne la protection des petits mammifères herbivores.

    Pour mémoire, une fois que la Commission autorise l’usage d’une substance active, les États membres peuvent à leur tour autoriser l’utilisation de PPP contenant cette substance active tout en fixant ou en limitant leurs conditions d’utilisation. Je rappelle qu’il s’agit donc bien, pour la Belgique, d’une compétence exclusivement fédérale.

    C’est ainsi que le fédéral, le 16 septembre 2018, a modifié l’arrêté royal du 28 février 1994 afin d’interdire la mise sur le marché et, par là même, l’utilisation d’herbicides de synthèse, dont le glyphosate, destiné aux utilisateurs non professionnels.

    Pour ce qui concerne les PPP à usage professionnel, il faut rappeler que les utilisateurs professionnels doivent disposer d’une phytolicence, qu’ils sont sensibilisés vis-à-vis des risques encourus, des règles à respecter, et disposent d’informations actualisées dispensées par les différents organismes spécialisés et reconnus comme tels, notamment lors de séances de formations dans le cadre de la phytolicence.

    Sur le fait qu’il est important d’avancer en Wallonie, notamment afin d’interdire l’usage du glyphosate dans les meilleurs délais, je tiens à lui rappeler que la Wallonie avait déjà adopté un arrêté du Gouvernement wallon, le 30 mars 2017, interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate sur l’ensemble du territoire wallon (avec quelques dérogations). Cet arrêté a été annulé par le Conseil d’État le 11 janvier 2021 au motif de non-respect de la loyauté envers le Fédéral (l’interdiction d’utilisation sur tout le territoire wallon étant considérée de facto comme une interdiction de vente, ce qui relève des compétences fédérales). Ceci fait donc jurisprudence et empêche de facto de prendre à nouveau une interdiction d’utilisation de pesticides sur l’entièreté du territoire wallon.

    En outre, je rappelle qu’à deux reprises, le 19 août 2021 et le 31 août 2023, ma Collègue en charge de l’Environnement a sollicité le Gouvernement wallon en vue de l’autorisation d’utiliser du glyphosate pour les lignes de chemin de fer. Il y a en Wallonie 1 665 km de voies ferrées.

    Par ailleurs, la Wallonie a déjà pris des mesures plus générales en termes d’utilisation des PPP, notamment :
    • sur la base de la Directive européenne, les espaces publics, les espaces fréquentés par les groupes vulnérables (écoles, aires de jeux), les espaces privés accessibles au public (parcs, jardins, terrains de sport) ne peuvent plus être traités avec des PPP, sauf quelques exceptions pour des raisons de santé publique, d’hygiène, de sécurité, de conservation de la nature ou du patrimoine végétal ;
    • les législations européennes et/ou belges et/ou wallonnes imposent dans certains cas, l’éradication ou le fait d’éviter la propagation de plantes nuisibles ou exotiques envahissantes. À ce titre, le glyphosate est encore autorisé et utilisable dans les espaces publics pour être injecté dans les cannes de renouées du Japon ;
    • il est obligatoire de pulvériser avec des buses anti-dérive de minimum 50 % ;
    • à proximité de toutes les eaux de surface, il est obligatoire de respecter au moins une largeur de 6 mètres de zone non traitée (et enherbée à proximité des cours d’eau).

    Enfin, avant d’envisager de prendre certaines mesures supplémentaires en Wallonie, il serait utile d’attendre le règlement révisé proposant le renouvellement de l’approbation du glyphosate. En effet, celui-ci n’ayant pas encore été publié, il n’est pas possible de savoir si les dispositions spécifiques annexées dans sa dernière version du 16 novembre 2023 ont été modifiées depuis lors.