Le mémorandum de la Fédération des maisons médicales
- Session : 2023-2024
- Année : 2023
- N° : 137 (2023-2024) 1
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Question écrite du 30/11/2023
- de DURENNE Véronique
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Pour rappel, la Fédération des maisons médicales regroupe 133 maisons médicales implantées en Wallonie et à Bruxelles. Ce mouvement rassemble environ 2 500 travailleurs et travailleuses ainsi que 300 000 patients.
Pour la fédération, si des politiques territoriales de réorganisation de la première ligne de soins, telles que Proxisanté en Wallonie, ont le mérite d'avoir été lancées au cours de cette législature, certaines évolutions du système posent cependant question.
Parmi elles, l'organisation cite la dégradation des différents facteurs (conditions socio-économiques, de travail, de logement et l'environnement) pesant sur la santé des citoyens, encore accentuée par la pandémie, la crise énergétique et l'inflation. La fédération propose notamment d'améliorer l'accessibilité financière aux soins de santé de première ligne, de soutenir la création et le développement des pratiques de groupe pluridisciplinaires, de revaloriser les métiers pour une première ligne plus attractive ou encore de développer une politique du médicament efficiente et moins coûteuse.
Je sais Madame la Ministre particulièrement attentive à la question de l'accessibilité aux soins de santé, beaucoup de choses ont d'ailleurs été mises en place en la matière, notamment dans le cadre de la réforme des soins de santé de première ligne (Proxisanté).
A-t-elle pris connaissance de ce mémorandum ?
Quelle est sa position face aux demandes de la Fédération des maisons médicales ?
Comment compte-t-elle répondre à ces demandes ?
Que pense-t-elle des propositions avancées par l'organisme ?
Réponse du 22/01/2024
- de MORREALE Christie
Les trois enjeux politiques sont des points d’alerte fondamentaux : les déterminants de la santé qui se dégradent, la marchandisation du système de soins et l’accessibilité aux soins constituent des points d’attention majeurs qui doivent guider les actions politiques, à chacun des niveaux de pouvoir.
Quant aux recommandations politiques, je ne peux que les partager, en relevant certaines qui ont pu progresser sous cette législature.
En effet, l’action sur les déterminants de la santé de manière transversale avec le concept de la santé dans toutes les politiques s’est révélée fondamentale dans le cadre et à la suite de l’épidémie du Covid. Le Gouvernement wallon a pris ses responsabilités et soutenu les acteurs confrontés à la situation afin de protéger la population. C’est ainsi que tous ont pu constater l’importance d’une population en bonne santé pour faire face aux aléas de l’existence.
L’accessibilité aux soins de santé de première ligne est un des points qui sous-tend la démarche de Proxisanté et la concrétisation sous la forme du décret organisant la première ligne : dans sa traduction effective sur le terrain, un des objectifs du dispositif est d’améliorer l’accessibilité aux soins de santé, par la reconnaissance du niveau micro autour de la personne et de ses besoins et le soutien du niveau méso, par la création des organisations locorégionales de santé.
Et ce sera justement au niveau méso que la concertation et la participation citoyenne dans le système de santé s’exprimeront, avec un système de soins de santé échelonné et organisé autour des besoins des patient·e·s, avec une première ligne (ré)organisée, qui veille également au bien-être des professionnels de la santé, conformément aux principes du quintuple aim.
Les organisations locorégionales de santé soutiendront le développement de pratiques partagées à tout le moins, de manière pluridisciplinaire, mais aussi en transcendant la pluridisciplinarité pour atteindre la transdisciplinarité, conformément à une responsabilité collective et dans une perspective de réponse aux besoins du territoire, grâce au management populationnel.
Enfin, les démarches en matière d’e-santé doivent se concevoir sous la forme d’une informatisation raisonnée au service de l’humain : c’est la raison pour laquelle l’AViQ s’apprête à organiser une concertation éthique en matière d’e-santé, ce qui sera une première au niveau des administrations de santé en Belgique.
Ce mémorandum rejoint donc mes préoccupations sociales majeures.
Enfin, les décisions adoptées par la Conférence interministérielle de la Santé, sous cette législature, ont certes été marquées par l’épidémie du Covid, mais surtout par la cohésion entre les Ministres de la Santé qui la composent afin de répondre de manière convergente aux besoins de la population. Ainsi, les soins intégrés soutiennent la démarche de l’organisation de la première ligne, en Wallonie, en s’adaptant à ce cadre. C’est la première fois que les politiques fédérale et régionale s’articulent en partageant des objectifs communs. Je tiens à le saluer.
Par ailleurs, outre la participation aux travaux de Proxisanté, une concertation mensuelle est mise en place entre l’AViQ et la Fédération des maisons médicales sous la forme d’un groupe de travail permanent « ASI ».
J’ai pu, récemment, rencontrer trois responsables de la Fédération pour aborder le contenu de ce mémorandum lors d’une entrevue privée. Ce fut à la fois instructif et constructif.
La Fédération des maisons médicales est et reste un interlocuteur privilégié dans l’évolution du soutien à la médecine générale en Wallonie.