/

L’affaissement de bâtiments au sein des villes

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 169 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/12/2023
    • de MATHIEUX Françoise
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Je lisais dans une étude récente du magazine Earth's Future que de nombreuses villes, par le poids de leurs bâtiments et le pompage d'eau souterraine, s'enfoncent de plusieurs centimètres par an.

    Ce phénomène de « subsidence » est très problématique dans certaines villes comme New York et Jakarta ou, plus proche de nous, en Italie et aux Pays-Bas. Le poids du bâti devient un élément préoccupant dont il faut tenir également compte dans l'aménagement du territoire.

    Les futurs Schéma de développement du territoire (SDT) et Code du Développement territorial (CoDT) visent à centraliser les constructions et donc à densifier le nombre de bâtiments dans un espace plus restreint. On peut légitimement s'interroger sur les éventuels risques de subsidence dans la Région.

    Par ailleurs, et indépendamment du poids des bâtiments, le phénomène de subsidence a déjà été constaté en Belgique en période de sécheresse.

    Monsieur le Ministre est-il sensible à cette problématique ?

    Le cas échéant, quelles mesures peuvent être mises en place en vue de pallier ce phénomène ?

    Des cas d'affaissement de certaines villes en Wallonie sont-ils répertoriés ?
  • Réponse du 03/01/2024
    • de BORSUS Willy
    La persistance de certaines zones dans le monde et le risque associé pour l’urbanisation et les populations y résidentes est indéniable. Les cas que l’honorable membre a cités sont bien connus quoique les causes intrinsèques à ces « affaissements généralisés » se combinent, le plus souvent, avec la remontée généralisée du niveau des mers, remontée que les scientifiques associent à la fonte des glaciers et calottes polaires.

    Cette conjonction de phénomènes peut, d’ores et déjà, être exclue en Wallonie.

    Dans les cas de figure évoqués, c’est donc un affaissement généralisé d’une zone de dizaines voire de centaines d’hectares qui est préoccupant et non l’affaissement de quelques ouvrages dont les modes de mises en œuvre, voire l’ancienneté, peuvent elles-mêmes être suspectées d’être à l’origine de ce phénomène.

    En ce qui concerne la subsidence en tant que telle et en l’absence de toute autre cause probable, à ma connaissance, elle est le plus souvent due soit à l’affaissement d’une plaque tectonique, phénomène qui apparaît à l’échelle géologique, soit au tassement de matériaux meubles y compris de nature géologique.

    L’affaissement d’une plaque tectonique se joue à une échelle de temps (des millions voire dizaines de millions d’années) tout à fait hors proportions, par exemple, avec les normes du plan « Pluies » voire même, avec celles de l’Eurocode 8, les « normes » parasismiques européennes, elles-mêmes bien supérieures aux balises dudit plan « Pluies ».

    Quant au « tassement » des matériaux meubles, du fait de la position littorale des cas qu’elle cite voire d’autres cas, comme par exemple la Ville de Venise, encore faut-il que, du fait de la pression exercée par l’urbanisation sus-jacente, lesdits matériaux trouvent un « exutoire » vers lequel ils peuvent s’étendre.

    C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces zones sont le plus souvent situées dans les estuaires des fleuves ; ce qui le cas de New York, Jakarta, Venise ou encore Rotterdam entre la Meuse au Sud et le Rhin au Nord, ces derniers ne formant d’ailleurs un seul delta.

    Or, force est de constater que tel n’est pas le cas en Wallonie.

    Ce problème d’affaissement généralisé pourrait en conséquence être considéré comme tout au plus ponctuel et trouvant sa source dans d’autres causes elle aussi plus ponctuelles.

    Je pense notamment à la problématique des smectites et/ou des tourbes dont les caractéristiques de retrait/gonflement entraînent effectivement des affaissements ponctuels et désordres aux structures y associées dès le moment où ces structures n’auraient pas tenu compte de ces situations géophysiques particulières.

    La question n’est toutefois toujours pas tranchée quant à faire relever ce type de cause du risque majeur déjà évoqué ici précédemment et/ou du risque géotechnique « simple » soit, de la responsabilité de l’auteur de projet.

    En ce qui concerne les affaissements de grande ampleur tels que ceux touchant les villes qu’elle évoquait, il est toutefois un cas préoccupant en Wallonie qui s’apparente à un phénomène les touchant sans pour autant que les matériaux, a priori concernés, aient trouvé une « échappatoire » (vers la mer ou l’océan dans tous ces cas de figure).

    En effet, en Wallonie, il est historiquement connu que le bassin de la Haine, à l’aval de la Ville de Mons, a subi un affaissement généralisé. Ce dernier est d’ailleurs « traduit » dans les périmètres d’aléas d’inondation bien que le risque d’inondation n’y soit pas réellement lié ni au débordement de cours d’eau ni au ruissellement (sauf à considérer qu’en l’absence de démergement, ledit ruissellement tend à se concentrer dans les zones affaissées).

    L’origine de ce phénomène a été étudiée et démontrée par feu Monsieur le Professeur Albéric Montjoie. Ce dernier a en effet démontré que le dénoyage massif dans les charbonnages de la partie ouest du Hainaut (le bassin versant de la Haine) a induit une solubilisation massive des matériaux phosphatés composant une bonne partie du sous-sol dudit bassin tandis que ces eaux d’exhaure étaient rejetées en surface et ce pendant plus d’un siècle, soit jusqu’à la fin de l’activité des derniers charbonnages dans la zone concernée.

    Cet affaissement généralisé a nécessité l’installation de pompes de démergement qui, à défaut de fonctionnement, laisseraient le bassin de la Haine sous eau, comme le montre d’ailleurs les périmètres d’aléas inondation.

    Fort heureusement, ce phénomène a été arrêté suite à l’abandon des derniers charbonnages et les pompages que ces ouvrages nécessitaient soit, depuis une bonne cinquantaine d’années pour la zone concernée.

    Les conséquences de ce phénomène sont donc dorénavant davantage à gérer du point de vue du risque d’inondation qu’au départ du risque d’affaissement au sens strict, phénomène qui s’est produit, mais a cessé ses effets.