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La position de la Région wallonne à la COP28

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 250 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/12/2023
    • de JANSSEN Nicolas
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Monsieur le Ministre a participé à la COP 28 qui se tenait du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï.

    Trois objectifs principaux étaient au programme :
    - la réduction progressive (voire l'élimination) des combustibles fossiles ;
    - le système d'échange de quotas d'émission d'émissions de gaz à effet de serre de l'Union européenne ;
    - la création d'un fonds « pertes et préjudices » destiné à compenser les dommages causés par le réchauffement de la planète.

    On se souvient que la COP27 s'était terminée sur un sentiment d'échec et seule l'idée d'un fonds d'indemnisation au bénéfice des pays du sud avait fait l'unanimité.

    Par ailleurs, c'est la première fois depuis la signature de l'Accord de Paris en 2015 que les pays devaient faire le point sur les progrès réalisés dans la lutte contre le changement climatique.

    Je ne reviendrais pas sur les polémiques qui ont entouré l'organisation de cette COP à Dubaï, dont les 170 personnes qui composaient la délégation belge. Je souhaiterais plutôt revenir sur les décisions prises et l'action concrète de la Wallonie qui en découle.

    Le fonds « pertes et préjudices » a t-il été mis en place ? Quelles en sont les modalités ?

    On sait que la majorité des questions contentieuses concernant ce fonds avaient été soumises à un comité de transition ayant pour mandat de mettre le fonds sur pied en amont de la COP28.

    Monsieur le Ministre a-t-il participé activement à l'élaboration et à la défense des positions belges tout au long de l'année en préparation de la COP28 ?

    Quelles revendications concrètes de la Région wallonne a-t-il défendues à la COP28 ?

    Par ailleurs, qu'en est-il de la position de la Région wallonne sur les décisions prises, notamment celles liées à l'entrepreneuriat wallon ?

    De quelle manière la Wallonie va-t-elle y participer ?

    Quel est le bilan des progrès réalises dans la lutte contre le changement climatique depuis les Accords de Paris de 2015 ? Quel est l'impact de ce constat pour la Wallonie ?
  • Réponse du 07/03/2024
    • de HENRY Philippe
    Cette COP28 a été le grand rendez-vous que nous nous étions fixé en 2015 lors de la COP21 pour faire le « Bilan mondial » sur l’état d’avancement des différents objectifs de l’Accord de Paris en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement.

    Elle a débuté de la meilleure des manières en adoptant immédiatement de façon constructive une importante décision pour opérationnaliser le fonds pour les pertes et préjudices à destination en priorité des pays les plus vulnérables aux effets délétères des changements climatiques en cours. Je m’en réjouis d’autant plus que l’honorable membre sait l’importance que j’accorde à cette thématique. Ce nouveau fonds sera intégré à la structure de la Banque mondiale, en tant qu'administrateur intérimaire. Cet arrangement sera réévalué après 4 ans. Il pourra être alimenté sur une base volontaire par un large éventail d’options de financement, faisant appel à des sources non seulement publiques, mais aussi privées, philanthropiques et innovantes.

    Il a aussi été convenu que le fonds serait accessible aux pays en développement particulièrement vulnérables, sans autre précision. Le conseil d'administration du fonds développera des paramètres, sur la base desquels il sera décidé à qui les ressources financières seront allouées en priorité (par exemple, impact des catastrophes climatiques, et cetera). De plus, un pourcentage minimum est réservé aux petits États insulaires et aux pays les moins avancés.

    De manière générale, la COP28 a été très bien organisée. Le plan élaboré par la présidence de la COP des Émirats arabes unis avec une dynamique positive entre négociations intergouvernementales, journées thématiques dont le Sommet des chefs de gouvernement et une série d'initiatives sur la transition énergétique, la santé et la sécurité alimentaire a porté ses fruits.

    Au terme de cette COP, on peut dire que les frontières bougent, notamment en matière de transition énergétique. La combinaison, d’une part, de l’abandon des combustibles fossiles, avec comme objectif final la neutralité carbone d’ici 2050, et d’autre part, du triplement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, établit comment la production et la consommation d’énergie et l’objectif de 1,5°C peuvent être réconciliés.

    Je me félicite, pour y avoir contribué activement tout au long de cette année, que la position belge et européenne aient été ambitieuses, notamment en matière d’atténuation. En effet, je me fonde sur le dernier rapport de synthèse du GIEC qui nous rappelle sans aucune ambiguïté que le seuil de 1,5°C sera atteint d’ici à 2030-2035 si nous ne changeons pas radicalement nos modes de consommation et de production énergétique. Les demandes de l’Union européenne ont donc été très fortes cette année pour que l’on se mette d’accord au terme de cette COP pour une claire indication sur la nécessité d’une sortie progressive des combustibles fossiles, le cas échéant accompagnée par des technologies de séquestration des émissions.

    Comme je le préconisais, l’Union européenne est restée forte et unie sur cette nécessité impérative prouvée par la science. Nous demandions aussi un accord pour tripler d’ici à 2030 les capacités mondiales d’énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique de nos processus de production. Là aussi nous avons été entendus. Je souhaitais que nous obtenions au minimum un accord pour maintenir un programme de travail pour assurer que les flux financiers soient, partout dans le monde, cohérents avec les objectifs de limitation dans l’atmosphère des émissions de gaz à effet de serre. C’est chose faite.

    De plus, j’ai plaidé sur place pour que l’Union européenne mette sans relâche ses propres priorités à l’avant-plan, plutôt que de réagir aux demandes des autres Parties. Enfin, j’ai été attentif à ce que l’accord final soit équilibré, tant en matière d’adaptation, que d’atténuation et de financement.

    Je pense donc que globalement nous pouvons nous satisfaire des résultats de cette COP28, étant donné que nos objectifs prioritaires ont clairement été atteints. Cependant, le texte présente également des faiblesses. Par exemple, il n'y a pas d'objectifs clairs concernant l'élimination progressive des combustibles fossiles au cours de la prochaine décennie. Il manque également un programme de travail d’atténuation solide pour les années à venir.

    Enfin, il est évident que maintenant c’est aux Parties de refléter dans sa mise en œuvre le résultat politique de cette COP, car en définitive, ce sont les gouvernements nationaux qui décident de leur ambition pour traduire ces résultats en actions nationales. Mais sans transparence et supervision multilatérales, les chances de limiter le réchauffement climatique à 1,5° sont extrêmement faibles.

    Pour 2024, 2 priorités majeures se dessinent : i) guider la traduction des résultats du Bilan mondial vers la formulation de nouveaux objectifs nationaux d'ici 2025 ; ii) les négociations sur un nouvel objectif de financement climatique qui seront finalisées lors de la COP29.