/

La réouverture du canal reliant Condé et Pommerœul

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 253 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 12/12/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le jeudi 30 novembre 2023, après 31 années d'enlisement, un premier bateau a parcouru les 11 kilomètres le long du canal Condé-Pommerœul. Le voilà enfin rouvert à la navigation. Il aura fallu de très longues années de négociations avec la France et, pendant ce temps, le canal s'envasait chaque jour un peu plus. Le coût de l'opération a atteint 116 millions d'euros.

    Ce maillon manquant permettra désormais aux bateliers d'éviter le détour de 30 kilomètres jusqu'alors obligatoire par le canal Nimy-Blaton-Péronnes. Cela représente un gain d'une demi-journée de navigation. C'est aussi un maillon important du projet Seine-Nord et son réseau de voies navigables à grand gabarit au centre duquel la Wallonie est positionnée.

    A-t-on des estimations sur la fréquentation de ce tronçon de 11 kilomètres ?

    A-t-on aussi des estimations sur la diminution de la navigation via l'ancien itinéraire ?

    Est-ce que cela permet aussi de fluidifier le trafic au niveau des écluses ?

    Où en est-on dans le maillage wallon du projet Seine-Nord ?

    Reste-t-il de grands chantiers à achever ou à entamer ? Dans quels délais seront-ils finalisés ?

    L'Union européenne intervient-elle systématiquement dans le financement de tous ces chantiers ?

    Depuis que certaines voies d'eau ont été adaptées au grand gabarit, notamment au niveau de Tournai avec l'élargissement du fleuve et la reconstruction du pont des Trous, observe-t-on une hausse de l'intérêt des entreprises pour l'acheminement par bateaux ?
  • Réponse du 10/01/2024
    • de HENRY Philippe
    La réouverture du canal de Pommeroeul à Condé était attendue de pied ferme par le secteur de la batellerie. Il s’agit effectivement du premier maillon opérationnel de la Dorsale wallonne qui permettra, à terme, de naviguer avec un bateau de 110 mètres de long à Condé-sur-l’Escaut jusqu’à Namur sur la Meuse.

    Selon les dernières études de trafic, plus de 3,5 millions de tonnes par an transiteront par le canal de Pommeroeul à Condé dès 2035. Ce fret proviendra, d’une part, d’un changement d’itinéraire de bateaux naviguant initialement par Péronnes (1 million de tonnes par an), et d’autre part, de nouvelles marchandises transportées par la voie d’eau par report modal vers la voie d’eau (2.5 millions de tonnes par an).

    Il ne s’agit pas du seul impact positif attendu. La réouverture du canal offre, en cas d’incident ou d’éventuelle congestion, un itinéraire « bis » pour les bateaux de moins de 85 mètres de long. Cette redondance renforcera donc la fiabilité du réseau navigable wallon et permettra la programmation de travaux de modernisation des sites éclusiers de Péronnes et de Maubray sans impact majeur pour la navigation.

    Après avoir levé les goulets d’étranglement sur la Lys (mise au gabarit à 4 500 tonnes dans la traversée de Comines en 2022) et sur le Haut Escaut (mise au gabarit à 2 000 tonnes dans la traversée de Tournai en 2020), cette réouverture est une première étape pour supprimer le goulet d’étranglement de la Dorsale wallonne. Les étapes suivantes seront :
    - sur le canal Nimy-Blaton-Péronnes, l’adaptation du canal aux convois de 144 mètres de long (Travaux prévus de 2024 à 2026 et cofinancés par l’Europe dans le dossier Seine-Escaut 2.1) ;
    - sur le canal du Centre, la construction d’une nouvelle écluse à Obourg aux convois de 144 mètres de long (Travaux prévus de 2024 à 2027 et cofinancés par l’Europe dans le dossier Seine-Escaut 2.2) ;
    - sur le canal Charleroi-Bruxelles, la construction de 3 écluses aux bateaux de 110 mètres de long à Viesville, Gosselies et Marchienne au pont (Travaux planifiés de 2024 à 2028 en fonction des résultats européens du dossier Seine-Escaut 2.3) ;
    - sur la Sambre, l’adaptation de l’écluse d’Auvelais (Travaux réalisés en 2022-2023 et cofinancés par l’Europe dans le dossier Seine-Escaut 2020) ;
    - sur la Sambre, l’adaptation de différentes zones pour sécuriser et fluidifier le trafic à 2.000 tonnes (2024-2030, cofinancés pour partie dans le dossier Seine-Escaut 2.1 et escomptés dans Seine-Escaut 2.3) ;
    - en parallèle, les différents ouvrages du réseau Seine-Escaut sont adaptés pour permettre leur télégestion et un élargissement des horaires à la navigation.

    Comme l’honorable membre peut le constater, le maillage wallon du réseau Seine-Escaut se complète lentement et méthodiquement avec, comme objectif, son aboutissement pour 2030.

    À chaque appel à projets, la Région wallonne obtient une intervention européenne pour cofinancer ce maillage. À ce titre, un dossier particulièrement conséquent, Seine-Escaut 2.3, sera déposé en janvier 2024 avec les résultats européens attendus pour juillet 2024.

    Concernant sa question à propos de la hausse d’intérêt pour l’utilisation de la voie d’eau, il est actuellement trop tôt pour tirer des conclusions.