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La suite du rapport de biomonitoring en ce qui concerne la présence de substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) dans le sang

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 180 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/12/2023
    • de DESQUESNES François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le rapport relatif au biomonitoring humain wallon réalisé par l'ISSEP, l'UCLouvain, les Cliniques Universitaires Saint-Luc, le CHU de Liège et Sciensan a été rendu public le 25 mai 2023.

    Selon ce rapport, « l'objectif principal du programme BMH-Wal est la détermination de valeurs de référence d'exposition pour la population wallonne ». L'échantillonnage réalisé porte sur 900 Wallonnes et Wallons.

    Dans ses conclusions, il pointe que « moins de 1 % des nouveau-nés, 6 % des adolescents et 7 % des adultes dépassent la valeur HBM I (2 µg/L) pour le PFOA (…). 8 % des adolescents et 7 % des adultes dépassent la valeur HBM I (5 µg/L) pour le PFOS, moins de 1 % des adolescents et des adultes la valeur HBM II (20 µg/L) ».

    Pour les 7 PFAS étudiés, le rapport pointe une augmentation de la concentration sérique avec l'âge et des concentrations en PFHxS, PFOA et PFNA significativement plus basses chez les femmes.

    Le rapport reste muet quant à la recherche de facteur de corrélation entre les dépassements de PFAS dans le sang des populations étudiées et le milieu dans lequel elles vivent, à savoir le lieu de résidence, le milieu de travail ou la profession exercée.

    Ces possibles corrélations ont-elles été étudiées ?
    Si oui quels en sont les enseignements ?

    Les habitants des zones concernées par des pollutions aux PFAS dans l'eau de distribution ou dans l'environnement ont le droit d'être informés : sont-ils contaminés aux PFAS au-delà des valeurs ?

    Parmi les personnes testées et ayant des PFAS dans le sang à un taux supérieur aux valeurs, y a-t-il des habitants des localités concernées (Chièvres, Ath, Leuze, Ghlin, Nimy, Obourg, Ronquières, Feluy, Écaussinnes…) ?

    À défaut de réponse, Madame la Ministre a-t-elle donné des instructions pour que cela soit examiné ? Sinon, pourquoi ?

    Si oui, quand ce croisement des données sera-t-il connu ?

    Lors des discussions budgétaires, elle a annoncé que des prélèvements et des analyses sanguines seraient organisés pour les personnes volontaires dans les zones où des dépassements du taux de concentration des PFAS ont été mesurés dans l'eau de distribution. L'ISSEP a-t-elle à présent rédigé le marché public pour les prélèvements et les analyses ?

    Quand le marché sera-t-il engagé ?

    Enfin, la proposition de protocole scientifique de l'ISSEP a-t-elle été validée par le Conseil scientifique ainsi que par le Comité d'éthique (la date du 5 décembre 2023 pour cette validation avait été évoquée par Madame la Ministre) ?
  • Réponse du 17/01/2024
    • de TELLIER Céline
    Pour rappel, 7 PFAS (PFHxA, PFHpA, PFOA, PFNA, PFDA, PFHxS et PFOS) ont été recherchés dans les échantillons sanguins des nouveau-nés (sang de cordon), des adolescents (12-19 ans) et des adultes (20-39 ans), prélevés entre mi-novembre 2019 et juillet 2020. Les PFAS ont été dosés, en 2022, dans 803 échantillons sanguins conservés en biobanque sur les 828 participants de BMH-Wal 1 (pour 25 individus, il n’y avait plus assez de sérum pour les analyses).

    L’objectif premier de BMH-Wal est l’établissement des valeurs de référence d’exposition de la population générale wallonne à toute une série de substances et polluants présents dans notre environnement. Dans cette première étape, seuls quelques déterminants de l’exposition sont étudiés, tels que le genre, l’âge, la consommation de certains aliments, le tabagisme. L’essentiel de l’étude relative à la recherche des déterminants de l’exposition va être réalisé dans le volet 2 de la phase 3 du programme BMH-Wal (BMH-Wal 3 en cours). Les résultats d’analyse des biomarqueurs vont être mis en perspective avec les réponses aux questionnaires (complétés par chaque participant). L’analyse des corrélations ou associations entre les différentes variables du questionnaire devrait permettre d’apporter des éléments de réponse quant aux éventuels liens entre nos habitudes alimentaires, nos comportements, notre lieu de résidence… et les imprégnations en toxique dans notre corps. Ce travail d’analyses statistiques sera réalisé, en 2024, pour l’ensemble des 6 catégories d’âge (BMH-Wal 1 & 2 & 3) couvrant ainsi les Wallons de 3 à 59 ans, ainsi que les nouveau-nés.

    L’ensemble des participants à BMH-Wal ont été informés, en mai 2023, que de nouvelles analyses avaient été menées sur leur échantillon conservé en biobanque. Ils seront à nouveau informés que ces données sont disponibles. L’ISSeP a également été sollicité pour proposer aux participants d’échanger avec l’équipe BMH-Wal de l’ISSeP, par téléphone, en visioconférence ou en présentiel pour les accompagner dans la bonne compréhension de leurs résultats et des recommandations. Le cas échéant, l’ISSeP pourra orienter le participant vers un médecin ou un toxicologue. Cette démarche complémentaire devant s’opérer en pleine collaboration avec le Conseil scientifique d’experts indépendants PFAS.

    Une campagne de prises de sang est lancée prioritairement pour tous les habitants, quel que soit l’âge, des zones où un dépassement de la future norme de 100 ng/L a été détecté sur le réseau de distribution d’eau. Quatre zones sont concernées : Chièvres (et communes environnantes), Ronquières, Florennes et Nandrin.

    Plusieurs étapes nécessaires et obligatoires ont été entreprises avant d’organiser concrètement les séances de prélèvements et d’inviter les citoyens à s’inscrire pour y participer.

    L’ISSeP a travaillé, sans interruption, pour rédiger le protocole scientifique dans un laps de temps extrêmement réduit. Il a été lu et commenté par le Conseil scientifique d’experts indépendants PFAS, ainsi que le questionnaire (version enfant et version adulte). Le dossier complet a été déposé au Comité d'Éthique Hospitalo-Facultaire Universitaire de Liège, le 01/12/2023. L’ISSeP a reçu l’approbation du comité d’éthique le vendredi 22/12/2023.

    Un arrêté du Gouvernement wallon octroyant une subvention à l’ISSeP pour cette mission a été rédigé et adopté par le Gouvernement wallon (07/12/2023). Un cahier des charges « Prélèvements d’échantillons de sang et analyse de PFAS » a été lancé le 07/12/2023. L’attribution des marchés publics, pour les 2 lots, a été notifiée aux prestataires, le vendredi 22/12/2023.

    La première campagne de prise de sang est prévue pour les zones de Chièvres-Ath-Beloeil-Leuze-en-Hainaut, suivie ensuite de la zone de Ronquières. Des séances de prélèvements ont été programmées ces 9, 10 et 16 janvier. Les autres zones suivront dans la foulée. L’ISSeP travaille par étapes. À ce jour, pour cette première campagne, plus de 1500 citoyens se sont inscrits.

    La population a été avertie via les réseaux sociaux de l’ISSeP et des communes. Un courrier toute boite a également été envoyé par les communes aux habitants des rues concernées par un dépassement passé de la future norme PFAS de 100 ng/L.

    Les communes sont impliquées et participantes, notamment via la distribution des toutes-boîtes, la mise à disposition d’une salle pour les séances de prélèvements, des contacts avec les citoyens, et cetera.

    Dans les 24 heures qui suivent les séances de prélèvements, les tubes de sang seront pris en charge par le laboratoire d’analyses. Comme pour toute analyse, un laps de temps est nécessaire pour réaliser le dosage des substances dans les échantillons prélevés. Une attention particulière a été apportée aux délais de réalisation des analyses lors de la rédaction du cahier des charges pour le volet « dosage des PFAS », et de l’attribution subséquente du marché. À ce stade, le calendrier doit être établi avec le prestataire. Afin de faciliter la gestion des données (et des bases de données), le laboratoire remettra les résultats par lots à l’ISSeP. L’ISSeP procèdera ensuite à la remise des résultats aux participants selon les modalités définies en concertation avec le conseil d’experts indépendants.

    Les résultats bruts doivent pouvoir être interprétés afin d’être diffusés. Ainsi, la communication des résultats d’analyses sera réalisée par l’ISSeP en concertation avec le comité d’accompagnement de la subvention “BMH-PFAS” et le Conseil Scientifique PFAS.

    L’une des préoccupations du Gouvernement est de pouvoir accompagner les citoyens dans l’interprétation de leurs résultats personnels pour qu’ils ne soient pas démunis, c’est pourquoi le Conseil scientifique doit remettre au Gouvernement des éléments méthodologiques permettant cette interprétation pour la fin du mois de janvier. L’objectif est aussi de travailler avec les médecins généralistes qui sont en première ligne pour accompagner les citoyens sur le plan du suivi médical.

    Les résultats collectifs de l’étude seront publiés dans un rapport d’étude et seront bien entendu rendus publics sur le site de l’ISSeP et sur le portail Environnement-Santé de la Wallonie.