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Le faible recours des entreprises wallonnes aux flexi-jobs

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 176 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 13/12/2023
    • de SOBRY Rachel
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    « Près de neuf flexi-jobs sur dix restent localisés en Flandre », c'est ce que titrait récemment un quotidien francophone. En effet, si, selon les chiffres de l'ONSS, le recours à cette formule a pratiquement doublé en 4 ans, c'est au nord du pays que 89,70 % des flexi-jobs opèrent.

    Le taux de personnes inactives en Flandre étant nettement plus bas qu'en Wallonie, les secteurs en pénurie doivent redoubler d'ingéniosité pour recruter du personnel. Il s'agit donc d'une des principales raisons du recours nettement plus systématique aux flexi-jobs en Flandre que chez nous.

    En outre, l'accueil réservé par le Gouvernement wallon est qualifié de nettement plus « mitigé » que celui du Gouvernement flamand qui s'y est toujours montré favorable et qui a milité pour la récente extension du dispositif à davantage de secteurs.

    S'agissant d'un outil particulièrement intéressant pour les entreprises concernées, notamment pour soulager les secteurs qui ont du mal à recruter, j'ai plusieurs questions à adresser à Monsieur le Ministre.

    Comment analyse-t-il les chiffres relatifs à la répartition nationale des flexi-jobs ?

    Quelles mesures prend-il pour favoriser le recours à ce dispositif dans les secteurs concernés et en particulier les nouveaux ?

    Comment informer les entreprises quant aux conditions et caractéristiques de ces flexi-jobs ?
  • Réponse du 20/12/2023
    • de BORSUS Willy
    Le flexi-job permet à l’employeur de trouver des candidats pour ses emplois vacants, à défaut de candidats via les circuits classiques d’emploi. Ce sont souvent des activités où il existe des pics de production ou de prestation de service qui seront concernées. L’attrait pour le travailleur a trait au montant de sa rémunération nette, le flexi-job offrant un statut fiscal et parafiscal particulier au travailleur (obligatoirement à 4/5ème) ou au pensionné qui souhaitent un complément de revenu. La situation est donc win-win.

    Les flexi-jobs ont été introduits en fin 2015 pour le secteur de l’Horeca, notamment sous pression des villes côtières et autres régions touristiques qui ne trouvaient plus de personnel. L’utilisation du statut a ensuite été étendue à de plus en plus de secteurs : commerce, coiffure et soins de beauté, boulangerie-pâtisserie, santé (Commission paritaire des hôpitaux) hormis les jobs en relation avec la santé, sport, cinéma et spectacle.

    Les flexi-jobs ont gagné en importance, mais le dispositif des flexi-jobs est sous-utilisé en Wallonie ; selon les données du 4e trimestre ONSS, dans l’HORECA, la Flandre représente 86 % du nombre d’heures prestées, la Wallonie 9,4 % ; dans les autres secteurs, la Flandre est à 90 % et la Wallonie à 6,2 %.

    Cette différence dans l’utilisation des flexi-jobs vient du fait que le marché du travail est nettement plus serré en Flandre. StatBel nous informe qu’au deuxième trimestre 2023, 131 300 emplois sont vacants en Flandre, pour 38 400 en Région wallonne. Le taux de chômage est de respectivement 3,3 % et 7,9 % selon la même source, pour la même période.

    En outre, les organisations patronales flamandes, en particulier HORECA Vlaanderen, ont fait une publicité très forte pour ce mécanisme des flexi-jobs pour le faire connaitre aux employeurs.

    Enfin, en octobre dernier, le statut a été balisé par le Gouvernement fédéral de façon à éviter que des emplois classiques ne soient remplacés par ces emplois. Ce dossier dépend, comme l’honorable membre le sait, entièrement de sa compétence.

    Un nouvel élargissement à certains secteurs en pénurie de main-d’œuvre a été décidé, mais le système des flexi-jobs n’y est pas étendu si les partenaires sociaux conviennent, par CCT sectorielle, de ne pas permettre de flexi-jobs (opt-out). Dans les secteurs qui se trouvent déjà aujourd’hui dans le champ d’application des flexi-jobs, il n’y a pas d’opt-out possible.

    Dans les autres secteurs, les partenaires sociaux peuvent convenir, par CCT sectorielle, d'introduire les flexi-jobs (opt-in). Les secteurs qui dépendent des entités fédérées sont uniquement activés à la demande de ces entités.

    La Flandre le demande pour l’enseignement, la garde d’enfants et le secteur socioculturel (culture et sport) et pour l’instant, la Région wallonne s’est abstenue.

    Je suis favorable à ce statut, car au cours de mes nombreuses rencontres avec les employeurs, il me revient sans cesse qu’un des gros problèmes pour soutenir la croissance de notre économie est celui du manque de candidats aux postes de travail à pourvoir. Si cette possibilité de recrutement permet de faire tourner les affaires, et de rendre la Wallonie plus prospère, il convient d’être soutenant par rapport à ce dispositif.

    Il revient aux organisations patronales, aux secrétariats sociaux, et autres prestataires de services RH, d’informer les employeurs des possibilités offertes par ce statut.