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Les travaux du Centre wallon de recherches agronomiques (CRA-W) visant à réduire les émissions de méthane de l'agriculture

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 178 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 13/12/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le CRA-W mène des travaux visant à étudier les méthodes qui permettraient de réduire les émissions de méthane de l'agriculture. Là où tous s'accordent à dire qu'il n'est pas envisageable de tout simplement supprimer les émissions de ce gaz à effet de serre, il serait possible d'agir pour les réduire, en particulier à court terme.

    Parmi les pistes des chercheurs du CRA-W, on retrouve des compléments ou additifs agroalimentaires qui permettraient de réduire la production de méthane dans le rumen des bovins d'une fourchette de 30 à 45 %. Néanmoins, l'aspect négatif de cette piste est qu'elle entrainerait des coûts et une dépendance supplémentaires pour les agriculteurs, qui souffrent déjà de marges très faibles.

    Autre piste, la mise en place d'un système alliant les avantages des deux types d'élevage de viande et laitier qui repose sur des croisements pour réduire l'empreinte environnementale du cheptel, avec des projections montrant une réduction de 40 % des émissions.

    Finalement, la solution passera aussi par le changement des habitudes alimentaires selon le CRA-W, où l'empreinte carbone individuelle est dédiée à environ 20 % à l'alimentation, avec des émissions de 1,8 tonne d'équivalent de CO2 par an par personne.

    Le chemin sera long, mais les scientifiques y croient néanmoins. Quels sont les retours des différents acteurs du monde de l'élevage face aux recherches menées en Wallonie au regard de la réduction des émissions de méthane dans l'agriculture ?

    Des pistes ont-elles déjà été identifiées comme prioritaires, ou à tout le moins à suivre avec grande attention ?

    D'autres projets de recherche sont-ils en lancement au CRA-W en ce qui concerne l'empreinte carbone agricole ?
  • Réponse du 20/12/2023
    • de BORSUS Willy
    Comme l’honorable membre le précise, le CRA-W mène des travaux visant à étudier les méthodes qui permettraient de réduire les émissions de méthane de l'agriculture.

    Au niveau des pistes identifiées comme étant prioritaires dans la recherche de réduction du méthane, l’amélioration de l’efficience des élevages par une amélioration de la gestion (santé animale, âge au premier vêlage, intervalle vêlage-vêlage, alimentation, gestion du pâturage, et cetera) permet de diminuer l’impact environnemental de la production.

    Le CRA-W mène depuis de nombreuses années des projets de recherche en collaboration ou en partenariat avec différents acteurs du monde de l’élevage, notamment avec Elévéo/Inovéo ou le comité du lait de Battice.

    Le projet « Methamilk » est un bon exemple : ce projet a permis de développer une première équation pour estimer les émissions individuelles de CH4 par les vaches laitières à partir d’un échantillon de lait analysé en spectrométrie moyen infrarouge (MIR). L’équation a depuis lors continué à se développer et à se perfectionner via divers projets et collaborations internationales pour disposer d’un outil de plus en plus robuste. Celui-ci ouvre la porte à des applications multiples et à grande échelle notamment pour la sélection génétique d’animaux plus efficients et émettant moins de CH4.

    Le CRA-W continue de développer des méthodes indirectes d’estimation des émissions individuelles de CH4 des bovins dans le but de réaliser des études à grande échelle et de quantifier les émissions en tenant compte des variabilités individuelles, l’effet des régimes alimentaires, etc. Le projet « IndiGges » a par ailleurs permis d’initier un autre outil indirect d’estimation des émissions de CH4 des bovins non producteurs de lait cette fois (jeune bétail, vaches taries, bovins allaitants). Ces approches se sont complétées dans le cadre du projet européen H2020 Smartcow.

    La réduction des émissions de méthane, que ce soit à partir des animaux ou des engrais de ferme, est une thématique abordée maintenant depuis plus de 15 ans au sein du CRA-W. En effet des projets visant notamment la quantification des émissions et leur réduction via le développement d’outils de mesures et d’alternatives de gestion ont été menés et des thèses de doctorat ont été produites sur ces thèmes.

    Dans ce cadre, le CRAW a développé des étables et des aires de stockages qui permettent d’objectiver avec précision l’impact de changement de pratique sur les émissions de méthane entérique et lors du compostage/stockage des matières organiques. Ces équipements sont aujourd’hui complétés par 4 GreenFeeds, qui permettent de mesurer les émissions de méthane entérique d’animaux au pâturage ou en étable.

    Le CRA-W est actuellement impliqué directement en tant que partenaire scientifique dans le projet Wagralim « Blanc Bleu Vert » qui vise à la consolidation du caractère durable de la filière d’élevage du Blanc Bleu Belge tant par la voie de l’alimentation que la sélection génétique pour obtenir des animaux plus efficients et moins émetteurs de GES.

    Par ailleurs, depuis deux ans, le CRAW mène le projet SPOt. Celui-ci vise à tester des systèmes intégrant cultures et élevages pour tendre vers la neutralité carbone et répondre aux autres enjeux précités. Dans ce cadre, il expérimente des systèmes de production innovants en mobilisant des pratiques telles que l’engraissement de veaux croisés à base essentiellement d’herbe ou la production d’aliments directement consommables par l’homme sur des terres de culture ardennaises.

    Les ateliers « végétal et animal » sont pilotés de concert afin d’optimiser l’utilisation des ressources (ex : engrais de fermes) et co-produits des cultures qui sont préférentiellement utilisés pour optimiser l’alimentation animale.

    Parallèlement aux approches en élevage, le CRA-W explore des pistes qui permettent de réduire l’empreinte des cultures sur le changement climatique à travers un projet européen tel que ClieNFarms, dont le but est d’optimiser la production des biomasses par les intercultures, lesquelles vont nourrir le sol et améliorer ses teneurs en matières organiques et donc la séquestration de carbone.