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Les risques des substances PFAS pour les pêcheurs

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 181 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/12/2023
    • de DESQUESNES François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À l'instar des sols, la présence de PFAS dans les eaux de surface est avérée par de nombreuses études scientifiques. Ces polluants éternels peuvent de ce fait s'accumuler dans les organismes des poissons qui peuplent ces cours d'eau. Ces derniers étant potentiellement ensuite pêchés. Le magazine #Investigation a démontré que des PFAS étaient déversés dans le réseau des rivières et canaux, lesquels sont des lieux de pêche.

    Dans plusieurs pays, des études ont été menées sur les populations de poissons afin d'évaluer la teneur en PFAS et certaines de ces analyses montrent des taux inquiétants de PFAS dans ces organismes. Des scientifiques s'interrogent sur l'impact de niveau de pollution sur le déclin des populations de poissons tandis que d'autres s'inquiètent des dangers en cas de consommation des produits de la pêche.

    Quelle est l'évaluation des risques liés à la pêche dans les cours d'eau et voies navigables de Wallonie ?

    Une information spécifique à l'attention des pêcheurs est-elle organisée ou envisagée ?
    Celle-ci comportera-t-elle des recommandations de prudence ? Si oui lesquelles ?

    Des analyses sont-elles menées sur les poissons de nos rivières afin de déterminer la présence ou non de PFAS dans leurs organismes ?

    Des échanges sur ce dossier ont-ils lieu au sein du Gouvernement entre Monsieur le Ministre Borsus et Madame la Ministre ?

    Les piscicultures travaillant avec des eaux de source le plus souvent, peut-on dire qu'il n'y a pas de risque de ce côté-là ?
  • Réponse du 17/01/2024
    • de TELLIER Céline
    Pour ce qui concerne les risques liés à la pêche, ce n'est évidemment pas l'activité pêche en elle-même qui présente un risque pour la santé humaine, mais bien la consommation de poissons qui seraient contaminés par les PFAS. De nombreux pêcheurs, notamment sur les voies hydrauliques, ne reprennent et ne consomment pas le poisson pêché. En outre, certaines espèces sont soit interdites au prélèvement, soit des limites de nombre sont fixées. Le risque pourrait cependant augmenter pour des pêcheurs réguliers qui consommeraient fréquemment le produit de leur pêche en cas de contamination de celui-ci.

    Actuellement, le suivi des contaminants potentiellement présents dans la chair des poissons est assuré par l'ISSeP via le réseau biotes mis en place pour répondre à une directive européenne dite directive NQE. Celle-ci fixe des normes de qualité environnementale pour la présence, dans les eaux de surface et les biotes qui y vivent, de certaines substances ou groupes de substances identifiés comme polluants prioritaires.

    Actuellement, un seul type de PFAS, l’un des plus dangereux, le PFOS, est actuellement suivi dans le cadre de ce réseau. Il existe un projet de suivi plus large des PFAS (projet IMP-PFAS de 29 mois piloté par l’ISSeP en cours) dont l'objectif est de suivre 20 PFAS dans les eaux de surface et 6 PFAS au niveau des poissons en s'appuyant sur les réseaux de surveillance déjà existants (surveillance de la qualité des eaux de surface, réseau ECOTOX et réseau biote) en vue d'évaluer le risque environnemental et par voie de conséquence le risque pour les pêcheurs.

    Une information spécifique à l'attention des pêcheurs n'est, actuellement, pas organisée, dans la mesure où nous avons les données du réseau biote concernant la contamination potentielle des poissons par les PFAS et que ces données ne mettent pas en évidence un risque généralisé en cas de consommation du poisson. Une grande majorité des stations de mesure ne révèlent pas de présence de PFOS. Le réseau biotes prélève essentiellement des poissons "de fond" (goujon, loche, chabot) qui sont davantage susceptibles d'être en contact avec les polluants. En revanche, ce ne sont pas des prédateurs donc peu susceptibles d'accumuler ces substances.

    Si un risque avéré lié à la consommation du poisson pêché est établi, il semble évident qu'une communication serait envisagée. Grâce à la dématérialisation du permis de pêche et à la mise en place d'un outil spécifique d'information des pêcheurs, nous avons la faculté d'informer une large majorité des pêcheurs pratiquant leur activité en Wallonie. Seule exception en lien avec le RGPD, les pêcheurs qui ont exprimé le souhait de ne pas être contactés.

    Dans l'éventualité d'une contamination, il peut être recommandé de limiter sa consommation voire de ne pas consommer en fonction des concentrations qui seraient relevées dans les poissons. On pourra toujours se baser sur le règlement européen du 25 avril 2023 qui édicte une série de valeurs maximales de contaminants, dont des PFAS que peuvent contenir certains aliments, essentiellement viandes, œufs et poissons pour leur mise sur le marché.

    Concernant les piscicultures, il faut être prudent quant à l'absence de risque dans la mesure où certaines piscicultures sont bien alimentées par des prélèvements dans les ruisseaux et rivières. Comme il s’agit d’entreprises privées, il n’y a pas d’analyses faites par l’administration régionale dans le cadre du suivi des polluants dans les biotes. Néanmoins, les aquaculteurs qui proposent des produits destinés à la consommation humaine sont contrôlés par l'AFSCA comme les autres producteurs. Il y a donc un contrôle opéré pour cette production contrairement à des poissons pêchés dans nos cours d'eau. Le règlement européen que je viens de rappeler à l’instant s’impose donc comme référence et l’AFSCA doit l’appliquer dans le cadre des contrôles qu’elle effectue.