/

Le rapport du 15 décembre 2023 de l’OCDE concernant le développement des énergies renouvelables

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 287 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 19/12/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) du 15 décembre 2023, la croissance des pays émergents sera davantage impactée, à long terme, par la transition énergétique que celle des pays développés. L'OCDE souligne leur plus forte dépendance aux énergies fossiles.

    L'effet des efforts en matière de transition pourrait coûter jusqu'à 11 % de produit intérieur brut (PIB) d'ici 2050 aux pays émergents membres du G20. Le coût de la transition ne serait que de 3,7 % pour les pays membres de l'OCDE.

    Aussi, l'OCDE met en évidence dans son rapport la nécessité d'augmenter considérablement les investissements et le fait que cela puisse réduire la croissance de la consommation privée. L'OCDE planche sur des efforts d'investissement qui devraient représenter 1 % du PIB en moyenne par an des pays de l'OCDE.

    L'administration de Monsieur le Ministre a-t-elle pris connaissance de ce rapport ?

    Quelle lecture fait-elle de ce rapport compte tenu des discussions budgétaires ?

    Quelle est son analyse concernant les besoins d'investissements de la part de la Région wallonne ?

    Quelles sont les points d'amélioration possibles pour la prochaine législature ?

    Comment ce rapport aide-t-il à mieux prévoir les besoins d'investissement dans les énergies renouvelables concernant la Région wallonne ?

    Qu'en est-il de son analyse à propos de la politique de la Région wallonne concernant sa participation et son soutien aux pays émergents face à la transition énergétique ?

    Qu'en est-il des engagements de la Région wallonne lors de la COP28 dont il faut tenir compte ?

    Quelles sont les sujets de collaboration potentielle en la matière ?
  • Réponse du 29/02/2024 | Annexe [PDF]
    • de HENRY Philippe
    Mon administration a découvert ce rapport grâce à la question de l’honorable membre. Merci de maintenir son esprit en éveil.

    A priori, la thématique géographique couverte par le rapport dont le titre complet est « Faire des énergies renouvelables des moteurs de la compétitivité dans les régions ultrapériphériques de l’Union européenne » semble un peu éloignée de la situation de la Région wallonne même si l’idée de faire des énergies renouvelables le moteur de la compétitivité est séduisante.

    Pour rappel, les régions ultrapériphériques de l’Union européenne sont des territoires appartenant à des États membres de l’UE situés dans l’océan Atlantique, le bassin des Caraïbes, l’Amérique du Sud et l’océan Indien, qui font partie intégrante de l’Union européenne. Elles comprennent la Guadeloupe, la Guyane française, la Martinique, la Réunion, Saint-Martin et Mayotte (France), les Açores et Madère (Portugal) ainsi que les îles Canaries (Espagne). En raison de leur éloignement, leur insularité, leur petite taille, leur topographie difficile et leur climat, elles bénéficient de mesures de soutien ciblées. Elles possèdent aussi des atouts au nombre desquels figurent une biodiversité foisonnante et un emplacement stratégique. On peut noter que la situation de la Région wallonne plutôt caractérisée par une ultracentralité et des conditions climatiques de type tempéré se situe à l’opposé de ces régions.

    Ce rapport portant exclusivement sur les régions ultrapériphériques de l’Union européenne, il n’est pas utilisable directement pour une comparaison avec la situation wallonne que ce soit au niveau du déploiement des énergies renouvelables ou au niveau des investissements nécessaires et des discussions budgétaires.

    Pour la Région wallonne :

    Cela dit, au niveau wallon, des analyses projectives du coût global de la transition sont réalisées grâce au modèle d’optimisation économique TIMES. Il a été utilisé pour l’établissement des scénarios du Plan Air Climat Energie et fournit une évaluation du coût total du système (investissements, coûts fixes et coûts variables, coût des combustibles…). Le coût total du système à l’horizon 2030 est 12 % plus élevé dans le scénario avec mesures additionnelles (WAM) que dans le scénario avec mesures existantes (WEM). Les résultats du modèle fournissent également les coûts d’investissement globaux, sur base des technologies prises en compte dans le modèle. À l’horizon 2030, les coûts d’investissement actualisés du scénario WAM sont de l’ordre de 18 % plus élevés que ceux du scénario WEM. Ces investissements généreront notamment des économies sur la facture d’énergie.

    Par ailleurs, des analyses spécifiques par secteur sont disponibles.

    Les tableaux ci-joints reprennent les besoins en investissement estimés à l’horizon 2030 pour la production d’électricité et de chaleur renouvelables.

    Coût d’investissement 2030 p/r à l’existant (M€)

    Une grande partie des mesures sont soit déjà en cours d’application, soit prévues dans d’autres plans et politiques wallonnes. Pour les nouvelles actions, courant sur plusieurs législatures, l’impact budgétaire sera confirmé au moment de leur opérationnalisation. Pour tous les cas où c’est possible, la diversification des modes et sources de financement sera recherchée. Chaque année le Gouvernement wallon adopte son budget et réalise une partie des actions et mesures du présent plan à travers celui-ci. Les montants variant d’année en année en fonction des contraintes budgétaires et arbitrages politiques généraux.

    On ne peut pas dire que ce rapport aide à mieux prévoir les besoins d’investissements pour la prochaine législature. Toutefois, la philosophie générale qui sous-tend le rapport et repose sur les trois axes « Innover, collaborer, investir » serait une excellente base pour démarrer une nouvelle législature.

    Politique de la Région wallonne et soutien aux pays émergents :

    En ce qui concerne la question sur les relations avec les pays émergents, plusieurs points doivent être clarifiés. D’abord, les régions analysées dans ce rapport, même si elles sont ultrapériphériques, font partie de l’Union européenne, et ce, même si leur situation particulière les rend plus dépendantes des importations et plus vulnérables ; elles ne sont donc pas en tant que telle des pays émergents.
    Cela n’exclut pas d’éventuels projets de coopération qui pourraient, mais ils s’inscriraient dans le cadre de relations intraeuropéennes.

    En ce qui concerne les suites de la COP28 et le Financement climatique international de la Région wallonne, la Région y consacrera cette année près de 12,8 millions d’euros, dont une part substantielle pour l’adaptation aux conséquences du dérèglement climatique. Ainsi, 3,8 millions d’euros sont notamment prévus pour le Fonds pour l’adaptation, 2,7 millions d’euros pour le Fonds pour les pays les moins avancés ou encore un million d’euros pour l’Irena, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables. De plus, le financement de la Wallonie pour les pertes et préjudices dus au changement climatique sera porté à trois millions d’euros en 2024, dont un million d’euros sera consacré au fonds pour les pertes et préjudices dont la mise en œuvre a été décidée en ouverture de la COP28.

    Nous concentrons nos efforts sur des partenariats de longue durée comme c’est le cas avec le Fonds pour l’Adaptation, le Fonds pour les pays les moins développés, la Coalition pour le climat et l’air propre, le CVF & V20 Joint Multi Donor Fund ou encore l’IRENA.

    Au travers de la contribution volontaire à l’IRENA, nous visons les pays d’Afrique subsaharienne avec un focus sur les pays francophones afin d’y soutenir le déploiement des énergies renouvelables. De nouveaux programmes mis en œuvre avec ENABEL et l’APEFE s’adressent prioritairement aux pays prioritaires de la Belgique et de la Région wallonne également en Afrique subsaharienne et certains d’entre eux portent également sur les énergies renouvelables.

    En conclusion, nous travaillons de manière cohérente entre la mise en place d’objectifs en énergie renouvelable ambitieux sur le territoire wallon et le soutien à nos pays partenaires principalement africains directement ou en soutenant des agences comme l’IRENA. Des projets avec les régions ultras périphériques de l’Union européenne n’existent pas encore, mais pourraient être examinés à l’avenir.