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La prévention contre la syphilis

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 180 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 19/12/2023
    • de MUGEMANGANGO Germain
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Concernant la syphilis, Madame la Ministre peut-elle faire le point sur les politiques de prévention qu'elle a mises en place afin de limiter son expansion ?
  • Réponse du 31/01/2024
    • de MORREALE Christie
    Les données épidémiologiques sont établies par Sciensano, notre Institut scientifique de santé publique qui est chargé de la surveillance des infections sexuellement transmissibles (IST) en Belgique. La chlamydia, la gonorrhée et la syphilis ne font pas partie des 42 maladies à déclaration obligatoire (MDO) en Wallonie.

    Les données concernant ces 3 IST sont récoltées sur et par le terrain, anonymisées et transmises à Sciensano. Elles ne permettent pas, en conséquence, le tracing, le dépistage et le traitement des contacts des patients index.

    En 2013, un comité de pilotage et d'appui méthodologique (CPAM) avait été mis sur pied sous l’égide de l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cet organe regroupant des intervenants de la prévention des IST/SIDA à Bruxelles et en Wallonie avait pour objectif de décider des grandes orientations du processus des Stratégies concertées des acteurs de prévention des IST/SIDA.

    Dans l’intervalle, le transfert de l’exercice des compétences communautaires à la COCOF et à la Région wallonne s’est opéré. Par conséquent, chaque entité a alors adopté son plan de promotion de la santé.

    En Wallonie, le Plan de promotion de la santé 2023-2028 (PPS), inclut une programmation avec des objectifs notamment pour le VIH et les IST identifiées. Les opérateurs agréés par la Wallonie, sont subventionnés sur cette base.

    Par ailleurs, il convient de relever que bien qu’un Plan national de lutte contre le VIH existe, il n’en est pas de même pour les IST. Cependant, une réflexion est en cours.

    Pour en venir aux données, selon le dernier rapport national sur la surveillance des IST publié en 2023 par Sciensano, les tendances générales pour la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis en Belgique sont à la hausse depuis plusieurs années, avec une baisse temporaire en 2020 due à l'épidémie de Covid-19. Le nombre estimé de diagnostics pour ces IST est plus élevé en 2021 qu'en 2019. Des changements de comportement sexuel seraient probablement à l’origine de cette hausse.

    Le recours aux méthodes préventives contre le VIH, notamment la PrEP, semble s’accompagner d’une altération de la perception du risque de contamination chez les utilisateurs, et avec comme corollaire l’adoption des comportements à risque. En effet, 6 934 personnes en ont fait usage en Belgique en 2022, essentiellement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (98 % étaient des MSM). Dans 27 % des cas, ces personnes présentaient au moins une IST et 7 personnes ont développé une séroconversion VIH due à un usage laxiste du traitement préventif.

    Au sein de l’AVIQ, le département de la branche santé comporte 6 directions dont la Direction Promotion, Prévention et la Direction de la Surveillance des maladies infectieuses. Ces deux directions collaborent afin de soutenir les actions réalisées par les acteurs de la promotion de la santé et de leur fournir les financements nécessaires, sur la base de leur plan d’actions coordonnées (PACs). Ces associations s’occupent de l’information, de la communication et de la sensibilisation en matière de prévention des IST/VIH/SIDA.

    En effet, l’un des axes de la programmation du plan promotion de la santé en ce compris la prévention est consacré à la prévention des maladies infectieuses dont les 4 objectifs de santé sont les suivants :
    - réduire le risque infectieux dans une perspective de santé globale tout au long de la vie ;
    - favoriser les attitudes positives à l’égard des mesures préventives applicables aux maladies infectieuses auprès de la population et des professionnels ;
    - stabiliser puis réduire l’incidence des IST dont le VIH et les hépatites en Wallonie ;
    - améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs de la population en favorisant les conditions d’une sexualité épanouie et responsable.

    Ensuite, des discussions impliquant les entités fédérées (AZG, AVIQ, COCOM) sont en cours dans le but d’adopter un plan national pour les VIH/SIDA/IST/Hépatite B et C. Il sera intéressant d’apporter une contribution significative dans la rédaction de ce plan qui devra donc tenir compte des actions menées par les ASBL agréées en matière de prévention des IST/VIH en Wallonie.

    Nous sommes également attentifs à la montée de la multirésistance aux antibiotiques utilisés dans le cadre du traitement des IST, notamment contre la gonorrhée. Le centre de référence (IMT) à Anvers effectue des études sur cet aspect et publie régulièrement des données pouvant servir de base pour l’affinement de notre politique. Selon des études menées par le BREACH (Belgium Research on AIDS and HIV Consortium), des actions existent afin de réduire la pression d’utilisation des antibiotiques. Un plan wallon de lutte contre les MDRO est en phase de réflexion.

    Par ailleurs, nous constatons que les professionnels de la santé sont toujours plus sensibles à la problématique de la recrudescence des IST. L’AViQ a reçu récemment des alertes du terrain, notamment le CHU de Liège qui a observé une augmentation des cas de gonorrhée. Il a été procédé en interne à l’analyse de l’alerte. Des communications ont été envoyées à plusieurs reprises au réseau des HOST en Région wallonne pour s’enquérir de l’ampleur de la situation dans les différents réseaux hospitaliers. Il a aussi été recommandé l’envoi des échantillons prélevés vers le CNR pour vérifier la sensibilité des souches aux antimicrobiens couramment utilisés.

    L’AViQ continuera à rechercher et à motiver les cercles et/ou ASBL qui s’occupent des populations exclues (personnes migrantes, personnes impliquées dans les filières de prostitution, personnes détenues dans les prisons …) en les incitant à prendre en compte les politiques de réduction de transmission des IST et de promotion de santé sexuelle dans leur agenda. L’agence continuera aussi à promouvoir l’implication des pairs là où subsiste toute forme de barrières (langues, sans-abrisme, pauvreté d’une frange de la population …). Le tout dans le cadre du dialogue et de la complémentarité avec les acteurs de terrain.