/

La lutte contre l’isolement social

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 190 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 19/12/2023
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Alors qu'il existe près de 11,7 millions d'individus en Belgique, on compte 5,1 millions de ménages, dont plus d'un sur trois (36 %) est formé d'une personne seule.

    Ces chiffres de Statbel du 1er janvier 2023 montrent ainsi l'importance que prend ce type de ménage, avec un adulte en solo, surtout si on y ajoute aussi les familles monoparentales.

    En Wallonie, on compte 37,2 % de personnes seules en ménage.

    La solitude affecte le mode de vie. Une personne seule aura tendance à moins se dépenser, à fumer davantage, à manger de manière moins équilibrée comme des études le montraient en 2016.

    Mais, plus une personne cumule des facteurs de solitude, et plus le risque de décès est élevé, affirme une toute nouvelle étude dans le journal médical BMC Medicine.

    Quelles mesures Madame la Ministre a-t-elle prises afin de lutter contre l'isolement social ?

    Les personnes âgées sont particulièrement touchées par le phénomène. Prend-elle des actions spécifiques à leur égard ?

    En matière de santé, où en est la prévention sur le sujet ?
  • Réponse du 31/01/2024
    • de MORREALE Christie
    Si plus d’un tiers des ménages en Belgique vit seul, cela ne veut pas dire pour autant que la majorité souffre de solitude. En effet, il ne faut pas confondre l’isolement - fait objectivable - avec la solitude qui répond davantage à un ressenti individuel. Ainsi, une personne peut être isolée, mais ne pas souffrir pour autant de solitude et vice versa une personne vivant dans une communauté peut souffrir de solitude.

    Nous savons aujourd’hui que le sentiment de solitude est corrélé à différents facteurs qui relèvent de l’état de santé physique et mentale de la personne, de son niveau d’autonomie, de son âge, de sa situation familiale, de ses revenus socio-économiques, du niveau d’éducation, de sa satisfaction, de la qualité de ses réseaux sociaux, de l’adaptation de son environnement immédiat (son domicile) et de l’aménagement du territoire (transports, trottoirs …), mais aussi de sa personnalité (extraversion versus neuroticisme). Il revient dès lors à la communauté (le secteur public et associatif) de proposer et de mettre en place des actions de prévention des risques de solitude et de promotion pour la santé en fonction des spécificités et des besoins des publics.

    La crise sanitaire nous a permis de mieux appréhender cette problématique de manière chiffrée et ciblée et de rappeler les cinq priorités thématiques du Plan de promotion de la santé :
    • la prévention et le suivi des maladies chroniques notamment au travers de la sécurité et de la qualité alimentaire, de la lutte contre la sédentarité, des consommations d’alcool, de tabac et de sédatifs, de la possibilité de pratiquer une activité physique adaptée ;
    · l’action sur les déterminants sociaux de la santé mentale que sont le lien social, le sentiment de soutien social, la solitude ;
    · les axes correspondent à des priorités de santé, établies sur la base des données socioépidémiologiques : les maladies les plus fréquentes avec des conséquences importantes sur la qualité de vie, les facteurs de risque et de protection le plus souvent impliqués dans le développement de maladies transmissibles ou non transmissibles.

    Agréés depuis le début de 2023, les 74 opérateurs wallons en promotion de la santé ont écrit chacun leur programme d’action coordonnée en s’inscrivant dans un ou plusieurs des 5 axes.

    Concernant plus spécifiquement le public des aînés, nous savons que des facteurs environnementaux défavorables (perte financière, isolement géographique …) peuvent entraîner le repli social indépendamment de l’état de santé de la personne, même si ce dernier facteur peut être précipitant. Nous savons aussi combien le bien-être des aînés peut être sensiblement amélioré en garantissant les conditions optimales de leur participation : ancrage local, mobilité, engagement, intégration familiale … Leur participation sociale est donc un facteur de prévention majeur.

    Raison pour laquelle, il est essentiel de développer une offre de services qui corresponde aux trajets de vie des aînés. Pour certains, il est suffisant de disposer d’un lieu de vie collectif et ancré dans la cité.

    Pour répondre à ce besoin sont soutenues les communes Wallonie Amies des Aînés (WADA) et un nouvel appel à projets sera lancé en 2024 afin de développer ces pratiques. WADA vise à intégrer les besoins spécifiques des aînés dans l’ensemble des politiques publiques de la ville.

    Par ailleurs, 16 espaces communautaires visant à lutter contre l’isolement des citoyens les plus fragilisés et notamment des aînés sont financés à la suite d’un appel à projets, avec l’organisation d’activités diverses, mais aussi des actions de prévention et de promotion de la santé.

    Les professionnels du domicile contribuent, par leur présence et l’activation de réseaux sociaux (des acteurs socioculturels et/ou sociosanitaires), à diminuer le sentiment de solitude des personnes fragilisées souhaitant rester à domicile.

    Ainsi, aux côtés des services d’aide aux familles et aux aînés (SAFA) qui, au-delà de l’assistance coordonnée qu’ils fournissent pour les aides à la vie journalière auprès des personnes âgées, handicapées, malades ou accidentées, apportent de fait un accompagnement social aux bénéficiaires, aux côtés des centres de coordination des soins et de l’aide à domicile (CASD) dont le coordinateur a pour mission principale d’aider et d’informer gratuitement toute personne qui le souhaite sur les possibilités d’offres d’aide et de soins visant à lui permettre de vivre à domicile et, s’il échait, de tout mettre en œuvre pour qu’elle puisse disposer des services et des soins dont elle a besoin.

    La plateforme Bien vivre chez soi a pour objectif de servir l’ensemble du territoire de la Wallonie par des services offrant gratuitement à chaque personne qui les sollicite, le diagnostic du logement par un ergothérapeute dans le but de l’adapter au mieux aux besoins de la personne âgée. Citons encore les services plus classiques d’aide à domicile comme la livraison de repas, les soins d’hygiène corporelle, l’assistance à l’entretien du domicile et des vêtements, et cetera.

    Il est aussi possible dans certaines communes d’obtenir une assistance spécifique pour de petits travaux d’entretien ou de réparation, de jardinage, de se faire coiffer, de profiter de soins de pédicure, d’obtenir de l’aide pour prendre soin d’un animal domestique, et cetera. Ces services sont notamment offerts par des services d’Aide à domicile en milieu rural ou par des Agences locales pour l’emploi, les mutuelles, des prestataires privés …

    Les personnes plus fragiles ou dépendantes peuvent encore recourir à un service de garde à domicile par une personne formée qui procure une présence rassurante pendant plusieurs heures, de jour ou de nuit, et veille au bien-être et au confort physique et moral de la personne âgée ; ces gardes à domicile peuvent être sollicitées via des services d’aide aux familles et aux aînés.

    Pour ceux qui voient leur réseau relationnel rétrécir progressivement, les aînés peuvent faire appel à des organisations de bénévoles qui proposent de partager des moments de convivialité, de réaliser de menus services - comme arroser les plantes ou sortir le chien – de les soutenir pour certaines démarches administratives ou encore d’offrir une aide lors d’un retour d’hospitalisation. De plus, les CPAS et les mutuelles travaillent également sur l’accessibilité des services et la Wallonie en les subventionnant, favorisent leur utilisation à moindres frais.

    Enfin, nos 79 centres de soins de jour agréés proposent, à la fois, des moments de répit pour les aidants proches tout en étant source de socialisation pour les aînés dépendants et vivants à domicile.