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L'impact de la pluie automnale sur les récoltes

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2023
  • N° : 201 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 21/12/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Deux records ont été battus entre le 16 octobre et le 30 novembre 2023, selon l'Institut royal météorologique de Belgique : celui du volume d'eau tombé et celui du nombre de jours pluvieux. Cela a suivi un été particulièrement sec.

    Même si les plantations des agriculteurs wallons ont pu récupérer leur retard de croissance, les récoltes prennent du retard en raison des terrains boueux, et ce alors que les gelées sévères ne devraient pas tarder.

    Ces derniers jours, il n'a pas plu ou très peu. Les agriculteurs ont pu progresser dans leurs chantiers, mais le retard est encore considérable. L'état des cultures rend le travail plus difficile et la lourdeur de la terre rend la tâche encore moins aisée. Et si le gel devait arriver trop vite, on se dirige vers des pertes sèches.

    Selon certains spécialistes du secteur, les prix ne devraient pas trop fluctuer, car les contrats ont été fixés avant la campagne. Pour le rendement, cela pourrait être bien différent.

    Il semblerait que les betteraves et les pommes de terre soient les plus touchées.

    Monsieur le Ministre a-t-il des échos similaires de la part du secteur ?

    Le secteur lui a-t-il relayé ses craintes quant à la situation de la campagne en 2023 ?

    Les industries de la transformation de ces deux types de culture sont particulièrement développées en Wallonie.

    Est-ce que les difficultés rencontrées par le monde agricole ont un impact actuellement sur ces industries ?

    Avec la vue que l'on a actuellement, pense-t-il que les agriculteurs pourraient s'en sortir et se garantir des revenus suffisants ?

    Si les rendements devaient s'avérer réellement plus faibles, quels mécanismes d'aides pourraient-ils solliciter et auprès de quelles administrations ?
  • Réponse du 15/01/2024
    • de BORSUS Willy
    En culture de pomme de terre, la FIWAP (Filière wallonne de la pomme de terre) et son partenaire, le CARAH suivent de près le secteur. Il est encore trop tôt pour connaître l’ampleur de ce qui sera, hélas, définitivement perdu, mais on peut estimer que la perte serait de 50 000 à 100 000 tonnes sur une production brute totale estimée à +/- 2 000 000 de tonnes. Le gel actuel condamne très probablement l’essentiel du volume non récolté. Les prix qui ont augmenté entre octobre et novembre 2023 sont maintenus. La récolte difficile entraîne des complications de stockage. Certains lots doivent être déstockés, mais le phénomène semble cependant rester partiel.

    Les industries de transformation restent essentiellement couvertes par les volumes sous contrat avec les producteurs et semblent tourner normalement. Mais leurs besoins sur l’ensemble de la saison restent dépendants des ventes de produits finis sur les marchés mondiaux, pour lesquelles un certain ralentissement est signalé.

    Concernant les betteraves sucrières, l’IRBAB (Institut royal belge pour l'amélioration de la betterave) estime qu’il reste moins de 1 % de la surface totale non arrachée sans pouvoir dire à l’heure actuelle si la totalité pourra être récoltée. Il est aussi difficile d’évaluer l’impact du gel actuel pour les betteraves encore à livrer et éventuellement encore à arracher d’ici la fin de la campagne. Les rendements moyens pour cette campagne 2023 sont normaux à supérieurs (de 89 tonnes à 14,3 t sucre/ha sur les hectares livrés). En revanche la teneur en sucre est en retrait face à la moyenne quinquennale (15 t de sucre/ha en moyenne) en raison du faible ensoleillement, des pluies fréquentes, du temps nuageux de ces dernières semaines et de la pression des maladies fongiques. La valorisation des betteraves est directement liée au marché du sucre européen qui s’est rétabli après plusieurs années de prix catastrophiques pour le secteur (réforme/abandon quota). Cette bonne tenue du marché actuel soutient la valorisation des betteraves malgré les problèmes rencontrés.

    Il est également important de souligner que ces conditions climatiques compliquées ont un impact important sur le semis des couverts hivernaux et des céréales qui n’ont pu être faits cet automne et qui auront des conséquences économiques potentielles assez importantes pour certaines exploitations en raison de la non-éligibilité à l’Eco-Régime « Couverture longue du sol » et sur les rendements des céréales pour la campagne 2024.

    En outre, le revenu de l’agriculteur varie fortement selon les situations individuelles. Les problèmes ne sont donc pas généralisés, ce qui n’empêche pas de s’inquiéter des cas particuliers. Dès que plus de 15 % de la superficie pour une exploitation donnée restent non récoltés, c’est le bénéfice qui disparaît. Et si plusieurs cultures sont concernées (betteraves, chicorées, et cetera), les problèmes de trésorerie apparaissent rapidement.

    À ce stade, il est encore trop tôt pour tirer des constats définitifs et donc de parler d’aides éventuelles, mais je reste très attentif quant à cette situation malheureusement à nouveau très difficile pour nos agriculteurs.