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La demande de la Commission européenne de l’abaissement du niveau de protection du loup

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 207 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 04/01/2024
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La Commission européenne a annoncé récemment vouloir abaisser le niveau de protection des loups dans l'Union européenne, jugeant que leur nombre représente désormais un danger, « en particulier pour le bétail ». Elle propose de passer d'une protection stricte (avec dérogations) à une simple protection, permettant d'éliminer plus aisément les loups.

    La proposition, réclamée par les éleveurs de plusieurs pays, doit encore être approuvée par les États membres. Pour l'ONG de défense de la nature WWF, cette proposition est « scandaleuse et sans justification scientifique ».

    En tant que Ministre de l'Environnement et du Bien-être animal, comment Madame la Ministre se positionne-t-elle face au possible changement de statut de protection de l'animal ?

    Qu'engendrerait ce changement de statut comme modification en Wallonie par rapport au Plan loup actuellement mis en œuvre dans notre région ?
  • Réponse du 11/03/2024
    • de TELLIER Céline
    L’honorable membre le sait, en tant que Ministre de la Nature et du Bien-être animal, la protection du loup me tient particulièrement à cœur. La recolonisation naturelle par le loup est encore récente en Région wallonne. Il est toujours dans une phase de colonisation, laquelle est une période cruciale pour jeter les bases d’une cohabitation sereine avec l’espèce.

    Cette sérénité passe par la recherche de solutions constructives et adaptatives pour la protection des troupeaux, par un suivi scientifique poussé et par une communication transparente, tel que prévu dans le Plan Loup. À ce stade, diminuer le statut de protection de l’espèce nuirait à ce travail constructif, notamment avec le secteur de l’élevage.

    Faciliter l’abattage d’un quota de loups donnerait la fausse illusion de solutionner un problème, alors qu’il ne ferait sans doute que le masquer, le reporter, voire le renforcer. Le Collège des producteurs, en particulier les sections en charge des secteurs ovin et caprin, confirme d’ailleurs que cette piste « n’a pas grand intérêt en Wallonie pour le moment ». Ceci est d’autant plus vrai que les dégâts causés aux troupeaux par les meutes installées sont actuellement relativement faibles, ce qui plaide pour permettre l’installation d’individus focalisés sur les proies sauvages.

    Par ailleurs, en cas de problème important de cohabitation avec l’espèce humaine, la Convention de Berne ainsi que la Directive sur la protection des habitats et des espèces offrent suffisamment de souplesse via leur système dérogatoire. En effet, les possibilités de dérogation, notamment pour un motif de dommages importants aux animaux d’élevage, permettent d’autoriser l’effarouchement et, si nécessaire, l’abattage ciblé de loups responsables de situations particulièrement problématiques.

    Le retour du loup en Wallonie étant récent, l’installation pérenne d’une population reste fragile et il ne me semble pas souhaitable de diminuer le statut de protection de l’espèce.