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La préservation du patrimoine architectural du 20e siècle

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 91 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 08/01/2024
    • de GROVONIUS Gwenaëlle
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Dans le cadre de son engagement à avancer sur une meilleure préservation du patrimoine industriel et du 20e siècle, deux dossiers récents semblent contredire la volonté de Madame la Ministre et provoquent de vives contestations de la part tant de professionnels du patrimoine que de « simples » amateurs. Il s'agit du Sanctuaire Notre-Dame de Beauraing et du bâtiment du C&A à Namur.

    Je l'ai moi-même interrogée en juillet 2023 concernant le C&A. À l'époque, elle m'indiquait qu'il était malheureusement trop tard pour ce bâtiment puisque le permis avait été octroyé. Depuis lors, la société Besix a rentré, début décembre 2023, une nouvelle demande de permis pour le projet multifonctionnel du square Léopold afin de tenir davantage compte des remarques et des avis de la dernière enquête publique. Dans la foulée, une nouvelle enquête publique sera organisée, probablement dans le courant du mois de janvier.

    Concernant le sanctuaire de Notre-Dame de Beauraing, Monsieur Eddy Fontaine l'a interrogée le 27 novembre 2023. Dans ce cas, à nouveau, elle a indiqué ne pouvoir s'opposer aux travaux, le permis d'urbanisme ayant été délivré dans le respect des obligations réglementaires.

    Le 27 novembre 2023, Madame la Ministre indiquait vouloir « mettre toute son énergie pour que la dynamique de reconnaissance du patrimoine du 20e siècle s'accélère ».
    Où en est-on aujourd'hui dans la concrétisation de cet objectif ?

    Concernant le sanctuaire de Beauraing, dans l'hypothèse où cette reconnaissance ne pourrait être obtenue à temps, quels moyens peut-elle mettre en place pour postposer le début des travaux afin d'éviter le début de ce qu'elle nomme « une hémorragie patrimoniale » ?

    Concernant le C&A de Namur, la demande d'un nouveau permis permet-elle de changer la donne et de protéger ce bâtiment ?

    Ce bâtiment figure-t-il bien dans le recensement des biens patrimoniaux du XXe siècle de l'Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) ?

    Enfin, elle avait annoncé vouloir rentrer en contact avec la Ville de Namur afin de faire avancer la sensibilisation au patrimoine en Wallonie. Peut-elle nous indiquer où en sont ces échanges et ce qu'il en est ressorti ?
  • Réponse du 13/02/2024
    • de DE BUE Valérie
    Les deux dossiers que l’honorable membre cite ne viennent pas contredire ma volonté d’avancer dans la prise en considération du Patrimoine du 20e siècle en Wallonie. Au contraire, ils illustrent le manque de reconnaissance actuel, qui a comme conséquence qu’aucune démarche cohérente n’a pu accompagner en temps utile ces témoins de l’architecture du 20e siècle dans leur transformation.

    En ce qui concerne les actions que j’ai souhaité mettre en œuvre au bénéfice de ce patrimoine spécifique, des résultats non négligeables sont sur le point d’aboutir, malgré les difficultés inhérentes à ce genre d’exercice :

    - Recensement des biens patrimoniaux du 20e siècle :

    Cette sélection tant attendue est en voie de finalisation, mes services m’annoncent un aboutissement pour avril prochain.

    Pour rappel, j’ai appuyé la création d’un groupe de travail consacré à la protection et la reconnaissance de ce patrimoine spécifique. Si ces objectifs étaient partagés par tous, la méthodologie, le tempo et le choix des actions prioritaires ont fait débat. Maintenant, l’AWaP, la CRMSF et la Cellule Architecture de la FWB travaillent ensemble sur ce corpus.

    Cette réflexion collégiale est sur le point de déterminer, pour la première fois, les éléments de l’architecture du 20e siècle en Wallonie qui font patrimoine. Des biens considérés comme des jalons seront inscrits à l’inventaire régional avec pastille et d’éventuelles procédures de classement, pour une sélection d’entre eux, seront lancées.

    - Sensibilisation :

    J’ai demandé à l’AWaP de réaliser un ouvrage de prestige sur le patrimoine du 20e siècle en Wallonie. La publication, qui sera présentée à la prochaine Foire du Livre, viendra poser les bases pour que tout un chacun puisse apprécier ce qui constitue le patrimoine architectural du 20e siècle en Wallonie, qu’il s’agisse de son histoire, de ses mouvements ou encore de sa grande variété typologique.

    Les plus jeunes ne seront pas oubliés, car un nouveau numéro dans la collection des « Qu’est-ce que le Patrimoine ? » sortira concomitamment pour éveiller leur regard sur cette thématique.

    En outre, la CRMSF a axé à ma demande sa toute récente Assemblée générale sur cette question au travers d’une conférence sur le Label « Patrimoine du 20e siècle » en France et d’une table ronde sur le patrimoine moderne en Belgique, rassemblant les acteurs clés des trois administrations régionales de notre pays.

    Comme elle pourra le constater avec moi, une réelle dynamique a été insufflée. Cependant, une reconnaissance patrimoniale ne s’impose pas en un claquement de doigts, elle se construit dans la durée.

    Quant aux deux sites qu’elle évoque, ma position reste la même.

    Le projet de réaménagement du jardin des apparitions de Beauraing a obtenu voici plusieurs mois un permis d’urbanisme en bonne et due forme, délivré par la Région et plus particulièrement par un service qui fait partie de la même Direction générale que l’AWaP et collabore régulièrement avec elle. Un tel changement de position de la même institution n’est pas audible. Je tiens en outre à préciser que le sanctuaire proprement dit n’est pas concerné.

    Pour le C&A, j’ai déjà été très claire. Le bien ne figurait même pas à l’Inventaire régional avant que son cas ne soit mis en exergue dans la presse. L’empressement des protagonistes qui souhaitent sa conservation vient bien trop tard dans un processus démarré depuis longtemps. Si mon ambition sous cette législature est de voir une mise en cohérence des lignes directrices en matière de préservation du patrimoine et le recours à l’outil de protection le plus adéquat au sein de l’arsenal réglementaire existant, j’ai également exigé que le Patrimoine ne soit pas instrumentalisé. On ne classe pas contre un projet, on protège un bien parce qu’il bénéficie d’une reconnaissance collective, scientifique et institutionnelle de son statut emblématique. À ma connaissance, le bâtiment du C&A de Namur, qui fait partie d’une série de réalisations, n’est pas dans ce cas-là et ne figure pas à ce stade dans la liste en cours de finalisation.