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Les associations actives dans le secteur de l'aide alimentaire et la concurrence des start-up privées

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 220 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 10/01/2024
    • de VANDORPE Mathilde
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Récemment, les associations du secteur de l'aide alimentaire interpellaient les autorités publiques sur la concurrence subie par des start-up en mesure de racheter les invendus alimentaires afin de les revendre.

    Si je ne souhaite pas diaboliser ces entreprises qui participent aussi à la lutte contre le gaspillage alimentaire et qui ont le succès qu'on doit leur reconnaitre, les craintes des associations sont audibles et compréhensibles, car elles souhaitent pouvoir disposer de denrées alimentaires suffisantes et accessibles, que ce soit pour leurs bénéficiaires et pour rester dans les limites posées par leurs propres moyens.

    Est-ce un problème qui est déjà parvenu à Madame la Ministre de la part des représentants du secteur associatif ?

    Existe-t-il en Wallonie des mécanismes de garantie d'approvisionnement ou des mesures préférentielles, qui favorisent le don aux associations ? Si oui, qu'est-il prévu ?

    Si non, la situation suggère-t-elle d'en adopter ou bien de rester attentif à ce problème de concurrence ?
  • Réponse du 31/01/2024
    • de MORREALE Christie
    Depuis quelques années, les quantités d’invendus collectées diminuent pour de nombreux points de collecte dans le secteur de l’aide alimentaire. Certains magasins qui organisaient des dons ont aussi cessé de le faire. Ces diminutions varient au cours de l’année et concernent davantage la viande et le poisson, moins les fruits et légumes. Les quantités qui peuvent être distribuées s’en trouvent réduites, ce qui accroît l’insécurité alimentaire.

    Non seulement les quantités fournies diminuent, mais également la qualité nutritionnelle des colis/repas, puisque ce sont principalement les produits frais qui sont concernés par cette diminution. Ceci est particulièrement marqué pour les plateformes d’aide alimentaire qui subissent, en outre, la concurrence des startups, telles que « Too good to go » ou « Happy Hours Market ».

    Ces acteurs commerciaux, dont certains d’envergure internationale, rachètent les invendus pour les revendre à un public « tout venant ». Ces denrées ne sont donc plus disponibles pour l’aide alimentaire. Certaines de ces startups donnent leurs invendus à des organisations d’aide alimentaire, mais sans les denrées les plus nutritives et les délais permettant la distribution avant péremption sont alors fortement réduits.

    Avec l’augmentation du prix des matières premières, la prévention des gaspillages s’améliore, les magasins gèrent différemment leur stock, et il y a en conséquence moins de dons. Avec la crise économique, les produits proposés « en vente rapide » sont aussi davantage recherchés par les consommateurs « tout venant ».

    Le passage de magasins intégrés à des magasins franchisés semble également impacter négativement le nombre de supermarchés qui donnent leurs invendus aux organisations d’aide alimentaire. En effet, il s’agit, avec la franchise, de gestion individualisée, éparpillée et il devient difficile de mettre en place une politique de dons harmonisée comme cela est possible avec une enseigne intégrée.

    Certaines mesures destinées à soutenir les dons d’invendus alimentaires existent actuellement : exemption de TVA, permis d’environnement, conventions avec certains acteurs de la grande distribution… Elles ne suffisent malheureusement pas pour maintenir un volume suffisant permettant de répondre aux besoins des personnes en difficulté.

    Je continuerai à me battre pour que chacune et chacun de nos concitoyens puisse avoir accès facilement à une alimentation saine et équilibrée.