/

L’évolution des mesures prises à l’égard des corvidés

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 231 (2023-2024) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 10/01/2024
    • de DESQUESNES François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Dans le cadre du débat sur les mesures à l'égard des corvidés, Madame la Ministre a indiqué que l'enjeu était de trouver un équilibre basé sur des données objectives et scientifiques, en concertation avec les parties prenantes concernées.

    De quelles données objectives s'agit-il ?

    Existe-t-il une ou des études scientifiques complètes et réalisées en Wallonie qui objectivent la situation ? Lesquelles ?

    Où sont-elles consultables ?

    Madame la Ministre les juge-t-elle suffisantes ?

    Dans la négative, pourquoi une telle étude n'est-elle pas commandée ?

    Les données disponibles permettent-elles de clarifier avec précision les dégâts imputés aux différentes (sous)-espèces de corvidés ?

    Dans le cadre des dérogations octroyées à l'interdiction de chasser les corvidés, existe-t-il une méthodologie appliquée à l'échelle de l'ensemble du territoire wallon ? Laquelle ?
    Comment les éléments factuels sont-ils établis ?

    Des alternatives existent et pourraient compléter ces régimes dérogatoires.

    Madame la Ministre a annoncé qu'un projet de recherche était en cours concernant la protection des semences à l'aide de substances répulsives.
    Où en est ce projet de recherche ?

    Peut-elle nous donner plus d'informations sur les contours du projet ?
  • Réponse du 13/02/2024
    • de TELLIER Céline
    La corneille noire, le choucas des tours, le corbeau freux et la pie bavarde sont des espèces protégées par la loi sur la conservation de la nature. Les populations de corvidés peuvent être, localement, très importantes, et la pression sur les cultures peut s’avérer problématique.

    Le secteur agricole traverse des difficultés incontestables. Les corvidés ne sont toutefois pas responsables de l’entièreté des pertes de rendement et des manques à gagner. L’augmentation des dommages aux cultures par ces espèces résulte aussi de la modification profonde des systèmes agraires et de la perte dans la diversité des éléments de structure paysagère (bocages, haies, zones refuges …) avec, comme corollaire, une raréfaction des ressources alimentaires pour l’avifaune et un report de prédation sur les cultures. Il convient donc aussi d’encourager la restauration d’habitats naturels propices à rétablir un équilibre entre les espèces.

    Les dérogations pour réguler la corneille noire ont précédemment été octroyées en vue de protéger les cultures, mais aussi pour préserver la petite faune de plaine. La loi sur la conservation de la nature le permet, puisque le motif de la protection d’espèces animales ou végétales sauvages peut être invoqué.

    Selon une synthèse réalisée par mon administration, et qui a fait l’objet de discussion au sein de la Section Nature du Pôle Ruralité, il ressort de différentes études scientifiques que :
    • plusieurs études spécifiques démontrent l’impact des prédateurs, dont la corneille, sur la productivité des espèces proies ;
    • l’incidence des corvidés est moindre que celle des mammifères, mais reste impactante pour certaines espèces menacées ou en mauvais état de conservation ;
    • la régulation des prédateurs a son utilité pour préserver des espèces en mauvais état de conservation. Dans ce contexte en particulier, la régulation de prédateurs est nécessaire en tant que mesure à court terme, le temps que les populations se redéveloppent ;
    • le mauvais état de conservation d’espèces de l’avifaune résulte principalement d’une dégradation de la qualité des habitats. Mais l’amélioration des habitats sans gestion des prédateurs serait insuffisante pour améliorer l’état de conservation d’espèces fragilisées, vu l’abondance de certains prédateurs.

    Afin d’actualiser nos connaissances et d’adapter, le cas échéant, notre manière de traiter cette problématique, j’ai chargé mon administration d’étudier les points suivants :
    • l’évolution des populations des espèces de corvidés visées par les dérogations, en particulier la corneille noire, tout en mettant en évidence les disparités territoriales ;
    • la différenciation des dégâts en fonction des espèces ;
    • le degré d’efficacité des mises à mort pour diminuer les dégâts en agriculture ainsi que la prédation sur la petite faune des plaines.

    Ces études devront également être mises en parallèle avec ce qui est réellement mis en œuvre sur le terrain, tant pour éviter les dommages aux activités agricoles que les prédations vis-à-vis de la petite faune des plaines.

    J’ai également chargé mon administration de réaliser une évaluation de l’efficacité des moyens d’effarouchement et des aménagements favorables à la petite faune, préalablement à la dérogation. Dans ce cadre, un lien pourra notamment être fait avec le projet « BioCorSeeds », coordonné par le CIPF, dont l’objectif est de proposer une solution innovante aux agriculteurs biologiques dans le cadre de la protection des semences contre les corvidés. Plus précisément, ce projet concerne la mise au point et l’évaluation de nouvelles solutions répulsives dans le cadre de la protection des semences face aux corvidés en culture de maïs biologique. Dans la présentation du projet, il est prévu que les premiers résultats du projet soient publiés au printemps 2024. L’étude complète s’étalera sur trois ans et sera donc publiée durant le dernier trimestre 2025.

    En tant que Ministre du Bien-être animal, j’ai en outre insisté sur l’importance de la limitation de la régulation aux endroits où cela est strictement nécessaire. Le contrôle de la mise en œuvre sur le terrain afin de limiter la souffrance de ces oiseaux est également primordial. J’ai aussi rappelé l’importance d’éviter de réaliser les destructions d’oiseaux, quand cela est possible, surtout durant la période de dépendance des jeunes.