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Le soutien à la lutte contre la précarité alimentaire

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 227 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 23/01/2024
    • de MENGONI Sophie
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Récemment, à Charleroi, un partenariat a été créé en matière d'économie sociale autour d'une action solidaire pour la préparation de colis alimentaires pour les plus démunis qui s'inscrivait dans le cadre du projet de la ceinture alimentaire de Charleroi-Metropole « Food C » et de la création d'un supermarché de producteurs locaux « Carolo Store ».

    Cette action solidaire a permis de récolter plusieurs milliers de paniers de produits issus d'un « circuit court », à destination des familles bénéficiaires de la banque alimentaire de Charleroi.

    L'aide alimentaire fait face à une demande croissante ces dernières années. La Fédération des services sociaux estime que près de 600 000 personnes en Belgique recourent à de tels services d'aide. Or, deux problèmes majeurs se posent : les associations ne reçoivent pas suffisamment de dons pour faire face à la demande et la qualité des dons et invendus est de plus en plus médiocre.

    Madame la Ministre peut-elle nous faire un compte-rendu de la situation des banques alimentaires en Wallonie ?

    Outre ces partenariats ponctuels et structurels entre le secteur de l'aide alimentaire et d'autres secteurs, tels que celui de l'économie sociale par exemple, comment pouvons-nous mieux aider les acteurs de l'aide alimentaire ?

    Comment soutenir structurellement ce secteur crucial et quelles réponses apporter au problème de précarité alimentaire chez nous ?
  • Réponse du 21/02/2024
    • de MORREALE Christie
    Force est de constater que les quantités d’invendus collectées diminuent pour de nombreux points de collecte dans le secteur de l’aide alimentaire. Certains magasins qui organisaient des dons ont aussi cessé de le faire. Ces diminutions varient et concernent, par exemple, davantage la viande et le poisson, moins les fruits et légumes.

    Les quantités qui peuvent être distribuées aux personnes s’en trouvent réduites, ce qui accroît encore l’insécurité alimentaire. Non seulement les quantités fournies diminuent, mais également la qualité nutritionnelle des colis/repas, puisque ce sont principalement les produits frais qui sont concernés par cette diminution. Ceci est particulièrement le cas des plateformes d’aide alimentaire qui subissent de plein fouet la concurrence des startups, telles que « Too good to go » ou « Happy Hours Market ».

    Avec l’augmentation du prix des matières premières, la prévention du gaspillage à la source s’améliore, les magasins gèrent différemment leur stock et il y a probablement en conséquence moins de dons. Avec la crise économique, les produits proposés « en vente rapide » sont recherchés par les consommateurs « tout venant ».

    Certaines mesures destinées à soutenir les dons d’invendus alimentaires existent actuellement : exemption de TVA, permis d’environnement, conventions avec certains acteurs de la grande distribution, et cetera. Elles ne suffisent malheureusement pas pour maintenir un volume suffisant permettant de répondre aux besoins des personnes en difficulté.

    La Fédération des services sociaux, agréée et subventionnée en qualité d’Organisme wallon de concertation de l’aide alimentaire, est en concertation permanente avec les différents acteurs wallons et bruxellois. Cette Fédération recherche des pistes de solution et de soutien à l’approvisionnement en invendus.

    En ce qui concerne directement mes compétences, dans un contexte particulièrement difficile où les crises se chevauchent, des moyens inédits ont été mobilisés depuis le début de cette législature en faveur de l’aide alimentaire, sous la forme d’appels à projets pour un montant total de plus de 17 millions d’euros. L’objectif est de rencontrer la demande d’aide qui augmente fortement.

    Le dernier appel à projets, lancé en 2023 sous mon impulsion, était assorti d’une enveloppe de 8 millions d’euros. Celui-ci a, de nouveau, remporté un large succès. En effet, pas moins de 34 opérateurs éligibles de première ligne (dont 154 CPAS et 80 ASBL œuvrant dans la distribution de colis alimentaires ou constituant des épiceries sociales ou des restaurants sociaux) et 16 plateformes d’aide alimentaires éligibles (dont les banques alimentaires, la Croix-Rouge de Belgique, des Relais sociaux et CPAS, notamment) ont répondu à cet appel.

    Des critères d’octroi ont été insérés dans cet appel, favorisant plusieurs pratiques innovantes :
    - le recours aux producteurs locaux : cela a permis à bon nombre d’opérateurs d’initier de nouveaux partenariats avec des producteurs et agriculteurs locaux, notamment sous la forme de paniers de produits frais. Répondant aux enjeux d’une alimentation plus durable par leurs modèles et la qualité différenciée des produits, il est essentiel que ces canaux de distribution puissent continuer à alimenter les citoyens ;
    - l’augmentation du nombre de bénéficiaires aidés ;
    - la mise sur pied de projets d’initiatives communautaires : à titre d’exemples les distributions de produits issus du développement durable devant les écoles situées dans les zones prioritaires, dans les accueils de jour, et cetera ;
    - les projets collaboratifs et de mutualisation regroupant plusieurs plateformes logistiques d’aide alimentaire d’un territoire, dans le but que l’aide apportée bénéficie de manière équitable à l’ensemble des acteurs de l’aide alimentaire du territoire ;
    - l’assouplissement des conditions d’accès à l’aide alimentaire. Il est important d’encourager les structures dans l’évolution de leurs pratiques et leurs modes de fonctionnement. À titre d’exemple, l’élargissement des types de publics aidés, tels que les travailleurs dits « pauvres », les étudiants, les personnes en situation irrégulière ou encore les personnes qui ne seraient pas sous le seuil de la pauvreté, et cetera ;
    - l’adaptation pour faciliter l’accès aux services offerts. À titre exemplatif, l’élargissement de l’horaire d’ouverture, afin de répondre aux contraintes de certaines personnes, comme les familles monoparentales ;
    - le système de chèques alimentaires, initié ou mis en place.

    Je reste bien entendu attentive à l’évolution des besoins de ce secteur et je poursuis le développement des agréments des restaurants sociaux et des épiceries sociales qui assurent un soutien financier pérenne.