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L’utilisation des écluses pour produire de l’électricité

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 343 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 23/01/2024
    • de AGACHE Laurent
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Depuis des millénaires, l'être humain a compris qu'il pouvait tirer avantage de la force de l'eau. Depuis le début de notre ère « électrique », l'hydroélectricité a toujours tenu une place importante dans la production d'électricité en Europe et dans le monde.

    Le principe de fonctionnement des centrales électriques hydrauliques est relativement simple : l'eau actionne des turbines qui entraînent des alternateurs. Ces alternateurs transforment l'énergie mécanique développée par les turbines en énergie électrique.

    Une des méthodes pour produire l'électricité est l'utilisation de la vis sans fin. La vis d'Archimède est ainsi installée sur un cours d'eau et tourne sur elle-même grâce au mouvement de l'eau, créant ainsi de l'électricité. Une importante installation de ce type existe notamment sur le canal Albert.

    D'après des informations recueillies sur le terrain auprès d'éclusiers, les vis sans fin de nos écluses wallonnes ne seraient pas souvent exploitées pour produire de l'électricité, alors que le potentiel d'utilisation existe bel et bien.

    Existe-t-il des projets, des analyses ou des études sur une possible utilisation des écluses wallonnes pour produire de l'électricité, et plus particulièrement via ces vis sans fin ?

    Est-il imaginable de créer une structure locale autour de nos écluses qui encadrerait ainsi la production de l'électricité au niveau communal ou intercommunal, comme certaines coopératives le font pour des éoliennes ?
  • Réponse du 20/03/2024
    • de HENRY Philippe
    Une écluse est un ouvrage de franchissement d’une chute d’eau, liée à un barrage qui régule une retenue d’eau qui a été aménagée pour permettre la navigation.

    Ces barrages mobiles régulent donc le débit traversant l’ouvrage de manière à maintenir le plan d’eau à l’amont dans une certaine plage de niveau.

    La production d’hydroélectricité sur ces ouvrages consiste à capter ce débit ou une partie de celui-ci dans des machines et ainsi transformer l’énergie hydraulique de la chute en énergie électrique.

    Différents modes d’exploitation sont possibles : des centrales hydro-électriques traditionnelles construites en dérivation du fleuve avec des chenaux d’amenée et de rejets ou, plus récemment, directement intégrées au barrage lui-même.

    Historiquement, les centrales ont été construites sur ce modèle en dérivation. C’est ainsi le cas des ouvrages de Grands-Malades, Andenne, Ampsin, Ivoz, Monsin et Lixhe sur la Meuse. Ces centrales sont assez coûteuses, notamment par les dépenses de construction des ouvrages de génie civil qui y sont associés. Historiquement, ces centrales se sont donc déployées sur des sites avec un potentiel hydroélectrique (produit du débit par la chute) important.

    Avec l’avènement du mécanisme des certificats verts, les seuils de rentabilité ont pu être abaissés et certains projets ont ainsi pu voir le jour. Afin de contenir les coûts, ces projets exploitent les barrages déjà existants (pertuis de barrage) et permettent d’équiper des sites qui étaient jusque-là non rentables d’équiper. Ces sites ont été équipés via des mécanismes de concessions, pilotés par la SOFICO. Sont concernés la Basse Sambre, certains ouvrages sur l’Ourthe et surtout la Haute-Meuse (en amont de Namur) qui offrait le potentiel le plus important. Ce programme de concession, initié au milieu des années 2000 a permis d’équiper la majorité des sites en Régie wallonne.

    Un de ces sites, celui de Monceau sur Sambre, a été équipé par le concessionnaire d’un système de vis, les autres sites utilisant d’autres technologies de turbines plus classiques.

    En plus de ces aménagements sur des ouvrages existants, les nouveaux projets d’infrastructures intègrent cet aspect de production hydro-électrique chaque fois qu’il fait sens. Ainsi, les nouveaux barrages construits à Kain et Hérinnes ont prévu un aménagement spécifique pour exploiter la chute à l’aide de vis d’Archimède. Il en va de même pour les pompes des nouvelles stations de pompage de Marchienne et Gosselies sur le canal Charleroi-Bruxelles qui ont été conçues de manière à pouvoir exploiter des apports d’eau excédentaires sur le canal par le biais de machines réversibles, également basées sur une technologie de vis d’Archimède.

    En ce qui concerne le mode d’exploitation, différents scénarios sont possibles, notamment en fonction de la production de l’installation et des besoins des infrastructures adjacentes. La majorité des installations évoquées ci-dessus (Meuse et Sambre) sont exploitées selon un modèle classique avec injection sur le réseau et vente de l’énergie produite. Pour des unités plus petites, dimensionnées et intégrées aux ouvrages, la valorisation de l’énergie produite peut se faire en totalité ou en partie sur l’infrastructure où elle est construite. Dans le cas où la production est excédentaire par rapport à la consommation propre, des modèles orientés plus vers la communauté pourraient être envisagés, permettant ainsi de générer une valeur accrue pour l’énergie produite.

    Les prochains ouvrages qui feront l’objet d’une rénovation seront les barrages de la haute Sambre et il est envisagé qu’ils intègrent des moyens de production d’énergie hydroélectrique. Selon les premières esquisses, ces projets reposent sur l'utilisation de vis, mais avec des capacités réduites afin de s'adapter au potentiel de la rivière.