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La propagation de maladies par les ratons laveurs

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 242 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 23/01/2024
    • de COURARD Philippe
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Comme le relate Madame la Ministre dans sa réponse à la question 697, le raton présente une menace pour la santé humaine de par la transmission de zoonoses.

    Au-delà des conséquences de l'invasion de l'espèce sur la biodiversité qu'elle évoque, les préoccupations se concentrent en effet également sur les menaces pour la santé publique. Il me semble dès lors impératif de comprendre le rôle des ratons laveurs en tant que vecteurs de maladies.

    Si j'entends bien que la régulation de la population des ratons laveurs ne doit pas uniquement se concentrer sur l'élimination pure et simple, il me semble que cette action ne doit pas pour autant être négligée et se doit d'être encadrée de la meilleure manière. Les autorités sanitaires recommandent d'ailleurs, à juste titre, d'éviter tout contact direct avec ces animaux lors de leur élimination en raison des dangers potentiels associés.

    Compte tenu des coûts financiers associés à la prise en charge des ratons laveurs morts par un clos d'équarrissage, il est pertinent de se demander comment rendre ces mesures plus accessibles sur le plan financier pour les citoyens et les communes. Il me revient qu'une solution beaucoup moins adaptée, à savoir l'abandon de carcasses en bordure de forêt, semble monnaie courante. Avec les risques que cela engendre en matière de propagation des maladies via les autres animaux forestiers bien entendu.

    Cela ne constitue-t-il pas un danger ?

    Madame la Ministre a-t-elle fait évaluer le risque ?

    Des propositions d'actions sont-elles en préparation actuellement pour atténuer ce danger sanitaire lié à la prise en charge des carcasses ?
  • Réponse du 08/04/2024
    • de TELLIER Céline
    Nous sommes en effet attentifs aux aspects sanitaires relatifs à la présence des ratons laveurs sur notre territoire. Depuis plusieurs années, une surveillance des risques sanitaires des animaux sauvages, y compris des ratons laveurs, est assurée par le Service de la santé et des pathologies de la faune sauvage de l’Université de Liège (ULiège) sous convention avec le Service public de Wallonie (SPW) et ce, en collaboration étroite avec le Département de la nature et des forêts (DNF), le service de piégeage et le Département de l’environnement et du milieu naturel et agricole (DEMNA) du SPW.

    Les analyses effectuées par le laboratoire de l’ULiège sur les carcasses de ratons laveurs ciblent une série de maladies zoonotiques, c’est-à-dire transmissibles à l’humain, dont la leptospirose, l’échinococcose et la baylisascariose. La leptospirose est une maladie bactérienne pour laquelle le réservoir animal est très vaste, y compris le raton laveur. L’échinococcose alvéolaire est une maladie parasitaire, rare chez l’humain, mais potentiellement mortelle. Ce parasite est fréquemment détecté chez le renard. À l'instar d'autres carnivores, les ratons laveurs pourraient devenir des vecteurs de l'échinococcose. En 2021 et 2022, au total 88 ratons laveurs ont été autopsiés. Les analyses laboratoires ont permis de détecter des leptospires sur deux carcasses de ratons laveurs et de détecter un cas d’échinococcose alvéolaire. La baylisascariose est une pathologie causée par un ver parasite du raton laveur qui se transmet par l’ingestion d’œufs excrétés dans les matières fécales. Ce parasite peut rarement être transmis à l’humain. En Belgique, aucun raton laveur n'a encore été détecté positif à Baylisascaris procyonis. Cependant, cette maladie est présente en Allemagne et aux Pays-Bas, et pourrait donc être introduite dans nos régions.

    Le risque sanitaire actuel que représentent les carcasses de ratons laveurs n’est pas alarmant, mais souligne la nécessité du port d'équipements de protection individuelle tels que des gants et un masque buccal, lors de la manipulation d’une carcasse de raton laveur, comme pour toute manipulation de carcasses d’animaux sauvages. Même si la gestion appropriée des carcasses de ratons laveurs reste essentielle pour minimiser les risques sanitaires et de salubrité publique, il n’est pas nécessaire de recourir à une recherche active de celles-ci pour les éliminer. Les processus naturels d’élimination de celles-ci dans l'écosystème ne présentent qu’un risque négligeable.

    En cas de découverte de carcasses de ratons laveurs par un particulier, il est recommandé de contacter les autorités communales qui sont subsidiées pour cette gestion. Les services du SPW Mobilité et Infrastructures, quant à eux, gèrent les carcasses retrouvées au niveau des voiries ou des cours d’eau gérés par la Région wallonne. Ces carcasses vont au clos d’équarrissage. Dans le cas de découverte de carcasses de ratons laveurs sur un territoire régional, les services du DNF et les piégeurs disposent de bacs d’équarrissage régulièrement vidés par le clos d’équarrissage. Il est à noter que, selon le niveau de risque de la zone, un échantillonnage des carcasses de ratons laveurs est effectué pour autopsie et analyse des agents zoonotiques décrits plus haut.

    Comme l’honorable membre le constate, nous sommes vigilants et attentifs aux aspects sanitaires liés à la présence des ratons laveurs sur notre territoire.