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Les perspectives concernant le nourrissage des sangliers

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 266 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/01/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Monsieur le Ministre, responsable de la chasse, avait initialement prévu de mettre progressivement fin au nourrissage des sangliers en Wallonie pour contrôler leur population.

    Le nourrissage est présenté comme une méthode pour attirer les sangliers dans des zones spécifiques afin de faciliter leur chasse et de réduire leur population dans les forêts wallonnes. Cependant, certains dénoncent des abus, avec des chasseurs utilisant le nourrissage pour créer des surpopulations de sangliers.

    Un article de presse informe que cette intention a été abandonnée, avec comme justification qu'il faut d'abord évaluer l'impact des nouvelles mesures de destruction des sangliers.

    Quels étaient les objectifs initiaux de Monsieur le Ministre en proposant la fin progressive du nourrissage des sangliers en Wallonie ?

    Quelles sont les critiques formulées à l'encontre de cette mesure ?

    Quels sont les facteurs qui ont influencé la décision de Monsieur le Ministre d'abandonner le projet d'arrêté ?

    Quelles sont les autres mesures envisagées pour contrôler la population de sangliers ?

    Quels sont les paramètres complexes du monde de la chasse mentionnés par Monsieur le Ministre et en quoi peuvent-ils rendre le travail dans ce domaine difficile ?

    Quelles sont les analyses des communes concernées par la problématique ?

    Quelle est la suite qu'il donnait à l'avis du Conseil d'État concernant l'arrêté communal de Stoumont ?

    Quel pourrait être l'impact sur d'autres communes ?

    Quelles sont, à l'heure actuelle, ses pistes de réflexion en la matière ?
  • Réponse du 20/02/2024
    • de BORSUS Willy
    Mes objectifs initiaux, en proposant de réglementer le nourrissage des sangliers, étaient de mettre fin à certaines pratiques excessives, mais aussi que le nourrissage joue pleinement son rôle afin de prévenir les dégâts aux cultures et la surdensité de gibier. Néanmoins, cette mesure à elle seule ne pouvait être satisfaisante sans des prélèvements accrus d’individus. Ainsi, dans d’autres régions et/ou pays où le nourrissage est strictement interdit, l’issue n’est pas positive : le phénomène de prolifération s’étend en Europe. C’est pour cette raison que j’ai parallèlement déposé sur la table du Gouvernement l’arrêté destruction. Ce dernier est d’ailleurs passé en troisième lecture ce 20 décembre 2023 et sera publié sous peu au Moniteur belge.

    Ma proposition de réduire drastiquement les quantités du nourrissage n’ayant hélas pas été retenue par nos partenaires, c’est vers la fin progressive du nourrissage des sangliers en Wallonie durant la saison de chasse et la période hivernale que s’était orienté le texte.

    L’arrêt éventuel du nourrissage durant une période de l’année a été la cible de nombreuses critiques bien compréhensibles. Les premières émanant du Pôle ruralité, qui n’a pas réussi à s’accorder, et plus largement aussi par l’ensemble des acteurs. Les associations environnementales estiment que la mesure ne va pas assez loin et souhaite l’arrêt total immédiat. Le secteur agricole, forestier et les pouvoirs locaux sont eux, à juste titre, très inquiets pour les dégâts sur leurs propriétés, dans leurs prairies ou cultures, et réclamant une intervention financière de la Région wallonne. Enfin les chasseurs estiment ne plus disposer de moyens de rétention des animaux. Enfin les pouvoirs locaux, les agriculteurs et les propriétaires forestiers considèrent comme très important de diminuer en priorité les populations via les prélèvements.

    Nous savons que le taux de reproduction des sangliers est très influencé par des facteurs extérieurs comme les conditions météorologiques ainsi que par la disponibilité alimentaire (fructification forestière); cela rend dès lors impossibles les estimations précises d’une année à l’autre. On constate également un changement dans les mœurs des sangliers de plus en plus nocturnes, rendant certaines actions de chasse, comme l’affût, de plus en plus compliquées en termes de résultats. C’est pourquoi, en plus des plans des tirs volontaires, j’ai également soumis au Gouvernement des nouvelles mesures en matière de destruction qui ont été validées et qui doivent encore être publiées au Moniteur belge.

    Parmi les nouvelles dispositions, il y a la destruction via le tir de nuit, le piégeage ou encore la destruction depuis des engins agricoles. Autant de mesures, qui, je l’espère, auront un impact significatif sur les populations de suidés. La prolongation de la chasse jusqu’au 20 février n’ayant pas non plus été validée par le Gouvernement en seconde lecture, j’ai vivement encouragé les titulaires de droit de chasse via les conseils cynégétiques, à introduire des demandes de battues de destructions en remplacement des battues traditionnelles.

    Pour conclure, les acteurs s’accordent sur le constat qu’on observe moins de sangliers à certains endroits, mais, globalement, la présence de sangliers reste beaucoup trop importante. Il est donc probable que la diminution des populations s’amorce dans certains secteurs à la suite d’importants prélèvements de ces dernières années, mais que cette diminution est encore beaucoup trop partielle. Nous sommes convaincus d’être sur la bonne voie et que nous devons amplifier les efforts.

    Concernant le dossier relatif à l’interdiction de nourrissage sur la Commune de Stoumont, le Conseil d’État n’a pas annulé la décision prise par la commune et validée par ma collègue, Céline Tellier. Un nouveau recours a été introduit par les chasseurs. À ce stade, il n’y a pas encore assez de recul pour tirer des conclusions sur les effets négatifs ou positifs de cette mesure.