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Les investissements dans la production de carburants de synthèse

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 300 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 02/02/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Malgré l'adoption par l'Union européenne de l'initiative ReFuelEU aviation visant à réduire l'impact des vols sur le climat en fixant des quotas pour l'utilisation de carburant durable pour l'aviation (CAD), les investissements dans la production de carburants de synthèse sont insuffisants pour atteindre les objectifs fixés.

    Les carburants verts, tels que ceux produits à partir d'huiles de cuisson usagées, sont actuellement utilisés pour répondre aux objectifs, mais leur disponibilité est limitée. Les carburants de synthèse, bien que prometteurs, nécessitent des investissements qui ne se concrétisent pas encore.

    Des représentants de compagnies pétrolières ont souligné le besoin de subventions supplémentaires pour encourager ces investissements, tandis que des experts ont contesté cette affirmation, arguant que la technologie est disponible depuis des décennies, mais que les quotas fixés par l'Union européenne sont insuffisants pour stimuler les investissements nécessaires.

    Quelles sont la lecture et l'analyse de Monsieur le Ministre en la matière ?

    Comment la Région wallonne prévoit-elle de répondre à l'incertitude concernant les investissements dans la production de carburants de synthèse, étant donné leur importance pour atteindre les objectifs de réduction des émissions dans le secteur de l'aviation, tel que souligné dans le document ?

    Face aux défis liés à la disponibilité limitée des carburants verts, quelles mesures la Région wallonne compte-t-elle prendre pour diversifier les sources de carburant durable pour les aéroports wallons, en tenant compte des recommandations de la Cour des comptes européenne ?

    Comment le Gouvernement wallon envisage-t-il de stimuler les investissements dans la production de carburants de synthèse, notamment en répondant aux préoccupations des compagnies pétrolières concernant le manque de rentabilité de ces investissements sans subventions supplémentaires ?

    Quels partenariats la Région wallonne envisage-t-elle de développer avec l'industrie et les institutions de recherche pour favoriser l'innovation et la production de carburants de synthèse en Wallonie, conformément aux objectifs de réduction des émissions dans le secteur de l'aviation ?
  • Réponse du 27/02/2024
    • de BORSUS Willy
    Dans le cadre du Plan national de relance et de résilience et du Plan de relance de la Wallonie, le Gouvernement a confié à WE la construction d’une roadmap de la décarbonation de l’industrie en Wallonie ainsi que d’un outil d’aide à la décision ayant un focus sur les PME.

    Les e-carburants font partie intégrante de la roadmap. Leur potentiel pour la décarbonation, leur utilisation par différents secteurs, leur production locale et leur importation ainsi que les éléments de coûts y seront expliqués. La roadmap et l’outil d’aide à la décision seront disponibles fin juin 2024.

    Concernant les partenariats que la Région wallonne envisage de développer avec l'industrie et les institutions de recherche pour favoriser l'innovation et la production de carburants de synthèse en Wallonie, conformément aux objectifs de réduction des émissions dans le secteur de l'aviation, la majorité des investissements dans le domaine de la R&D destinés aux entreprises sont octroyés dans un processus bottom-up. La part privée des moyens octroyés à la R&D restant conséquente, ces projets sont majoritairement liés à la stratégie propre de chaque entreprise.

    Les initiatives développées dans le cadre du Plan national de relance et de résilience et du Plan de relance (PNRR) de la Wallonie ont ainsi permis d’inciter différents projets.

    1. Le projet KéroLhyme, a pour objectif de développer via un partenariat entre les sociétés Engie et Lhoist, un projet industriel pour produire du kérozène de synthèse avec un électrolyseur de 100 MW. Les briques technologiques nécessaires au process devaient préalablement être développées dans le cadre du projet N-kéro-Lime. Ce projet, soumis au travers de l’appel à projets Pôles de compétitivité lancé en juillet 2021 par les Pôles Greenwin et MecaTech (financement via le PNRR), se clôturera en 2026. La soumission du projet KéroLhyme pourra s’envisager alors.

    2. Par ailleurs, les travaux de priorisation des chaînes de valeur, menés au sein du Joint Economic Forum, permettront probablement des définir les contours des futurs IPCEI (« Projets importants d’intérêts européens communs) dont la thématique « valorisation du CO2 » au sens large fera très probablement partie.

    3. Précédemment, d’autres initiatives ont été financées dans la production de carburants de synthèse au travers de projets accompagnés par le Pôle Mecatech et soutenus par le SPW Recherche. On notera le projet Phoenix qui a abouti à la mise en place d’un pilote de production chez Comet Traitement pour la production de carburants liquides. L’idée était de convertir la fraction organique ultime contenue dans les résidus de broyage des déchets métalliques en carburants liquides, mais aussi en carbone, utilisable en métallurgie. La suite de Phoenix a fait l’objet d’un nouveau projet, Phoebus, qui a débuté le 1er avril 2014 et doit se terminer le 31 décembre 2024. L’objectif vise le développement d’un nouveau procédé intégré de purification et de valorisation de carburants de synthèse au travers d’un démonstrateur fonctionnel de cogénération. Ces développements visaient, à terme, la commercialisation d’une gamme complète d’unités de cogénération fonctionnant avec des carburants liquides de synthèses, mais les résultats obtenus jusqu’à présent ne permettent pas encore le développement à court terme de la solution de cogénération envisagée pour le concept Phoebus à l’échelle industrielle. Le projet aura permis de maîtriser les paramètres critiques du procédé de purification.