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La pénurie de médecins généralistes en Wallonie picarde

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 246 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/02/2024
    • de DUPONT Jori
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Ce lundi 29 janvier, la presse a publié les derniers chiffres de l'AViQ concernant la pénurie de médecins généralistes en Wallonie picarde.

    Malgré une situation jugée globalement satisfaisante dans l'arrondissement, certaines communes sont néanmoins reprises parmi celles en pénurie : Brunehaut, Comines-Warneton, Estaimpuis, Frasnes-Lez-Anvaing, Leuze-en-Hainaut, Mont-de-l'Enclus et Rumes.

    Au total, dans ces sept communes, il manque 18 équivalents temps plein pour arriver à la norme minimale de 90 médecins par 100 000 habitants.

    Dans sa Déclaration de politique régionale, le Gouvernement promettait, entre autres choses, de favoriser l'installation de médecins généralistes en priorité dans les zones en pénurie, notamment les zones rurales ainsi que dans les zones où les indicateurs d'inégalités sont très élevés.

    Mais force est de constater que, malgré une légère augmentation de la densité médicale (+9% en équivalent temps plein), la pénurie n'est pas résorbée aujourd'hui. Les chiffres de l'AViQ font aussi état d'une baisse significative de la proportion de médecins de moins de 30 ans choisissant de s'installer dans des communes en pénurie ou en pénurie sévère 2016 et 2022.

    Un autre aspect inquiétant est le nombre important de médecins de plus de 65 ans. Dans le Hainaut, en 2022, ils étaient 285, ce qui représente 21,2% de tous les généralistes en activité dans la province.

    Pourquoi la pénurie de médecins est-elle toujours là malgré les promesses faites par le gouvernement il y a cinq ans ?

    D'ici la fin de la législature, quelles mesures Madame la Ministre va-t-elle prendre pour augmenter l'offre médicale dans les communes en pénurie et pour assurer le remplacement des médecins partant à la retraite ?
  • Réponse du 21/02/2024
    • de MORREALE Christie
    Les compétences en ce qui concerne la médecine générale sont partagées entre le Fédéral, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne. La fixation des quotas de médecins et sous-quota de médecins généralistes ne relève pas des compétences de la Région.

    En 2016, l’AViQ a réalisé un premier cadastre des médecins généralistes afin de mettre en évidence les pénuries qui existaient en Wallonie.

    À la suite de ce cadastre, le Gouvernement wallon a modifié le dispositif Impulseo afin de mieux cibler les besoins. Avant 2017, la pénurie était déterminée par cercle. Depuis lors, la reconnaissance se fait commune par commune. L’arrêté de 2017 a également ajouté la notion de pénurie sévère et octroyé aux médecins qui s’installent dans une de ces communes une prime plus élevée qui est de 25 000 euros.

    Des dispositifs, Impulseo II et III, pour l’intervention dans les coûts salariaux d’employés de médecins généralistes et dans les coûts de télésecrétariat, ont également été mis en place afin de dégager les médecins de certaines charges administratives et de favoriser la rétention des médecins.

    Depuis 2017, il y a eu une augmentation substantielle des aides Impulseo en Région wallonne.

    Ainsi, pour Impulseo I, il est constaté depuis 2017 une nette augmentation dans les attributions de primes (62 en 2017, 118 en 2022, 94 en 2023, qui est un chiffre provisoire, car des dossiers sont toujours en cours de traitement).

    Pour ce qui concerne Impulseo II, le nombre de médecins qui en bénéficient est passé de 1 148 en 2018 à 1 346 en 2023. Pour Impulseo III, ce nombre est passé de 285 en 2018 à 571 en 2023.

    D’autre part, le nombre d’associations santé intégrée (ASI) a également augmenté.

    Depuis mon entrée en fonction en septembre 2019, j’ai agréé 28 ASI, dont quatre dans le Brabant Wallon, 10 dans la province de Namur, trois en province de Luxembourg, cinq dans le Hainaut et six en province de Liège.

    Ces ASI, qui se développent également en zone rurale, permettent une meilleure accessibilité à la médecine générale, une meilleure continuité des soins, mais également une meilleure qualité de vie pour les médecins qui y ont, par exemple, des horaires fixes et plus légers que les médecins plus âgés qui travaillent en solo, ce qui contribue à l’attractivité et à la rétention de personnel de soins.

    Pour ce qui concerne les prochaines années, l’augmentation des quotas sous la forme de 929 médecins, dont la moitié devrait s’orienter vers la médecine générale, ne montrera ses effets qu’en 2031 puisqu’il faut neuf ans pour former un médecin généraliste.

    Augmenter les sous-quotas pour avoir plus de ces médecins qui s’orientent vers la médecine générale serait une option, mais il convient de ne pas oublier qu’il existe également des pénuries de spécialistes (gériatrie, psychiatrie, biologie clinique, rhumatologie, médecine physique et revalidation, médecine interne, anatomie pathologique, oncologie) comme le mentionne l’avis de 2023 de la commission de planification sur le contingentement des médecins.

    Les médecins qui termineront leur spécialisation en médecine générale ne seront pas suffisants pour combler la pénurie et remplacer les cessations d’activités. En effet, ces cessations d’activité sont liées le plus souvent à des départs à la retraite, mais aussi à des réorientations professionnelles dans le monde médical de manière générale, dans les soins de santé.

    Et ces prévisions ne tiennent pas compte des modifications du temps de travail chez les jeunes médecins. Comme l’a montrée l’enquête réalisée par le SPF santé en 2022, les jeunes médecins souhaitent travailler moins d’heures et estiment qu’une semaine de travail idéale est de 38 à 40 heures. Il faudrait donc sans doute, 1,5 jeune médecin pour remplacer un ancien médecin.

    Dans la suite des travaux de Proxisanté, un groupe de travail « Médecine générale » a été mis sur pied. Une réflexion est ainsi entamée, en concertation avec les représentants des médecins afin d’affiner les critères de reconnaissances de pénurie. Parmi les pistes explorées, il y a notamment la prise en compte du vieillissement de la population, via la proportion de la population bénéficiant d’un statut BIM ou d’un statut malade chronique, puisque les personnes âgées et les personnes atteintes d’une maladie chronique consultent plus souvent un médecin généraliste.

    La problématique des zones à risque où les médecins sont plus âgés ou en fin de carrière y a été évoquée également.

    Le GT a également mis en exergue que les aides proposées doivent être complémentaires à d’autres dispositifs permettant l’ancrage durable des médecins au sein de ces zones en pénurie via la mise à disposition de logements ou de cabinets, la prise en compte de l’entourage familial du médecin concerné, la communication vers la population du territoire concerné, etc.

    Les chiffres 2022 sont disponibles sur le site de l’AViQ. En ce qui concerne 2023, l’AViQ est en attente des derniers chiffres en provenance des cercles de médecine générale. Le cadastre actualisé sera disponible au 1er juillet 2024.