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L’installation de nouvelles entreprises en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 313 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/02/2024
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le site « wallonia.be » a notamment pour objectif de promouvoir l'investissement et les potentialités économiques de notre territoire, et je ne doute pas une seconde que nous en ayons.

    En effet, la Wallonie jouit de terrains industriels, de zonings, et aussi (malheureusement) de friches à reconvertir, qui peuvent séduire les investisseurs extérieurs ainsi que ceux de notre propre pays.

    Nos écoles et universités regorgent de jeunes diplômés qui ne demandent qu'à pouvoir exercer leurs talents au profit de la Wallonie

    Monsieur le Ministre voudrait-il nous informer du nombre d'entreprises qui ont migré de Bruxelles et de la Flandre vers la Wallonie depuis 2021 ?

    Depuis 2021, combien d'entreprises se sont-elles établies en Wallonie ?

    A contrario, des entreprises wallonnes ont-elles émigré vers les deux autres Régions du pays ?

    Quels sont les facteurs qui expliquent l'attractivité ou le déficit d'attractivité de la Wallonie ?
    Qu'a fait Monsieur le Ministre pour pallier le constat, le cas échéant ?

    En outre, qu'a-t-il été mis en place pour favoriser l'embauche d'une main-d'œuvre wallonne ?
  • Réponse du 27/02/2024
    • de BORSUS Willy
    Concernant les flux migratoires d'entreprises entre Bruxelles et la Flandre d'une part, et la Wallonie d'autre part, voici les données dont nous disposons (source STATBEL) :
    • en 2021 et 2022, 2 385 sociétés bruxelloises et 1 257 sociétés flamandes ont déménagé en Wallonie, ce qui représente un total de 3 642 entreprises ;
    • dans le même temps, 2 641 entreprises wallonnes ont décidé de quitter la Wallonie : 1 563 se sont établies à Bruxelles, contre 1 078 en Flandre ;
    • il en résulte donc, sur les deux années considérées, un solde migratoire positif pour la Wallonie de 1 001 entreprises, lequel est respectivement de +822 entreprises avec Bruxelles et +179 avec la Flandre.

    La Wallonie présente une attractivité résultant de la spécialisation de son économie et de son territoire, majoritairement pour des investissements plus modestes, mais qui concourent à alimenter la chaîne de valeurs de nos écosystèmes forts, au gré de centres de recherche, d’infrastructures remarquables (notamment dans les sciences du vivant et la logistique), mais également de PME qui grandissent avec vigueur et efficience dans nos différents parcs industriels.

    L’AWEx identifie plusieurs facteurs qui peuvent freiner l’avancement de certains dossiers d’investissements étrangers :
    - les coûts salariaux ;
    - la pénurie de certains types de profils ;
    - le coût de l’énergie et la puissance électrique. Nos concurrents immédiats, la France (Nord) et les Pays-Bas sont nettement mieux armés que nous pour attirer des investisseurs. Si on prend l’exemple de Cargill, la société occupe déjà quelque 75 % de personnel français. D’après la dernière étude de FEBELIEC en mai 2023, le prix de l’électricité est 4 fois moindre en France qu’en Belgique ;
    - la réglementation sur le travail de nuit ou encore la réforme des droits d'auteur et l’exclusion des entreprises technologiques (qui relèvent du niveau fédéral) ;
    - le manque de terrains « greenfields » correctement équipés ou bâtiments existants adaptés de grande ampleur (hors Caterpillar), ou des obligations techniques de certaines intercommunales (spécialisation du territoire, obligation de maintenance de la voie ferrée sur le dernier grand terrain de Ardennes Logistics à Neufchâteau par exemple) ;
    - la nécessité d’une mise à disposition plus rapide des terrains disponibles ; les investisseurs ressentent de plus en plus un manque de garanties en amont de délivrance des permis.

    La disponibilité de terrains de grande superficie est évidemment un sujet particulièrement sensible et la pression pour ne pas libérer de terrains agricoles à des fins économiques est particulièrement forte - tant de la part des riverains que de la part de nombreuses associations environnementales. Ce n’est d’ailleurs pas une piste prioritaire pour nous. Pointons également les lourdeurs administratives, les nombreuses possibilités de recours et les délais particulièrement longs qui sont pratiqués en la matière.

    Le Gouvernement a pris différentes initiatives afin d’améliorer la situation et les perspectives sont encourageantes, grâce au développement de plusieurs sites, essentiellement celui de Chertal à Liège, mais également à Seraing, et Carsid à Charleroi.

    Ces projets présentent la capacité de faire émerger des activités innovantes, d'accueillir de nouvelles activités industrielles, ainsi que de contribuer à développer des activités à haute valeur ajoutée autour des écosystèmes wallons. De très importants efforts sont entrepris afin de libérer d’anciennes friches industrielles, de les assainir et de les mettre sur le marché. Les délais sont toutefois longs et les coûts importants.

    Par ailleurs, mon cabinet travaille étroitement avec le Secrétariat général et une consultance externe afin de mettre sur pied un système « Fast Track » visant à faciliter l’accès aux administrations pour les projets d’installation et de développement d’ampleur en Wallonie. Dans un premier temps, ce système devra s’adresser aux projets qualifiés de « stratégiques » pour la Région en termes d’investissement. Sur le long terme, l’ensemble des entreprises de notre Région devraient pouvoir en bénéficier. Je présenterai un rapport ainsi qu’un plan d’action au Gouvernement d’ici la fin du premier quadrimestre.

    Toujours pour s’inscrire dans une Wallonie « business friendly », un point d’attention très sensible aujourd’hui relève des permis de travail pour lequel nous devons être attentifs à ce que notre réglementation et son interprétation ne soient pas plus strictes que celles de la Flandre et de Bruxelles, ce qui nous met donc dans une position de concurrence très défavorable pour attirer les talents des entreprises étrangères. Ma collègue Christie Morreale a largement travaillé à une révision positive des textes avec son administration.

    Dans ce contexte, l’AWEx me confirme poursuivre ses objectifs de repositionnement dans le cadre de la prospection d’investissements pérennes, durables et stratégiques.

    Si le territoire wallon manque de compétitivité à l’échelle internationale, nous pouvons cependant affirmer que l’économie wallonne est et demeure attractive pour accélérer le business des investisseurs étrangers.

    La spécialisation des outils de prospection basés sur la stratégie S3 et de promotion des écosystèmes structurants renforçant les domaines d’innovation stratégiques (DIS) porte ses fruits, avec, par exemple, ces dossiers dans l’écosystème des batteries, soutenus au travers de Wallonie Entreprendre, pour répondre à la question de l’honorable membre sur le secteur de l’automobile.

    En prenant un peu de hauteur, les dossiers en cours qui se montent à près de 2.5 milliards d’euros d’investissements potentiels me confirment que la structuration de nos écosystèmes est porteuse et attractive pour des investisseurs étrangers.

    Les 4 secteurs les plus attrayants sont :
    • le biomanufacturing des écosystèmes bio-pharma ayant choisi la Wallonie (et ses parcs dédiés) pour rayonner en Europe ;
    • les aliments-santé, croisement entre l’agro-industrie et les sciences du vivant ;
    • Le recyclage (métaux, plastiques, bois, textiles, etc.) dans une économie davantage circulaire ;
    • la logistique sur mesure (supply chain pour les nouveaux matériaux -batteries-, bio-logistique, e-commerce, recyclage).

    Tous les investisseurs soulignent la force de ces écosystèmes existants pour accélérer leur business, la proximité des centres de décisions européens, des grandes capitales facilement atteignables et la logistique permettant le right time to market.

    Dans le secteur des batteries, nous ne pourrons concurrencer les montants investis par la France (1.5 Mrd pour soutenir Prologium/Taiwan à Dunkerque, crédit d’impôt de 25 à 40 % pour l’industrie décarbonée annoncés par le Président Macron récemment), où le Gouvernement allemand qui traite directement avec la Commissaire Verstager pour un subside de 500 M d’euros pour le dossier Northvolt, mais la Wallonie peut clairement tirer profit de la chaîne de valeur de ces gigafactories, tant en termes de sous-ensembles, de maintenance, de matières premières (en amont), de recyclage grâce à notre localisation idéale au cœur des consommateurs (en aval), ou de la supply chain au départ de plateformes multimodales.

    Un dernier point de positionnement de la Wallonie dans les secteurs d’avenir résulte de la localisation idéale pour la supply chain et la réindustrialisation.

    L’AWEx est ainsi aux côtés des entreprises et sur les enjeux spécifiques et pour favoriser la résilience :
    • en accompagnant la stratégie internationale des entreprises et leur compréhension des enjeux de la chaîne de valeur (analyse de risques, évolutions importantes des marchés, contexte mondial) ;
    • en tenant compte des évolutions géopolitiques, économiques, des mesures spécifiques sont mises en place, comme par exemple en réponse au Brexit ;
    • en sensibilisant les entreprises à une plus grande connaissance des enjeux des chaînes de valeur (analyse de risques, gestion de stock, et cetera) via des accompagnements spécifiques ou des séminaires ;
    • en les accompagnant dans la recherche de nouveaux fournisseurs ou de fournisseurs alternatifs via le réseau des conseillers économiques et commerciaux ;
    • en les informant par des sessions d’informations sur les compréhensions des enjeux en supply chain ;
    • en organisant des groupes de travail spécifiques sur les enjeux en approvisionnement (ex : dans le secteur biopharma avec Essenscia) ;
    • en analysant des chaînes de valeurs et enjeux spécifiques des filières.