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Les travaux à l’étang de Chawion

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 289 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 15/02/2024
    • de GARDIER Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'étang de Chawion est un point d'eau calme, créé par la main de l'homme au début du XXe siècle dans la commune de Theux. Celui-ci regorge d'une faune et d'une flore uniques dans la région.

    Malheureusement, depuis les inondations de juillet 2021, l'étang est menacé. En effet, à la suite d'une expertise réalisée par un bureau d'études et de la visite de terrain de la SPI et du SPW ARNE, les acteurs ont souligné la fragilité du lieu. Les digues menacent de s'effondrer et son étanchéité n'est plus assurée.

    Madame la Ministre a jugé que la meilleure solution était d'assécher l'étang afin d'en recréer les méandres et se rapprocher davantage du cours naturel du ruisseau. Ces travaux font partie de la liste « Quick Win » qui regroupe les premières interventions de reconstruction résiliente de la vallée de la Vesdre.

    Madame la Ministre a-t-elle pris en considération la biodiversité présente dans cet étang ?

    Les travaux pourraient-ils mettre à mal cette biodiversité ?

    Que va-t-il advenir de la faune et de la flore présente dans ce lieu humide ?
  • Réponse du 26/03/2024
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre le sait, la reconstruction résiliente de notre Région, suite aux inondations de l’été 2021, constitue pour moi une priorité. Nous devons impérativement anticiper les impacts du dérèglement climatique, en adaptant notre territoire et en préservant la nature. Comme je le dis souvent, la crise climatique et la crise de la biodiversité sont les deux faces d’une même pièce. Je suis donc particulièrement attentive à ces dimensions dans le cadre de nos différents projets. Vous connaissez également mon attachement particulier à renforcer la protection de la nature sur notre territoire.

    Ainsi, fin avril dernier, sur ma proposition, le Gouvernement wallon a validé la liste des premières interventions de reconstruction résiliente da la vallée de la Vesdre, baptisées « Quick Win ». Parmi ces chantiers, il était prévu d’étudier la situation de l’étang de Chawion. Je rappelle également que nous avons mandaté la SPI pour assurer la coordination de la reconstruction résiliente à l’échelle du bassin de la Vesdre. Cette collaboration prend la forme d’une convention de coopération horizontale avec la Région.

    En juin dernier, un bureau d’étude a été missionné pour réaliser une visite de terrain et dresser une expertise du site. À la suite de cette visite, le constat était très clair. Malheureusement, la digue est fortement fragilisée et son étanchéité n’est pas assurée. Elle ne peut donc plus assurer pleinement son rôle. Le risque de rupture en hautes eaux est assez important, présentant un risque pour la sécurité des personnes.

    Dès lors que le maintien de l’étang n’apportait pas de plus-value en termes de réduction du risque d’inondation, les experts ont proposé deux options d’aménagements, qui tiennent bien sûr compte de la biodiversité, un aspect au cœur de nos préoccupations, et relevé d’ailleurs par la section locale de Natagora.

    Ainsi, les deux solutions préconisent une renaturation du cours d’eau et une restauration de la continuité écologique, à savoir le transport des sédiments et la circulation des poissons. En outre, le libre écoulement des eaux permettrait un gain en termes de qualité physico-chimique des eaux. L’expertise a également démontré qu’il n’était pas pertinent de créer une zone d’immersion temporaire sur ce site au regard du faible bénéfice qu’aurait apporté, dans ce cas précis, un tel aménagement localisé en tête de bassin versant.

    En tenant compte de nos objectifs de résilience et de protection de la biodiversité, le maintien de l’étang en l’état n’est donc pas jugé pertinent par les experts. Par ailleurs, en adaptant l’étang, le projet participerait à la restauration de la continuité écologique de la rivière, c’est-à-dire, la continuité vis-à-vis des organismes aquatiques et du transport des sédiments, ainsi qu’à l’amélioration de l’hydromorphologie des cours d’eau, à savoir une amélioration de son fonctionnement permettant d’atteindre les objectifs réglementaires imposés par l’Europe, dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau, soit un bon état des masses d’eau.

    Je comprends pleinement l’attachement des citoyens et des citoyennes à cet élément de leur paysage, de leur quotidien, de leur environnement. Pouvoir bénéficier d’un lieu de ressourcement au plus proche de la nature est un gain indéniable en termes de qualité de vie. Je n’ai eu de cesse de soutenir des projets en ce sens depuis le début de mon mandat. Il est donc impératif de réfléchir à un projet qui permette aux citoyens de continuer à bénéficier d’un lieu au plus proche de la nature comme celui-ci, tout en assurant la protection des riverains face à de nouveaux risques de crues et en augmentant encore la biodiversité du site.

    Les aspects touristiques et didactiques sont bien sûr importants également, il est d’ailleurs envisagé de créer une passerelle de déambulation, ainsi que des panneaux didactiques qui expliqueraient les choix pris tant au niveau de l’hydrologie, de l’hydraulique et de la nature. Une partie patrimoniale pourrait être aussi mise en avant.

    Pour penser à un projet cohérent, il faut donc que le débat puisse avoir lieu en toute sérénité avec les citoyens et les responsables locaux ainsi que les experts concernés. C’est pourquoi, en février dernier, une réunion sur le terrain s’est tenue à nouveau. Toutes les parties prenantes « professionnelles » étaient présentes, afin de poursuivre la concertation environnementale. La commune de Theux, SPI, les services concernés de l’administration régionale (DEMNA, DNF, DCENN), ainsi que le bureau d’études, ont participé à cette réunion.

    Mais il faut mieux informer les citoyens, de manière tout à fait objective, sur les aménagements préconisés par les experts, leurs impacts sur le volet hydraulique, biodiversité, et hydromorphologique du cours d’eau, mais également en termes de coûts-efficacité. Je suis convaincue qu’une telle démarche permettrait de lever des interrogations et de rassurer, tout en écoutant les demandes légitimes des citoyens. C’est pourquoi j’ai mandaté la SPI afin d’organiser rapidement une séance d’information aux riverains et associations concernées, en présence des administrations impliquées dans ce dossier. Le bureau d’étude pourra ainsi présenter le projet d’aménagement et entendre les attentes des uns et des autres et leurs propositions pour préserver l’attractivité du site, renforcer la biodiversité et la qualité de ce cours d’eau.