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La pratique de "l’ouverture hollandaise"

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 125 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 19/02/2024
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Les nombreuses campagnes de sensibilisation invitant à utiliser son vélo lorsque c'est possible au lieu de son véhicule ont été fructueuses, même s'il faut toutefois admettre que la crise énergétique y aura, elle aussi, largement contribué.

    Les vélos, et les véhicules à deux roues dans leur généralité, sont de plus en plus nombreux sur nos routes et c'est une bonne chose pour la planète. Mais nous nous devons de garantir aux usagers le plus de sécurité possible.

    Parmi les accidents les plus fréquents les concernant, on retrouve l'« emportiérage » ou le fait d'ouvrir la porte de son véhicule sans la prudence requise et de renverser un véhicule deux-roues.

    Pour éviter ce type d'accident, un geste simple existe : il s'agit de la poignée hollandaise. Cette technique, comme son nom l'indique, nous vient des Pays-Bas, mais est elle aussi d'application au Canada. Elle consiste simplement à ouvrir sa portière avec la main opposée pour forcer la rotation du buste. La visibilité est alors plus grande à l'arrière et permet d'éviter les éventuels problèmes d'angle mort. Pratique à adopter tant au volant qu'en tant que passager. En 2023, la France a mené une grande campagne de sensibilisation à ce sujet.

    D'après les médias, le Parlement bruxellois souhaiterait rendre cette pratique obligatoire.

    Madame la Ministre pourrait-elle nous dire si la Wallonie compte suivre le mouvement ?

    A-t-elle été sollicitée par des associations de défense des deux-roues à ce sujet ?

    Quel est le taux d'accidents annuel en Wallonie dû à cette problématique ?
  • Réponse du 14/03/2024
    • de DE BUE Valérie
    Si, en janvier 2024, le Parlement bruxellois a adopté une résolution visant à demander d’intégrer la poignée hollandaise à la formation des conducteurs, une proposition de loi visant à instaurer et à imposer l’ouverture de portière à la hollandaise dans la circulation a été soumise aux Régions pour avis fin 2023.

    Comme l’honorable membre l’indique dans sa question, celle-ci consiste à ouvrir la portière avec la main la plus éloignée de la poignée. Cela contraint le conducteur à une plus grande rotation du buste et l’incite à regarder à l’arrière et permet d’éviter un éventuel angle mort.

    Dans notre pays, l’article 28 du Code de la route stipule ceci : « Il est interdit d’ouvrir la portière d’un véhicule, de la laisser ouverte, de descendre d’un véhicule ou d’y monter, sans s’être assuré qu’il ne peut en résulter ni danger ni gêne pour d’autres usagers de la route (en particulier les piétons et les conducteurs de véhicules à deux roues) ». La proposition de loi vise à introduire l’ouverture de portière à la hollandaise dans le Code de la route et à imposer ce système. Il s’agit d’un geste simple et efficace qui permet d’améliorer la sécurité des cyclistes et des autres usagers vulnérables.

    Cette pratique est vivement encouragée et pas uniquement pour les conducteurs. Les cyclistes se font en effet également heurter du côté opposé, par des passagers sortant du véhicule.

    Dans les données d’accidents, l’opposant au cycliste « est arrêté au bord de la route et ouvre la portière » dans 4 % des accidents corporels impliquant un vélo en Wallonie.

    Cette proposition a un impact en matière de sécurité routière même si aucune étude scientifique n’a, à l’heure actuelle, mesuré l’impact de la poignée hollandaise. Toutefois, des doutes sont émis quant à la pertinence d’une loi visant à l’imposer :
    1. L’application est peu contrôlable en pratique donc on peut se demander quel sera au final l’impact sur la sécurité routière ;
    2. Qu’en est-il des conducteurs qui rencontrent des difficultés à se retourner de la sorte en étant assis (PMR en véhicule adapté, senior …) ? Seront-ils déclarés inaptes à conduire ? ;
    3. N’y a-t-il pas d’autres choses à mettre en place en priorité ? Pour lutter contre les emportiérages, plusieurs approches (non exclusives) sont en effet envisageables : pistes cyclables séparées, zone tampon entre le stationnement et les pistes cyclables ou bandes suggérées, systèmes de détection et d'alerte sur les véhicules …

    Dès lors, en date du 14 décembre, le Gouvernement wallon a émis un avis défavorable sur la proposition de loi visant à instaurer et à imposer l’ouverture de portière à la hollandaise dans la circulation (DOC 55 3440/001) compte tenu de son champ d’application partiel (visant uniquement les conducteurs et pas les autres passagers sortant du véhicule), la non-prise en compte de publics fragilisés (personnes en situation de handicap, PMR en véhicule adapté, seniors, et cetera) et des pistes alternatives existantes (technologies, infrastructures, et cetera).

    Il est important de souligner que dans notre approche de la sécurité routière, nous ne faisons pas de distinction entre les différents usagers de la route. Notre objectif est d’assurer la sécurité de tous, y compris celle des conducteurs et des passagers de deux-roues, qui sont intégrés dans notre réflexion sur les mesures à prendre pour prévenir les accidents et améliorer la cohabitation sur la route.

    Toutefois, l’AWSR encourage vivement cette pratique et pas uniquement pour les conducteurs depuis plusieurs années, tant sur son site internet que sur ses réseaux sociaux.

    Sous l’intitulé « Conduite défensive, sociale et écologique », la bonne pratique de la poignée hollandaise fait déjà partie de la formation et de l’évaluation des conducteurs en Wallonie.