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Le racisme en boîte de nuit

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 281 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 21/02/2024
    • de MUGEMANGANGO Germain
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    D'année en année, les faits de discrimination raciste à l'entrée des établissements de nuit restent trop fréquents en Belgique.

    Entre 2013 et 2023, Unia a reçu 188 signalements pour discrimination dans des dancings en Belgique. Un chiffre sans doute largement inférieur à la réalité, car rares sont ceux qui portent plainte ou qui signalent l'incident.

    Ce vendredi 2 février, le MRAX (mouvement contre le racisme et l'antisémitisme) a réalisé en collaboration avec l'émission « On n'est pas des pigeons » de la RTBF un testing en caméra cachée devant des boîtes de nuit bruxelloises.

    Deux groupes de six personnes, d'âges similaires et habillés de la même façon, se sont rendus séparément à l'entrée de plusieurs établissements pour vérifier s'ils seraient traités de la même manière. Seule différence entre eux : un groupe était composé de personnes à la peau blanche, l'autre de personnes à la peau noire. Résultat : quatre boîtes de nuit sur cinq ont refusé l'accès aux noirs sous des motifs fallacieux.

    Cette discrimination à l'entrée des dancings n'est pas nouvelle et ne concerne pas uniquement Bruxelles. L'an dernier, par exemple, un agent de sécurité travaillant dans la région de Charleroi, Bruxelles et Mons expliquait anonymement à la RTBF qu'il reçoit comme consigne « de refuser les Noirs et les Arabes ».

    Pourtant, le Plan wallon de lutte contre le racisme adopté l'an dernier ne contient aucune mesure spécifique visant à lutter contre les discriminations en milieu festif.

    Pourquoi Madame la Ministre ne prend-elle pas au sérieux le racisme en boîte de nuit ?
  • Réponse du 13/03/2024
    • de MORREALE Christie
    Les images de la caméra cachée que l’honorable membre mentionne sont affligeantes et révoltantes. Il est absolument inacceptable que des personnes se voient refuser l’entrée d’un établissement en raison de leur couleur de peau ou d’un quelconque autre critère protégé par la législation anti-discrimination (expression de genre, convictions religieuses …). La législation wallonne relative à la lutte contre les discriminations ne s’applique pas en milieu festif dès lors qu’il ne s’agit pas d’une compétence régionale. Il s’agit d’une compétence fédérale.

    Le Plan wallon de lutte contre le racisme, adopté en mars dernier, traduit la détermination du Gouvernement wallon à lutter contre toutes les formes de discriminations dans tous les secteurs qui relèvent de ses compétences. Bien que le milieu festif n’y soit pas cité explicitement, plusieurs mesures dudit Plan peuvent s’y appliquer. Citons notamment :
    • la mesure 3 qui vise à soutenir le secteur associatif qui participe à la lutte contre le racisme et à la promotion de l’interculturalité. Ainsi, la promotion de l’interculturalité et la lutte contre le racisme constitueront de nouveaux axes d’agrément des initiatives locales d’intégration. L’avant-projet de décret prévoyant cette disposition sera voté en commission cet après-midi ;
    • la mesure 4 qui prévoit la systématisation d’un axe de lutte contre le racisme dans les plans de cohésion sociale ;
    • la mesure 5 qui vise notamment à améliorer l’échange de bonnes pratiques en matière de lutte contre les discriminations entre les pouvoirs locaux. Ceux-ci ont notamment un rôle important à jouer en matière de sécurité et de vivre-ensemble. La mise en place d’un plan anti-discrimination local est une piste à envisager.

    Enfin, il est nécessaire de mieux faire connaître la législation wallonne en matière de lutte contre les discriminations et visibiliser les points de signalement pour les victimes, dont celles ayant subi des actes racistes. Celles-ci sont souvent dépourvues dans ces circonstances. À cet effet, une brochure explicative ainsi qu’une campagne d’affichage sont sur le point d’être diffusées à grande échelle au sein des opérateurs wallons qui accueillent du public.

    Évidemment, ce Plan n’est pas la panacée pour venir à bout du racisme dans notre société ni des idées réactionnaires. Mais il démontre l’engagement de la Wallonie à agir avec force aux côtés des associations et de la société civile. Le travail doit se poursuivre dans le milieu festif, comme partout ailleurs.