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Les défis liés à l’essor des sangliers en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 340 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 22/02/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le nombre croissant de sangliers en Wallonie et en Belgique est un phénomène observé depuis plusieurs années, avec une multiplication des populations qui pourrait renforcer leur présence dans les zones urbaines.

    Les causes de cette migration sont multiples, allant de l'augmentation des effectifs de sangliers à la pénurie cyclique de nourriture en forêt. Les sangliers, attirés par la disponibilité de la nourriture et le calme relatif des zones urbaines, pourraient ainsi devenir une présence régulière dans les jardins et les parcs des grandes villes belges.

    Cette tendance soulève des questions sur les mesures à prendre pour gérer cette cohabitation entre l'homme et les sangliers en milieu urbain. Alors que certains experts estiment que cette présence ne constitue pas une menace immédiate, d'autres mettent en garde contre les risques de dégâts dans les jardins et les parcs, ainsi que les dangers liés aux rencontres avec des animaux sauvages dans les zones peuplées. Dans ce contexte, des questions se posent quant aux actions à entreprendre pour réguler la population de sangliers et minimiser les conflits avec les habitants.

    Quelles mesures concrètes le Gouvernement wallon envisage-t-il de mettre en place pour faire face à l'augmentation des populations de sangliers en Wallonie et ses conséquences potentielles sur les zones urbaines ?

    Des stratégies de régulation alternatives à la chasse en battue, telles que le piégeage, pourraient-elles être envisagées pour gérer cette situation en milieu urbain ?

    Comment les autorités envisagent-elles de répondre à cette nouvelle réalité et de prévenir les conflits potentiels entre les sangliers et les habitants des zones urbaines ?

    Existe-t-il actuellement des programmes de sensibilisation ou des campagnes d'information destinés aux citoyens wallons sur la cohabitation avec les sangliers en milieu urbain ?
    Si oui, quelles sont les mesures prévues pour renforcer ces initiatives ?

    Le Service public de Wallonie Économie, Emploi, Recherche (SPW EER) envisage-t-il d'apporter un soutien financier supplémentaire aux communes wallonnes confrontées à des problèmes liés à la présence croissante de sangliers dans les zones urbaines ?
    Si oui, quelles sont les modalités de ce soutien ?

    Quelles stratégies de gestion de la faune sauvage sont actuellement privilégiées par le Gouvernement pour réguler les populations de sangliers en milieu urbain, et comment ces stratégies s'inscrivent-elles dans le cadre plus large de la politique environnementale de la Région ?

    Quelles collaborations existent entre les différentes Régions et autorités compétentes pour coordonner les efforts de gestion des populations de sangliers et garantir une approche cohérente et efficace à l'échelle nationale ?

    Enfin, quelles sont les perspectives d'évolution à long terme de la politique de gestion de la faune sauvage en Wallonie, notamment en ce qui concerne les mesures préventives et les investissements dans la recherche et le développement de solutions durables pour gérer les interactions entre l'homme et les animaux sauvages en milieu urbain ?
  • Réponse du 21/03/2024
    • de BORSUS Willy
    Si la croissance des populations de sangliers se marque dans les estimations des populations, c’est aussi le cas pour les prélèvements, qui sont en augmentation. Néanmoins, ces prélèvements, même accrus, ne parviennent pas à limiter la croissance et l’expansion des populations de sangliers en Région wallonne. Plusieurs mesures concrètes ont d’ores et déjà été entreprises pour limiter la croissance des populations de sangliers et les conséquences potentielles de celle-ci.

    Il importe d’abord que les titulaires de droit de chasse mettent tout en œuvre pour arriver à l’objectif défini dans les plans de tir volontaire.

    De même, si la pression cynégétique reste constante, c’est le tableau de chasse annuel qui nous indique comment évoluent les populations de sangliers. Ce tableau a fortement augmenté entre la saison de chasse 2014-2015 et la saison de chasse 2019-2020. On constate aujourd’hui qu’il a tendance à se stabiliser, avec cependant des variations régionales.

    Si l’on excepte l’année 2020, qui a été fortement perturbée par la crise sanitaire, les résultats sont jusqu’ici satisfaisants : en 2019 et en 2021, les objectifs ont été atteints à concurrence respectivement de 105 % et de 94 %. Durant les trois dernières saisons cynégétiques, malgré la crise sanitaire, ce sont 60 326 sangliers, dont 18 338 laies (> 30 kg) qui ont été prélevées.

    Pour cette saison de chasse 2023-2024, nous avons pu compter sur la participation de 24 conseils cynégétiques dont l’objectif de tir était de 23 481 sangliers dont, 7 206 laies de plus de 30 kg vidées. La chasse en battue s’est terminée le 31 décembre 2023 pour l’espèce sanglier. Contrairement à ce qui avait été annoncé le 20 décembre 2023, le Gouvernement n’a pas hélas pas validé la prolongation de l’ouverture de la chasse en battue jusqu’au 20 février 2024.

    J’ai donc immédiatement envisagé une autre approche en demandant via une circulaire adressée aux directions extérieures du DNF, de réserver, quand les conditions légales étaient rencontrées, une suite favorable dans un délai très court (3 jours ouvrables) à toute demande d’organisation de battues de destruction qui leur parviendrait. Soulignons également que depuis le 9 mars, le dispositif relatif à la destruction est entré en vigueur. Les résultats des prélèvements pour la saison cynégétique en cours seront connus à l’issue de celle-ci.

    On constate depuis quelques années que les mœurs nocturnes des sangliers sont de plus en plus marquées rendant le prélèvement à l’affût plus compliqué. C’est pour cette raison que la destruction via le tir de nuit a été envisagée et surtout cadrée afin de s’assurer de la sécurité de tous. Le tir de nuit a été utilisé durant la crise de la PPA et s’est révélé être d’une redoutable efficacité. Nous espérons donc atteindre un résultat similaire au travers de cette disposition.

    Que ce soit dans les zones périurbaines ou d'une façon générale au nord du sillon Sambre et Meuse, la chasse par les moyens classiques s'avère être souvent peu efficace et délicate à organiser sur le plan de la sécurité. Le nouvel arrêté relatif à la destruction prévoit donc des mesures en vue d'attirer les sangliers dans les parties boisées de ces territoires pour les y piéger. Dans le cadre du piégeage, plusieurs possibilités ont été prévues, dont l’utilisation de filets, de trappes, de nasses ou encore des enclos de capture.

    Désormais, il est également possible de tirer des sangliers à partir d'un engin de récolte des cultures. On sait que les sangliers se réfugient aujourd'hui souvent dans certaines cultures hautes où ils trouvent le gîte et le couvert. Le moment de la récolte de ces cultures peut donc être très propice pour tenter de tirer les sangliers s'ils s’y sont effectivement réfugiés.

    La majorité de ces mesures sont difficiles à envisager dans un milieu urbain, mais le principe général est d’attirer les animaux dans les parties du territoire où les mesures peuvent être mises en œuvre en éloignant, dans le même temps, les animaux des territoires à protéger.

    En limitant les populations de sangliers, l’objectif est de parvenir à les éloigner des territoires, tels que les zones urbaines, où leur présence est susceptible de causer des dommages.

    Enfin, j’ai la possibilité de solliciter un effort supplémentaire de la part des chasseurs dans le nouvel arrêté du Gouvernement wallon du 20 décembre 2023 relatif à la destruction du sanglier. En effet, si à l'approche de la date de fermeture de la chasse en battue, les objectifs de tir ne semblent pas pouvoir être atteints et que cette situation risque d'être préjudiciable pour les cultures agricoles, pour les jeunes plantations forestières ou menace d'entraîner des risques accrus sur le plan sanitaire pour les élevages, il m’appartient de donner l'injonction à l'administration d'ordonner l'organisation d’une ou de deux battues supplémentaires de destruction par territoire de chasse dans les espaces territoriaux des conseils cynégétiques concernés.

    Pour conclure, régulièrement des réunions sont organisées avec les états membres du Benelux pour comparer et évaluer les différents types de gestion selon les pays.

    J’attire enfin l’attention sur le fait qu’en France, l’organisation et la gestion de la chasse sont laissées à l’appréciation des départements. Les politiques menées peuvent être diamétralement opposées d’une région à l’autre.