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Le programme de transition et les chantiers de l'Opérateur de Transport de Wallonie (OTW)

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 469 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 06/03/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    L'OTW s'engage dans la décarbonation de la flotte de bus des TEC en visant l'introduction de 400 bus 100 % électriques d'ici 2030 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur du transport.

    Actuellement, 730 bus hybrides sont en circulation. Les infrastructures nécessaires, notamment des dépôts adaptés, sont en cours de développement. D'ailleurs, le dépôt de Robermont ainsi que celui d'Andenne seront parmi les premiers à accueillir ces nouveaux bus, tandis que le futur Mobi'Park à Liège sera le centre de maintenance des futurs Busways électriques.

    La transition énergétique des TEC vers une flotte de bus électriques est une initiative cruciale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du transport.

    Comment le Gouvernement soutient-il financièrement le projet de décarbonation de la flotte des TEC, notamment en ce qui concerne le développement des infrastructures nécessaires ?

    Quel est le coût d'opportunité de ces divers chantiers cruciaux et nécessaires pour la transition par rapport à d'autres chantiers concernant la rénovation de l'infrastructure, les besoins de ressources humaines et les autres axes de développement mis au second plan ?

    Comment Monsieur le Ministre analyse-t-il cette transition et les dilemmes qui pourraient s'imposer au Gouvernement en termes de choix politique ?

    Quelles mesures concrètes sont envisagées pour garantir la sécurité de l'approvisionnement électrique des dépôts de bus des TEC, en particulier en cas de délestage éventuel de l'électricité en Belgique ?

    Comment l'OTW prévoit-il de sensibiliser et d'impliquer les utilisateurs des transports en commun dans cette transition vers une flotte plus écologique ?

    Quels seront les avantages écologiques et économiques résultant du passage à une flotte de bus électrique et comment pourront-ils être mesurés ?

    Y a-t-il d'autres expériences en termes de mobilité dans d'autres pays qui inspirent le Gouvernement dans ses choix de politiques publiques avec les TEC ?
  • Réponse du 27/03/2024
    • de HENRY Philippe
    La Programmation intégrée des investissements 2024-2028 de l’OTW prévoit différentes catégories d’investissement dont certaines directement liées à la décarbonation de l’OTW comme le matériel roulant, les motrices, les constructions et rénovations de bâtiments et les projets liés aux réseaux ferrés de Liège et Charleroi.

    Il est à souligner l’ampleur des investissements en matériel roulant (342,41 MEUR), pour l’acquisition de nouveaux véhicules (bus et cars) et la rénovation des motrices du métro léger de Charleroi pour arriver à un total de 47 motrices rénovées fin 2027.

    Les acquisitions de nouveaux véhicules (bus et cars) représentent un budget de 313,89 MEUR pour un total de 499 unités pour le renouvellement de la flotte et l’évolution de l’offre en régie. À noter que parmi ces véhicules, 87 sont destinés aux futurs réseaux BHNS (Busway) de Charleroi, Liège et du Hainaut. La grande majorité de ces véhicules participent à la décarbonation progressive de la flotte via la technologie électrique (279 full électriques et 173 hybrides), dans le strict respect de la Clean Vehicles Directive et de ses quotas de « véhicules propres ».

    En termes d’outils d’exploitation et en conséquence des investissements liés à la décarbonation, les investissements nécessaires dans la création, l’équipement et la rénovation des dépôts, ateliers et bâtiments administratifs représentent de l’ordre de ~349,85 MEUR.

    Cette Programmation intègre aussi les ambitions du Gouvernement en termes d’investissements en infrastructures routières de transport public (~218 MEUR), notamment via les projets du PIMPT en faveur du transport en commun pilotés par l’OTW. Ces projets routiers complètent les investissements en matière d’infrastructures ferrées de transport public urbain à Liège et Charleroi pour plus de 538 MEUR d’investissement.

    Les investissements liés à la décarbonation sont financés à 100 % par les subventions spécifiques versées à l’OTW pour ses investissements d’exploitation (bus et bâtiments), les investissements du MLC et pour les coûts liés au tram de Liège ainsi que par les Plans wallon (PRW) et européen (PNRR) qui couvrent les extensions du tram de Liège et de Charleroi ainsi que le dépôt Mobi’Park à Liège et une partie de la flotte électrique. En complément et vu qu’une partie de ces financements couvrent des charges (par opposition aux subsides en capital), l’OTW contracte annuellement des emprunts pour combler son besoin de trésorerie lié à ces investissements.

    L’OTW a pris des contacts bilatéraux avec les principaux gestionnaires de réseaux de distribution pour les territoires où se situent ses dépôts et centres d’entretiens. Une procédure commune (OTW/GRD) de gestion de la demande a été établie afin de faciliter l’augmentation de puissance électrique quand cela s’avère nécessaire. Les études sur le dimensionnement des puissances sont toujours en cours pour la cinquantaine de dépôts de l’OTW afin de rationaliser la demande tenant compte de la manière d’exploiter/recharger les véhicules au cours d’une journée.

    Selon la FEBEG (Fédération belge des sociétés électriques et gazières) lors de sa présentation en CESE du 25 mai 2023, la problématique ne semble pas concerner la production d’énergie électrique (dont la projection de production théorique suit la croissance projetée de véhicules électriques en circulation), mais plutôt de distribution d’énergie et de la gestion des pics de demande. Il existe au niveau fédéral un plan de délestage depuis 2005 (actualisé en 2015) qui concerne les réseaux de transport (dont principalement Infrabel). Le risque de devoir activer ce plan apparaît aujourd’hui faible (cf. SPF Économie - SPF ECONOMIE - https://economie.fgov.be/fr/themes/energie/securite-dapprovisionnement/electricite/penurie-delectricite), mais devra être réanalysé en fonction de l’évolution de la flotte en circulation.

    L’arrivée des véhicules électriques au sein de la flotte de l’OTW s’accompagnera des campagnes de sensibilisation ad hoc via les canaux de communication ciblant nos clients ou nos prospects : letec.be, l’app TEC, les réseaux sociaux, les moments de rencontres avec la presse.

    Les bus électriques sur batteries représentent la plus mature des technologies éligibles au titre de « véhicules à émissions nulles », au sens de la Directive européenne 2019/1161/CE (transcrite en droit belge via la loi du 18 mai 2022).

    Dans le contexte de l’OTW, les simulations financières estiment un surcoût, par rapport à la filière hybride, d’environ 13 % sur 16 ans, compte tenu de l’investissement, de l’énergie, de la maintenance et des externalités liées aux émissions polluantes liées au diesel utilisé par les hybrides.

    Pour information, le personnel technique de l’OTW dispose déjà des compétences nécessaires à la maintenance de véhicules à propulsion électrique, et les contrats de fourniture d’énergie prévoient déjà une alimentation en électricité 100 % d’origine renouvelable, ce qui permet de garantir une exploitation 100 % zéro émission des bus électriques, engendrant une réduction d’émissions annuelles de gaz à effet de serre d’environ 45 tonnes par bus diesel remplacé, et de 35 tonnes par bus hybride évité.

    En outre, les autres émissions polluantes (oxydes d’azote, particules …) sont totalement évitées, et le bruit émis est largement réduit.

    Le choix de l’électrification est un choix largement partagé au niveau mondial (échanges réguliers au sein du réseau UITP). L’OTW est notamment accompagné par TRANSAMO dont le benchmark européen (réseaux en France, aux Pays-Bas…) et international (Colombie) se base sur les expériences concrètes des réseaux Transdev. Les partages sont également nombreux entre opérateurs belges.