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Les leviers institutionnels pour répondre aux métiers en pénurie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 292 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 06/03/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Quand on analyse les profils requis pour occuper un métier critique ou en pénurie, on remarque régulièrement une adéquation entre le profil des demandeurs d'emploi potentiellement intéressés et les attentes des employeurs. Le FOREm a réalisé une étude qualitative pour comprendre ces difficultés de recrutement pour chacun des 156 métiers répertoriés.

    Ainsi, pour 60 métiers sur 156, les employeurs constatent que le candidat n'a pas fait d'étude ou de formation de base. Les conseillers du FOREm proposent-ils suffisamment les dispositifs de remise à niveau existants ?

    Je pense notamment à passer le jury central après avoir suivi des cours en promotion sociale. Sait-on combien de demandeurs d'emploi ont entrepris ce type de démarche ?

    Pour 20 métiers sur 156, c'est le brevet ou certificat qui manque, soit la preuve que le candidat a suivi la formation adéquate à ce métier. Cette thématique a été abordée récemment par l'Administratrice générale du FOREm lors de son audition en commission. Elle souhaite mettre en lumière la validation des compétences. Quels efforts sont faits en la matière ?

    Comment Madame la Ministre peut-elle aller plus loin ?

    Propose-t-on un panel assez large de compétences à valider ?

    Quelles sont celles qui seront ajoutées prochainement ?

    Pour 85 métiers sur 156, le niveau de compétences techniques des candidats n'est pas suffisant. Et pour 95 métiers sur 156, les employeurs exigent davantage d'expérience dans le métier que ce que démontrent les candidats. La suppression des périodes d'essai dans les contrats d'embauche peut évidemment refroidir. Les conseillers du FOREm en contact avec les entreprises proposent-ils suffisamment des dispositions alternatives comme le Plan Formation Insertion pour étoffer les compétences et l'expérience des candidats ?

    Pour 29 métiers sur 156, les compétences non techniques des candidats sont insatisfaisantes.

    Quelles sont les actions menées aujourd'hui axées sur les soft skills ?

    Ne faudrait-il pas intensifier cet aspect souvent primordial pour les employeurs ?

    Comment Madame la Ministre compte-t-elle y parvenir ?
  • Réponse du 27/03/2024
    • de MORREALE Christie
    La dernière liste du FOREm regroupe 158 fonctions/métiers, dont 92 métiers en pénurie de main-d’œuvre (caractérisés par un manque de candidats) et 66 fonctions critiques (pour lesquelles les employeurs rencontrent des difficultés de recrutement).

    En plus de la détection de ces métiers, le FOREm analyse et décrit les causes des difficultés pour chaque métier repris dans la liste des fonctions critiques et métiers en pénurie. Un rapport détaillé est accessible via le site internet du FOREm :

    https://www.leforem.be/content/dam/leforem/fr/documents/chiffres-et-analyses/analyse-liste2023-fonctions-critiques.pdf

    En plus d’un tableau de synthèse, la deuxième partie de ce rapport offre une vue plus détaillée de l’ensemble des fonctions critiques et des métiers en pénurie de main-d’œuvre repris dans la liste. Pour chacun de ces métiers sont abordées les causes des tensions décelées sur la base des avis d’experts métiers et/ou sectoriels sollicités (tant internes qu’externes au FOREm). La nature plus conjoncturelle ou structurelle de la tension, les critères de recrutement spécifiés par les entreprises dans les offres connues du FOREm, ainsi qu’un bref descriptif des contenus de la fonction de chaque métier, sont également précisés. De plus, pour certains métiers, une vue sur le nombre d’étudiants inscrits en dernière année du secondaire ou de l’enseignement supérieur non universitaire permet de mieux cerner le volume potentiel de personnes susceptibles de venir alimenter le métier à la sortie des études.

    Le projet 21b du Plan de relance wallon vise notamment à étendre l’offre de validation des compétences en termes de nombre de métiers et de nombre de centres de validation agréés. Ainsi, en ce qui concerne l’offre de validation, 73 métiers étaient couverts par une ou plusieurs épreuves de validation des compétences fin 2023 dont des épreuves organisées pour 56 d’entre eux. L’évolution de l’offre est significative puisqu’en 2015, on comptabilisait 49 métiers couverts, dont 39 actifs. En ce mois de mars 2024, l’offre de référentiels mobilisables en validation des compétences s’est encore largement développée pour atteindre 80 métiers, organisés dans 48 centres de validation agréés, actifs sur 121 sites en Wallonie et à Bruxelles.

    Les développements réalisés par le Consortium de Validation des Compétences concernent tant l’ajout de métiers dans l’offre de validation que l’actualisation des épreuves en fonction des évolutions des métiers, sur la base notamment des profils établis par le Service francophone des Métiers et des Qualifications (SFMQ). Outre les opérateurs publics composant le Consortium (Enseignement de promotion sociale, IFAPME, SFPME, Bruxelles Formation et le FOREm), les services publics de l’emploi et les secteurs professionnels sont associés aux travaux de production ou d’actualisation des référentiels de validation des compétences.

    En 2024, les développements planifiés pour renforcer l’offre de validation des compétences concernent notamment les métiers suivants :

    - 4 nouveaux métiers en remplacement du « technicien PC et réseau » :
    1. Technicien(ne) hardware en atelier ;
    2. Technicien(ne) poste de travail ;
    3. Opérateur(trice) de support informatique ;
    4. Technicien(ne) réseau et système ;

    - 3 nouveaux métiers en remplacement du « conducteur de chariot élévateur » :
    5. Conducteur(trice) de chariot élévateur gerbeur ;
    6. Conducteur(trice) de chariot élévateur latéral ;
    7. Conducteur(trice) de chariot élévateur frontal ;

    - 4 nouveaux métiers en remplacement du « conducteur d’engins de terrassement » :
    8. Conducteur(trice) de pelle hydraulique ;
    9. Conducteur(trice) de chargeur sur pneus ;
    10. Conducteur(trice) de pousseur bouteur (bulldozer) ;
    11. Conducteur(trice) tombereau (dumper) ;

    - Auxquels il faut ajouter les nouveaux métiers et actualisations qui suivent :
    12. Mécanicien d'entretien automobile (actualisation) ;
    13. Opérateur(rice) système ;
    14. Administrateur(rice) système ;
    15. Développeur(euse) ;
    16. Analyste fonctionnel ;
    17. Architecte logiciel ;
    18. Chef(fe) de projet informatique ;
    19. Aide-ménager(ère) Titres services (actualisation de l’aide-ménager) ;
    20. Aide-ménager(ère) social(e) ;
    21. Aide familial(e) ;
    22. Garde à domicile ;
    23. Formateur(rice) ;
    24. Animateur(rice) de groupe ;
    25. Accompagnateur(rice) scolaire ;
    26. Collaborateur(trice) administratif (actualisation de l’employé administratif) ;
    27. Chef(fe) de partie ;
    28. Arboriste grimpeur (actualisation du grimpeur-élagueur) ;
    29. Ouvrier(ère) forestier(ère).

    En 2023, 2 494 titres de compétences ont été délivrés sur les 3 065 épreuves de validation de compétences organisées en Wallonie.

    Les 24 centres du FOREm (en ce compris ceux de partenaires conventionnés avec le FOREm) agréés comme centres de validation des compétences, ont, quant à eux, réalisé 1 351 épreuves pour 43 métiers en 2023. 70 % de ces épreuves portaient sur des métiers identifiés comme fonctions critiques ou métiers en pénurie en Wallonie.

    Dans l’accompagnement des démarches de recrutement des entreprises, les conseillers entreprises du FOREm, interlocuteurs de référence pour l’entreprise, proposent aux entreprises des réponses personnalisées et sur mesure aux besoins exprimés par les entreprises, a fortiori lorsqu’il s’agit de satisfaire des offres d’emploi portant sur des métiers en pénurie ou critiques.

    Ainsi, ils proposent un dispositif, voire un ensemble de dispositifs, dont l’objectif est de répondre le plus adéquatement possible aux besoins de main-d’œuvre et de compétences de l’entreprise, le cas échéant, en permettant un ajustement des compétences des candidats pressentis ou proposés. Ceci peut, par exemple, se traduire par de la présélection de candidats, l’organisation de Jobdays ou encore la mise en œuvre de formations sur mesure.

    À défaut de compétences techniques, le conseiller cherchera, en bonne concertation avec l’entreprise, les profils comportant les compétences comportementales attendues par les entreprises, de sorte à former les candidats retenus via des dispositifs d’ajustement interne comme le Plan Formation-Insertion (PFI).

    Outre le PFI, le FOREm déploie également des formations en milieu de travail, individuelles comme les stages, ou collectives en particulier les « Coups de poing pénuries ». Ces formations en milieu de travail offrent aux chercheurs d’emploi l’opportunité d’engranger des expériences professionnelles réelles où ils peuvent développer des compétences transversales (y compris en matière de soft skills) et techniques et ainsi renforcer leur employabilité. En tant que Service public de l’Emploi, le FOREm déploie prioritairement ces formations individuelles ou collectives en milieu de travail en lien direct avec des opportunités d’emploi.