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La hausse des cas d’apnées du sommeil en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 308 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/03/2024
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    La prévalence des apnées du sommeil augmente en Wallonie, avec plus de 170 000 personnes nécessitant un respirateur CPAP, une hausse de 30 % en cinq ans. Cette croissance, attribuée à un meilleur diagnostic et à des modes de vie favorables aux arrêts respiratoires nocturnes, soulève des questions cruciales.

    Comment le Gouvernement évalue-t-il l'impact de la hausse de 30 % des cas d'apnées du sommeil en cinq ans sur la santé publique, en particulier en termes de risques associés tels que les maladies cardiovasculaires et les accidents de voiture ?

    Quelles mesures concrètes sont envisagées pour sensibiliser davantage le public et les professionnels de la santé aux symptômes des apnées du sommeil, favorisant ainsi un diagnostic précoce et une prise en charge appropriée ?

    Face à la hausse des tests de sommeil, comment le Gouvernement compte-t-il améliorer l'accès aux services de diagnostic, en particulier en soutenant les tests à domicile pour plus de commodité ?

    Quelles sont les stratégies envisagées pour renforcer la coordination entre les différents spécialistes, y compris les somnologues, les neurologues, les pneumologues et les cardiologues, afin d'assurer une approche holistique du diagnostic et du traitement des apnées du sommeil ?
    Qu'en est-il des positions défendues lors des discussions interfédérales concernant cette matière de santé publique particulière ?

    Comment le Gouvernement entend-il sensibiliser les employeurs et les conducteurs sur les risques liés à la somnolence diurne associée aux apnées du sommeil, et quelles mesures sont envisagées pour garantir la sécurité au travail et sur la route ?
    Quelles sont les aires de collaboration envisagées en ce sens avec le milieu professionnel, toutes professions confondues ?
  • Réponse du 09/04/2024
    • de MORREALE Christie
    « Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) est un trouble du sommeil chronique dû à une obstruction répétée des voies aériennes pendant le sommeil, avec une réduction ou un arrêt complet du passage de l’air vers les poumons (apnées). La répétition de ces apnées au cours de la nuit entraîne une diminution de l’oxygénation du sang et des microréveils qui détériorent la qualité du sommeil. L’obstruction des voies aériennes résulte de l’association d’anomalies anatomiques (rétrécissement du diamètre des voies respiratoires, souvent dû à un excès de graisse dans les tissus avoisinants), d’une diminution du tonus des muscles du pharynx et/ou de réflexes respiratoires insuffisants en réponse à l’obstruction du passage de l’air. Ce trouble du sommeil courant peut entraîner des conséquences néfastes sur la santé, notamment une somnolence excessive pendant la journée, ce qui diminue la qualité de vie et augmente le risque d’accidents de la route, ainsi qu’un accroissement des risques cardiovasculaires » (Organisation du diagnostic et du traitement des apnées obstructives du sommeil : une comparaison internationale – Synthèse [fgov.be], 2020)

    Effectivement, les chiffres de l’INAMI, en 2022, indiquent que 171 280 personnes bénéficiaient d’un remboursement d’une CPAP (ventilation à pression positive continue) destinée à soigner leur trouble, soit une hausse de 30 % en cinq ans. Ces chiffres concernent la Belgique, la répartition par Région n’étant pas déterminée à notre connaissance.

    La prise en charge de ce trouble du sommeil, y compris le diagnostic, relevant de l’art de guérir, est du ressort du Fédéral. En 2020, un rapport du KCE a recommandé à l’INAMI de favoriser et financer le diagnostic et le traitement à domicile, ainsi que de créer un cadre juridique au sein des soins de santé pour les sociétés de services impliquées dans le SOAS ainsi que des critères d’agrément. Ce rapport recommandait également la création d’un trajet de soins entre tous les professionnels de santé concernés.

    Actuellement, l’INAMI intervient dans le coût d’un traitement à domicile au moyen d’un appareil CPAP, d’un appareil auto-CPAP ou d’une orthèse d’avancée mandibulaire, à la condition qu’un centre spécialisé en ait validé le besoin. Le diagnostic se réalise toujours dans le cadre d’une hospitalisation. Le centre spécialisé examinera également si la personne a besoin d’un traitement qui poursuit au moins un des buts suivants : perte de poids, mode de vie actif (bouger suffisamment), abstinence d’alcool dans la soirée, sevrage tabagique et éviter les calmants et les sédatifs. Il vérifiera également si le traitement à domicile au moyen d’un appareil CPAP ou d’un appareil auto-CPAP est un traitement approprié. Il mettra à disposition l’appareil, familiarisera à son fonctionnement, réalisé son entretien….

    Les questions posées sur l’accès aux services de diagnostic, la prise en charge à domicile, la réalisation du trajet de soins relèvent donc de mon Collègue du Fédéral.

    Sur la sensibilisation aux risques dans le milieu professionnel et sur la route, je renvoie aux sites de l’AWSR qui sensibilise régulièrement les conducteurs sur ce point, Somnolence et sécurité routière | AWSR, ainsi qu’aux services de prévention et de protection au travail.

    Enfin, ne négligeons pas le volet prévention de ces troubles : nos modes de vie plus sédentaires, qui entraînent plus d’obésité, accroissent aussi le risque. Tout comme la consommation d’alcool et de tabac. Le traitement proposé peut donc uniquement reposer sur des mesures hygiénodiététiques pour perdre du poids, arrêter le tabac et l’alcool, reprendre le sport…

    À cet égard, rappelons que le Plan Prévention et Promotion de la Santeì en Wallonie s’est fixé comme objectif stratégique la promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé, via un axe d’alimentation, y compris la consommation excessive d’alcool, activité physique et sédentarité et la lutte contre le tabagisme. Les actions développées par les opérateurs viseront notamment à diminuer ces facteurs de risque, avec dès lors un impact prévisible sur des troubles comme le SAOS.

    Enfin, dans l’axe 3 consacré aux maladies chroniques et plus particulièrement, pour répondre à l’objectif opérationnel 16 de la programmation qui est d’améliorer la prise en charge efficiente des maladies chroniques, plus particulièrement pour les personnes vulnérables, les opérateurs ont pu inscrire une action spécifique dans leur programme d’actions coordonnées afin de mettre en œuvre la stratégie A : Informer, sensibiliser, développer la littératie en santé et le plaidoyer.

    L’objectif de l’information et de la sensibilisation de la population sera de favoriser l’exercice des compétences liées à l’adaptation des conditions et des modes de vie des personnes à risque et de leur entourage. Une attention particulière devra être apportée aux difficultés spécifiques liées à la précarité et à l’isolement, au genre et aux minorités de genre, au handicap, et avec un accent sur les déterminants transversaux tels que le stress, le sommeil, l’alimentation, l’activité physique, le lien social, la qualité du logement et du quartier, etc.

    Des programmes structurés d’éducation à la santé et d’éducation thérapeutique du patient (en veillant à fournir des informations actualisées) permettent d’augmenter son niveau de littératie et d’autonomie afin de poser des choix éclairés. Ces programmes doivent notamment informer le public sur les liens entre les comportements à risques (fumer, mal manger, ne pas faire d’activité physique) et les maladies chroniques.

    À titre d’exemple, univers santé, qui est un opérateur agréé en promotion de la santé, vient de publier un article intitulé « mélatonine et cortisol, les stars de ton sommeil » où il est expliqué les rôles du cortisol et de la mélatonine, les conseils pratiques en cas de sommeil perturbé et où il est renvoyé aux 10 recommandations pour bien dormir de l’institut français de sommeil et de la vigilance.

    L’article complet peut être lu via le lien suivant : https://www.univers-sante.be/melatonine-et-cortisol-les-stars-de-ton-sommeil/