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La présence de sangliers dans les villes wallonnes

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 380 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/03/2024
    • de DODRIMONT Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Wallonie compte 30 000 sangliers dont 40 % sont éliminés par les chasseurs. On remarque l'arrivée de ces populations dans les villes.

    Doit-on s'inquiéter ?

    Comment lutter contre cette prolifération ?

    Comment rassurer les riverains victimes de leurs dégâts ?

    Quel système mettre en place pour réguler et prévenir des situations ingérables ?
  • Réponse du 08/04/2024
    • de BORSUS Willy
    En ce qui concerne les populations de sangliers dans les zones périurbaines et dans les villes, on constate effectivement qu’elles augmentent localement. Les populations de suidés augmentent globalement sur le territoire wallon et s’étendent aussi hélas là où elles le peuvent. Comme le sait l’honorable membre, la problématique de la prolifération des sangliers va bien au-delà de nos frontières et est d’ailleurs généralisée à l’Europe.

    Aujourd’hui, chez nos voisins, il n’y a pas malheureusement pas de recette miracle dont nous pouvons nous inspirer. Depuis le début de la législature, j’ai multiplié les actions et mené une politique offensive pour lutter contre la prolifération des suidés.

    Néanmoins, il ne faut pas oublier que le taux de reproduction des sangliers est très influencé par des facteurs extérieurs comme les conditions météorologiques ainsi que par la disponibilité alimentaire rendant impossible les estimations précises d’une année à l’autre.

    Bien qu’il soit extrêmement difficile de fixer un objectif de tir, il importe que les titulaires de droit de chasse mettent tout en œuvre pour arriver à l’objectif défini dans les plans de tir volontaire.

    De même, si la pression cynégétique reste constante, c’est le tableau de chasse annuel qui nous indique comment évoluent les populations de sangliers. Ce tableau a fortement augmenté entre la saison de chasse 2014-2015 et la saison de chasse 2019-2020. On constate aujourd’hui qu’il a tendance à se stabiliser. Cette stabilisation est l’une des conséquences de l’imposition du prélèvement dans les laies, en plus de l’augmentation de la pression de tir générale.

    Si l’on excepte l’année 2020, qui a été fortement perturbée par la crise sanitaire, les résultats sont jusqu’ici satisfaisants : en 2019 et en 2021, les objectifs ont été atteints à concurrence respectivement de 105 % et de 94 %. Durant les trois dernières saisons cynégétiques, malgré le contexte de la crise sanitaire : c’est 60 326 sangliers dont 18 338 laies (> 30 kg) qui ont été prélevées.

    Pour cette saison de chasse 2023-2024, nous avons pu compter sur la participation de 24 conseils cynégétiques dont l’objectif de tir était de 23 481 sangliers, dont 7 206 laies de plus de 30 kg vidées. La chasse en battue s’est terminée le 31 décembre 2023 pour l’espèce sanglier. Contrairement à ce qui avait été annoncé le 20 décembre 2023, le Gouvernement n’a hélas pas validé la prolongation de l’ouverture de la chasse en battue jusqu’au 20 février 2024.

    J’ai donc immédiatement envisagé une autre approche en demandant via une circulaire adressée aux directions extérieures du DNF, de réserver, quand les conditions légales étaient rencontrées, une suite favorable dans un délai très court (3 jours ouvrables) à toute demande d’organisation de battues de destruction qui leur parviendrait. Soulignons également que depuis le 9 mars, le dispositif relatif à la destruction est entré en vigueur. Les résultats des prélèvements pour la saison cynégétique en cours seront connus à l’issue de celle-ci.

    On constate depuis quelques années que les mœurs nocturnes des sangliers sont de plus en plus marquées rendant le prélèvement à l’affût de plus en plus compliqué. C’est pour cette raison que la destruction via le tir de nuit a été envisagée et surtout cadrée afin de s’assurer de la sécurité de tous. Le tir de nuit a été utilisé durant la crise de la PPA et s’est révélé être d’une redoutable efficacité. Nous espérons donc un résultat similaire au travers de cette disposition.

    Que ce soit dans les zones périurbaines ou d’une façon générale au nord du sillon Sambre et Meuse, la chasse par les moyens classiques s’avère être souvent peu efficace et délicate à organiser sur le plan de la sécurité. Le nouvel arrêté relatif à la destruction prévoit donc des mesures en vue d’attirer les sangliers dans les parties boisées de ces territoires pour les y piéger. Dans le cadre du piégeage, plusieurs possibilités ont été prévues, dont l’utilisation de filets, de trappes, de nasses ou encore d’enclos de capture.

    Désormais, il est également possible de tirer des sangliers à partir d’un engin de récolte des cultures. On sait que les sangliers se réfugient aujourd’hui souvent dans certaines cultures hautes où ils trouvent le gîte et le couvert. Le moment de la récolte de ces cultures peut donc être très propice pour tenter de tirer les sangliers s’ils s’y sont effectivement réfugiés.

    La majorité de ces mesures, sauf le piégeage, sont difficiles à envisager dans un milieu urbain, mais le principe général est d’attirer les animaux dans les parties du territoire où les mesures peuvent être mises en œuvre en éloignant, dans le même temps, les animaux des territoires à protéger. Nous avons également laissé la possibilité de réaliser la destruction au moyen de l’arc dont l’utilisation en milieu urbain est justifiée.

    En limitant les populations de sangliers, l’objectif est de parvenir à les éloigner des territoires, tels que les zones urbaines, où leur présence est susceptible de causer des dommages.

    Enfin, j’ai la possibilité de solliciter un effort supplémentaire de la part des chasseurs dans le nouvel arrêté du Gouvernement wallon du 20 décembre 2023 relatif à la destruction du sanglier. En effet, si à l’approche de la date de fermeture de la chasse en battue, les objectifs de tir ne semblent pas pouvoir être atteints et que cette situation risque d’être préjudiciable pour les cultures agricoles, pour les jeunes plantations forestières ou menace d’entraîner des risques accrus sur le plan sanitaire pour les élevages, il m’appartient de donner l’injonction à l’administration d’ordonner l’organisation d’une ou de deux battues supplémentaires de destruction par territoire de chasse dans les espaces territoriaux des conseils cynégétiques concernés.

    Une communication avec ces nouvelles dispositions a été envoyée à l’UVCW. Une collaboration étroite est en cours avec l’administration et l’UVCW pour une diffusion à large échelle de ces mesures vers le grand public.

    Pour conclure, tous les acteurs s’accordent sur le constat qu’on observe moins de sangliers. Il est donc probable que la diminution des populations s’amorce dans certains secteurs à la suite des importants prélèvements de ces dernières années. Nous sommes convaincus d’être sur la bonne voie et que nous devons poursuivre les efforts.