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L’arrivée des moustiques tigres en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 342 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 07/03/2024
    • de SOBRY Rachel
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'Institut de médecine tropicale d'Anvers (IMT) a récemment relayé à quel point les moustiques tigres en provenance d'Asie envahissent l'Europe et notamment notre territoire. En effet, ceux-ci ont été recensés en 25 lieux différents en Europe en 2023 contre seulement la moitié en 2022.

    La majorité des moustiques tigres auraient migré vers l'Europe à travers les cargos de pneus ou bambous en provenance d'Asie, contenant généralement du liquide dans lequel les femelles pondent leurs œufs. Étant donné que les zones d'humidité et d'eau stagnante sont les plus propices à leur survie et installation, il a été conseillé aux ménages belges d'éviter de conserver trop de plans d'eau stagnants, comme les gouttières, pots de fleurs ou réservoirs à eau de pluie.

    Selon les experts, bien que la propagation n'aurait pu être évitée, il reste utile d'agir pour contenir ou du moins stabiliser leur nombre. En effet, ces moustiques sont porteurs de plusieurs maladies qui peuvent s'avérer douloureuses et représentent un potentiel danger, notamment pour les femmes enceintes.

    Alors que les ambitions du Gouvernement en matière de biodiversité sont grandes, voici mes questions.

    Comment Madame la Ministre analyse-t-elle les derniers chiffres relayés par l'Institut de médecine tropicale d'Anvers ?

    Un recensement a-t-il été mené ou est-il prévu en Wallonie ?

    Quelles mesures prend-elle pour contenir l'invasion ?

    Les solutions de répulsion proposées aux citoyens présentent-elles un danger pour l'environnement ?
  • Réponse du 03/04/2024
    • de TELLIER Céline
    La surveillance des moustiques exotiques est importante. Si nous répertorions à temps les endroits où ces espèces apparaissent, celles-ci pourront être maitrisées plus rapidement et plus efficacement. Je rappelle que la problématique des moustiques exotiques est principalement liée à leur capacité à servir de vecteur à des maladies infectieuses. La Région wallonne a mis en place de nombreuses actions pour surveiller et maitriser les populations de moustiques exotiques.

    En 2017, les autorités fédérales et régionales ont attribué par marché public à l'Institut de Médecine Tropicale (IMT) d’Anvers un projet de surveillance des moustiques exotiques en Belgique (Monitoring of Exotic Mosquitos in Belgium ou projet MEMO). Depuis, le projet a été reconduit sous le nom de MEMO+, cette fois sous la supervision de Sciensano qui collabore avec l’IMT. Dans le cadre de MEMO+, Sciensano a développé une plateforme citoyenne permettant le signalement de moustiques exotiques (www.surveillancemoustiques.be). Les citoyens sont ainsi invités à signaler la présence possible de moustiques tigres via cette plateforme.

    Actuellement, il n’y a pas de population implantée (connue) en Wallonie. Toutefois, fin 2023, une première population active de moustique tigre a été découverte à Ath. Cette population était implantée dans des jardins de résidences privées. Après le signalement de cette population via l’application en ligne de Sciensano, des agents de l’IMT se sont rendus sur place et ont confirmé la présence de moustiques tigres dans deux jardins. Une visite exploratoire de la part du prestataire de service en charge de la gestion de ces populations, la Société Avia-GIS, a eu lieu. Cette visite a été accompagnée d’un traitement des gîtes potentiels au niveau des égouts situés sur la voie publique.

    Dans les prochaines semaines, une visite sera réalisée pour vérifier si la population a survécu à l’hiver, ce qui pourrait indiquer son implantation dans la durée. Fin 2023, des discussions ont déjà été entamées avec les autorités de la ville d’Ath pour qu’une campagne de lutte soit menée sur le territoire concerné de la commune. L’objectif de cette campagne sera d’éliminer les gîtes larvaires, avec le concours de la population. Une séance d’information est d’ailleurs déjà planifiée.

    La surveillance réalisée dans le cadre du projet MEMO+ concerne notamment des PoE (Point of Entry) préalablement identifiés. En Wallonie, cela concerne surtout des aires d’autoroutes où le trafic en provenance de régions plus au sud peut permettre à des moustiques tigres de remonter jusqu’à nos régions, dissimulés dans des véhicules. Ces PoE ont déjà fait l’objet de traitement en cas de signalement.

    La surveillance et la gestion des populations de moustiques exotiques faisaient déjà l’objet d’une fiche du Plan ENVIeS 2019-2023. Cette fiche a été maintenue dans le projet de Plan ENVIeS 2024-2028 et est complétée pour y inclure la préparation d’un plan de communication relatif aux moustiques exotiques.

    Cette communication visera à la fois la sensibilisation et l’information des publics cibles. Deux types de publics cibles sont plus précisément visés :
    - les autorités communales, pour leur fournir des outils leur permettant de réagir de manière efficace en cas d’infestation et d’organiser des actions de prévention ;
    - le grand public, lequel doit être informé sur les risques associés aux moustiques tigres.

    Des documents sur la prévention décrivant des gestes simples permettant d’éviter la prolifération de ces moustiques sont déjà disponibles. Ces gestes consistent entre autres en l’élimination des gîtes larvaires potentiels (eaux stagnantes) dans les jardins.

    Enfin, en ce qui concerne les méthodes de répulsion qui peuvent être proposées à la population, leur efficacité est malheureusement souvent limitée. Les sprays pour la peau à base d’huiles essentielles sont à durée d’efficacité courte (moins de 20 minutes), et il existe des contre-indications dans certains cas (allergies, jeunes enfants). Les plantes considérées comme répulsives (géranium, thym ou citronnelle par exemple) ont une efficacité relative, tout comme les lampes bleues ou à UV. Les moyens physiques restent comparativement les plus efficaces (moustiquaires, ventilateur en intérieur pour empêcher le vol des insectes, et cetera), et respectent l’environnement.