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La prévention contre la maladie hémorragique épizootique (MHE)

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 382 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/03/2024
    • de DESQUESNES François
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En octobre 2023, j'interrogeais Monsieur le Ministre à propos des nouvelles maladies animales.

    Depuis ce début d'année, plusieurs organisations actives dans le secteur agricole s'inquiètent davantage de la propagation de la maladie hémorragique épizootique (MHE) dans la sud de la France.

    Cette maladie, transmise via les moucherons piqueurs, peut être mortelle chez les bovidés et cervidés. Elle ne se transmet heureusement pas à l'homme. Néanmoins, différentes organisations s'inquiètent des conséquences de cette maladie sur le commerce de bétail, mais également de la voir gagner nos régions.

    Si l'arrêt du commerce de bovins avec la France avait certainement des conséquences négatives pour la Belgique, la contamination de MHE des élevages belges pourrait avoir un impact encore plus négatif si notre pays était contraint d'arrêter les échanges avec les Pays-Bas, restés sous le statut « indemne ».

    Cette maladie a-t-elle fait l'objet d'une réflexion et d'une coordination renforcée entre les services régionaux et les services fédéraux, en particulier l'AFSCA ? Si oui, une stratégie de prévention va-t-elle être mise en place ?

    D'autres initiatives seront-elles mises en place ?

    La Fédération nationale du commerce de bétail (FNCB) est favorable à une reprise du commerce avec les zones « indemnes » de France, sous certaines conditions (test PCR et traitement insecticide). Cela sera-t-il suivi ?

    La France a décidé de compenser financièrement une partie des pertes subies par les éleveurs. Des aides seraient-elles également envisagées en Wallonie pour compenser les pertes du secteur ?

    Plus largement, est-il prévu d'aborder la thématique des nouvelles maladies animales au niveau européen ?

    Monsieur le Ministre compte-t-il mettre ce thème à l'ordre du jour du Conseil des ministres de l'Agriculture ?
  • Réponse du 08/04/2024
    • de BORSUS Willy
    S’agissant d’une question sanitaire, le suivi de cette pathologie est une compétence fédérale.

    En Belgique et donc en Wallonie, des mesures « génériques » de vigilance évènementielle sont d’application. Si des signes cliniques sont relevés par le détenteur, il doit appeler son vétérinaire. Si ce dernier ne peut exclure la maladie épizootique hémorragique (EHD) sur la base des signes cliniques, il doit obligatoirement notifier cela à l’AFSCA. Des prélèvements seront faits sur les bovins suspects et seront analysés par le Laboratoire National de Référence (Sciensano).

    Non contagieuse entre animaux, mais transmise par un moucheron piqueur, cette maladie est due à un virus proche de celui de la maladie de la langue bleue ou Fièvre catarrhale ovine (FCO).

    Même s’il s’agit d’une compétence fédérale, j’encourage activement la surveillance des maladies du bétail, dont les maladies émergentes en Wallonie, notamment par le biais d’une convention-cadre avec l’ARSIA.

    Une surveillance intégrée du bétail, de la faune sauvage et des populations de vecteurs est nécessaire. La sensibilisation des professionnels, notamment des acteurs de la faune sauvage en termes de surveillance passive (prélèvements et analyses en cas de suspicions) se met en place. Tout en étant une maladie saisonnière influencée par la biologie du vecteur, la rapidité de dispersion du virus de la maladie hémorragique épizootique (MHE) est impressionnante. Sur une période de 10 mois, le virus s’est répandu du sud au nord de l’Espagne (soit plus 800 km).

    La MHE est une maladie à déclaration obligatoire en Belgique et elle est catégorisée ‘D+E’ pour les ruminants sauvages dans l’Animal Health Law, ce qui implique une surveillance et des mesures à mettre en œuvre pour en empêcher la propagation. Il n’existe actuellement pas de vaccin contre le sérotype 8 de la MHE. Il s’agit clairement d’une menace émergente qui pourrait impacter les élevages de bovins ainsi que les cervidés captifs et sauvages en Wallonie.

    Par ailleurs, en termes de prévention, mon administration travaille en particulier sur la faune sauvage. 3 types d’action (projets de recherche) sont mis en œuvre actuellement en vue de se préparer à l’introduction du virus en Belgique :
    1) Convention de recherche 2024 du SPW-ARNE avec le service de santé et pathologies de la faune sauvage, ULiège : le projet de recherche MHE a pour objectif de détecter le plus précocement possible, par des approches directe et indirecte, le virus au sein des populations de cervidés sauvages. Pour déterminer une éventuelle circulation du virus, des analyses sérologiques sur cervidés seront réalisées au sein de territoires sentinelles. Ces derniers seront sélectionnés en fonction de plusieurs facteurs tels que la densité estimée en cervidés sauvages, la proximité d’élevages bovins et de parcs hébergeant des cervidés captifs. Il est également stratégique de tenir compte de la situation épidémiologique dans le compartiment domestique. Il est difficile d’anticiper la propagation de la MHE dans l’espace et dans le temps et l’évolution sera conditionnée par la répartition du ou des espèces de Culicoïdes, vecteurs de la MHE.
    2) Projet de recherche « RF 24/09 EHDV-PREP » de 2024 à 2026 coordonné par Sciensano comprenant des partenaires au niveau fédéral et régional, y compris le SPW-ARNE : Préparation à une éventuelle introduction du virus de la maladie hémorragique épizootique chez les ruminants belges : mise en œuvre du diagnostic et du monitoring et étude de la pathogenèse, de la réponse immunitaire et des vecteurs potentiels. Les organes, y compris la rate, seront prélevés sur des cerfs morts qui seront testés chez Sciensano avec la PCR pan-EHDV. Les résultats des tests sur les organes permettront d’estimer si les cervidés belges pourraient être un éventuel réservoir d’EHDV.
    3) Les agents DNF référents en santé de la faune sauvage ont également suivi une formation le 20 février 2024 sur différents aspects sanitaires d’actualité durant laquelle ils ont été sensibilisés au risque d’introduction du virus de MHE afin d’augmenter la vigilance et d’assurer une détection rapide du virus.