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La réintroduction du Thalys wallon

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 538 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 12/03/2024
    • de LEPINE Jean-Pierre
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    En 2015, la fin de la liaison TGV Mons-Paris était inexplicablement entérinée par la Ministre de la Mobilité de l'époque. Cette décision avait suscité une réaction forte de la population et des forces vives régionales, d'autant plus que le trajet bénéficiait d'un taux d'occupation élevé, témoignant d'une demande bien réelle.

    Mons est le chef-lieu du Hainaut et la capitale culturelle de la Wallonie. Aussi, qu'il s'agisse des travailleurs venant prester dans les entreprises et institutions, des étudiants qui suivent leurs études supérieures à Mons ou encore des touristes venant visiter la ville et ses nombreuses attractions culturelles et récréatives, le train doit rester une option crédible et confortable, tant pour des raisons économiques qu'écologiques. Bénéficier d'une ligne transfrontalière efficace est donc loin d'être une lubie.

    Rappelons d'ailleurs que sa mise en place était un combat wallon porté par Guy Spitaels, alors Ministre-Président, pour faire en sorte que la Wallonie bénéficie d'un positionnement sur la carte européenne de la grande vitesse.

    Fin 2022, la Ville de Mons, par la voie de son collège, a d'ailleurs formalisé sa demande d'un retour du TGV Mons-Paris en s'adressant au Ministre Gilkinet.

    Monsieur le Ministre peut-il nous faire part de son analyse des raisons ayant présidé à la suppression du Thalys wallon ?

    Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui s'interrogent encore sur sa suppression : il y avait une réelle demande et il connectait les villes wallonnes à la capitale française de manière très utile et efficace.

    Pourquoi, à son estime, a-t-on supprimé ce train alors que les travaux de sécurisation invoqués à l'époque se faisaient, eux aussi, du côté d'Anvers, sans pourtant entraîner la suppression de la liaison Bruxelles-Anvers-Amsterdam ?

    Aujourd'hui, est-il possible de réparer cette faute politique et stratégique de la Ministre de l'époque, Jacqueline Galant ?

    Que faudrait-il mettre en œuvre pour corriger le tir et restaurer ce service à la population ?

    Par ailleurs, Monsieur le Ministre peut-il nous donner les modalités du retour de la liaison classique Bruxelles-Mons-Paris ?

    À partir de quelle date ?

    À quelle fréquence ?

    Selon quels horaires ?

    Pendant combien de temps ?

    Quels tarifs seraient appliqués ?
  • Réponse du 28/03/2024
    • de HENRY Philippe
    Thalys a opéré une desserte entre Paris et les grandes gares de la dorsale wallonne entre la fin des années 1990 et le printemps 2015 dans le cadre d’une exploitation conventionnée entre Thalys et le Gouvernement fédéral. Il n’est pas inutile de rappeler que le « Thalys wallon » était un train qui circulait à la vitesse d’un train classique sur la dorsale wallonne, qui n’est pas une ligne à grande vitesse.

    À l’époque, la suppression du « Thalys » de la dorsale wallonne a d’abord été justifiée par une problématique technique. En effet, fin 2014, l’installation par Infrabel du nouveau système de contrôle-commande des trains ETCS sur le corridor Mer du Nord – Méditerranée a été identifié comme non compatible avec la version du système informatique logé à bord du matériel roulant utilisé par Thalys. En décembre 2014, la société Thalys annonçait que ses rames ne pourraient pas être équipées du système ETCS pour circuler en gare de Namur lorsque ce système de sécurité y serait implémenté. En février 2015, le Gouvernement fédéral prenait donc la décision de suspendre cette relation. Dès 2016, la ligne budgétaire « Contribution pour le transport intérieur de voyageurs assuré par des trains à grande vitesse » disparaissait du budget fédéral. Malgré les réactions locales et régionales, la suspension est donc devenue de facto une suppression. Le même sort fut réservé au « Thalys » circulant entre Ostende et Paris.

    À l’heure actuelle, le problème n’est plus l’équipement de sécurité des rames qui a été adapté, mais d’une part la disponibilité de ces rames grande vitesse qui ont été réaffectées par l’opérateur, et d’autre part la mise à disposition d’un budget pour compenser les pertes enregistrées sur cette relation.

    En effet, si besoin est de la rappeler, le transport international de voyageurs ferroviaires étant libéralisé, il ne fait pas partie des missions de service public de la SNCB de mettre en service une offre vers Paris.

    Il ne relève pas plus de la compétence régionale de mettre en place une telle offre.

    Une desserte ferroviaire de ce type ne peut donc être remise en service qu’à la condition de trouver un opérateur désireux de l’opérer. Or, la société Thalys est devenue le 1er avril 2016 une entreprise ferroviaire autonome, entre temps fusionnée avec Eurostar, qui décide elle-même de son offre et qui estime encore aujourd’hui que cette desserte n’est pas rentable.

    Je partage évidemment le souci du développement d'une offre ferroviaire attractive pour les passagers, y compris internationale. Comme le prévoit la Stratégie régionale de Mobilité, il est nécessaire de connecter les territoires frontaliers aux États voisins : le Luxembourg, la France (Lille, Valenciennes, Maubeuge …), l’Allemagne (principalement Aix-la-Chapelle) et les Pays-Bas (principalement Maastricht). L’ensemble de ces pôles étant reliés à la Wallonie via le rail, c’est principalement l’offre ferroviaire qui doit être améliorée. Ces dessertes transfrontalières sont d’ailleurs reprises dans le contrat de service public 2023-2032 de la SNCB.

    Quant à sa question relative au retour de la liaison classique Bruxelles - Mons - Paris, l’honorable membre aura pu lire comme moi dans la presse que la SNCB introduira cet été une offre « Eurocity » à l’occasion des Jeux olympiques. Il s’agit de deux trains par jour dans chaque sens entre Bruxelles-Midi et Paris entre le 24 juillet et le 11 août, et d’un train par jour entre le 28 août et le 8 septembre (Détails de l'horaire : pendant la période du 24 juillet au 11 août, un train partira chaque jour tôt le matin (7h02 en semaine et 7h06 le week-end) et en début d'après-midi (13h38 en semaine et 12h26 les samedis et dimanches). Le retour sera possible sur l'heure de midi (12h30 en semaine et 13h56 le week-end) ou en début de soirée (18h48 en semaine, 18h21 le samedi et 17h58 le dimanche.

    Du 28 août au 8 septembre, le train partira de Bruxelles-Midi à 7h02 en semaine et à 07h06 le week-end, avec un retour en début de soirée (18h48 en semaine et 19h02 le week-end). L’Eurocity fera un arrêt à la gare de Mons où les voyageurs pourront aussi monter. Le trajet durera environ 3 heures en semaine (et environ 4 heures le week-end en raison de travaux en France). Le billet de deuxième classe est disponible à partir de 34 euros l’aller simple et celui de première classe à partir de 49 euros l’aller simple.