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Les jets privés dans les aéroports wallons

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 118 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/03/2024
    • de MUGEMANGANGO Germain
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    « La Wallonie défendra également à l'échelle internationale et notamment européenne le principe d'une réduction forte des émissions de gaz à effet de serre liées à l'aviation. Le Gouvernement encouragera les aéroports wallons à se doter, dans la mesure du possible, d'objectifs ambitieux quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à leurs vols. ».

    Voici un extrait de la Déclaration de politique régionale rédigée en 2019. Entre-temps, la Wallonie a été touchée par des inondations meurtrières qui sont une conséquence du réchauffement climatique.

    Qu'a fait concrètement le Gouvernement wallon pour « défendre à l'échelle européenne une réduction forte des émissions de gaz à effet de serre liées à l'aviation » ?

    Quelles sont les actions menées par le Gouvernement pour que les aéroports wallons se dotent « d'objectifs ambitieux quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à leurs vols » ?

    Sachant qu'un jet privé émet jusqu'à 20 fois plus d'émissions de gaz à effet de serre au kilomètre qu'un avion de ligne classique, restreindre leur utilisation en Wallonie permettrait d'atteindre les objectifs de la DPR.

    D'ailleurs à Amsterdam, les autorités de l'aéroport ont déclaré, en 2023, qu'elles allaient supprimer tous les vols en jet privé qui décollent et atterrissent à certaines heures, afin de réduire les émissions de CO2.

    On constate que, là-bas, les autorités locales ne se cachent pas derrière l'Europe pour agir.

    Afin de respecter la DPR, pourquoi Monsieur le Ministre n’a-t-il pas interdit ou au moins restreint l'utilisation des jets privés dans les aéroports wallons ?
  • Réponse du 26/03/2024
    • de DOLIMONT Adrien
    Je rappellerai aussi à l’honorable membre que nous avons déjà largement débattu de ce sujet en ce Parlement.

    Avec 500 000 mouvements annuels et des phénomènes de congestion évidents, l’aéroport de Schipol ne peut en aucun cas être comparé à nos aéroports.

    En effet, pour l’année 2023, BSCA a enregistré 3 887 mouvements de jets privés et Liege Airport 3 115, ce qui ne représente qu’un nombre anecdotique au vu du nombre de mouvements commerciaux réalisés au départ des deux aéroports, d’autant plus qu’une part non négligeable des mouvements de jets privés concerne des vols à caractère médicaux, militaires ou des vols d’État.

    Par rapport à l'aviation régulière, l'aviation d'affaires est donc un secteur extrêmement mince qui ne contribue que de manière très limitée aux émissions de CO2 puisqu’au niveau mondial, il représente 0,04 % des émissions de CO2.

    En outre, du fait de la modernité des flottes et la plus faible sensibilité aux coûts de ce secteur, les opérateurs d’aviation d’affaires sont les plus intéressés à recourir prioritairement (ou pour une plus grande part) à des carburants plus environmental friendly (SAFe).

    Cela ne veut pas dire que nous ne devons rien faire, mais il convient d’agir au bon niveau !

    Je reste convaincu que si des normes en la matière doivent être édictées, elles doivent l’être au niveau européen et que cela n’aurait que peu de sens de prendre des règles restrictives sur ce secteur d’activité au niveau de la Belgique et encore moins au niveau de la Wallonie.

    En effet, avec un territoire de la taille du nôtre, les activités se délocaliseront au-delà des frontières avec un impact économique direct pour notre pays en termes de pertes d’emplois et de valeur ajoutée sans que cela n’ait de vrai impact au niveau environnemental : notre pays allant de toute manière être survolé.

    À cet égard, il conviendra de vérifier par la suite si les mesures prises par l’aéroport de Schipol sous le couvert de la protection de l’environnement ne visent pas principalement la volonté de désengorger cet aéroport au profit des autres aéroports du pays.

    Si le message d’interdire purement et simplement les vols de jets privés à partir des aéroports wallons pour des raisons environnementales peut paraître opportun pour certains, l’efficacité de la mesure sur le plan environnemental ainsi que son impact économique doivent évidemment être pris en considération.

    Il convient ainsi de ramener de l’objectivité et de la sérénité autour de l’activité de nos aéroports qui, rappelons-le, constituent des viviers d’emploi importants au sein de notre Région.