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La nouvelle directive européenne sur les camions géants

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 567 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/03/2024
    • de DI MATTIA Michel
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Une nouvelle directive a récemment été adoptée par le Parlement européen dans le but de faciliter la circulation des camions géants au sein de l'Union européenne. Cette directive suscite des préoccupations quant à ses implications sur la sécurité routière, l'état des infrastructures et l'environnement.

    De nombreux experts ont en effet exprimé leurs inquiétudes en matière de sécurité routière. Ces engins pourraient aussi créer une concurrence déloyale avec d'autres modes de transport, plus écologiques comme le transport ferroviaire et fluvial.

    L'Union professionnelle du transport et de la logistique (UPTR) estime quant à elle que la libéralisation des « super-camions » apporterait une réponse à la pénurie de chauffeurs dans le secteur de la logistique et présenterait l'avantage substantiel de réduire les émissions de CO2.

    En marge de la mise en œuvre de cette nouvelle directive, le Gouvernement wallon compte-t-il prendre des mesures pour évaluer les impacts potentiels de la circulation accrue des « super-camions » sur la sécurité routière et l'état des infrastructures régionales ?

    À cet égard, comment Monsieur le Ministre compte-t-il prévenir les éventuels risques de dégradation liés aux dimensions et au poids hors normes de ces « super-camions » ?

    Au regard des préoccupations soulevées, quelles sont les initiatives prévues pour inciter à l'utilisation de modes de transports plus durables ?
  • Réponse du 27/03/2024
    • de HENRY Philippe
    Au cours des dernières décennies, la demande de transport a considérablement augmenté, et ce, pour répondre aux besoins de mobilité des personnes ou des marchandises. Au regard des effets négatifs engendrés par un tel développement, différentes solutions sont recherchées dont l’approche multimodale. Il s’agit donc de gérer davantage la demande de transport, de réaliser une meilleure répartition modale et d’optimiser l’usage des infrastructures existantes. C’est d’ailleurs l’objet de la Stratégie régionale de Mobilité – volet marchandises, adoptée en 2020 par le Gouvernement wallon et en cours d’opérationnalisation.

    L’idée d’utiliser, pour le transport de marchandises, des véhicules plus longs et plus lourds (VLL) constitue une piste d’action possible, à l’instar de ce qui est pratiqué dans d’autres pays européens.

    Nonobstant la procédure en cours de révision de la directive poids et dimensions, le SPW Mobilité et Infrastructures a mis en œuvre un projet pilote pour lequel des autorisations permettant aux véhicules plus longs et plus lourds d’emprunter le réseau routier régional pour transporter des marchandises sont délivrées. Cette autorisation fixe, entre autres, les itinéraires de ces convois afin de préserver les infrastructures et assurer la sécurité routière et la mobilité.

    Le projet-pilote a débuté le 1er janvier 2017 et se termine au plus tard le 30 septembre 2025. À ce jour, 21 autorisations de mise en circulation ont été délivrées pour 8 sociétés de transport comptant au total 15 combinaisons VLL. Ce sont près de 940 000 kilomètres qui ont été parcourus.

    L’analyse des aspects relatifs à la sécurité routière montre que les risques de situations conflictuelles sont dans la grande majorité propre aux poids lourds et pas spécifiquement aux VLL.

    Étant donné les caractéristiques techniques très spécifiques de ces combinés poids lourds et afin de garantir la sécurité de tous les usagers de la route, une formation ciblée pour apprendre à conduire ces trains roulants est organisée en Région wallonne.

    Globalement, les risques relevés au niveau de la sécurité routière peuvent être généralement atténués par la formation adéquate des conducteurs, l’imposition de prescriptions de circulation ou par des actions portées sur l’aménagement routier. Par ailleurs, la sécurité routière et la congestion du réseau bénéficient de l’effet statistique de la diminution de nombre de poids lourds nécessaires pour transporter une quantité de marchandises donnée.

    Au niveau de l’étude de l’impact des VLL sur l’infrastructure routière, l’analyse des sollicitations sur la structure des ouvrages d’art laisse apparaitre que ces véhicules ne sont pas plus sollicitant que les poids lourds standards.

    Il apparaît qu’à quantité de marchandises transportées inchangées, dans la plupart des cas, l'agressivité d'un camion de cette grandeur est moindre que celle d'un tracteur 2 essieux avec un semi-remorque 3 essieux, qui est le mode de transport le plus utilisé en Belgique pour le transport des marchandises par route.

    Au niveau de la mobilité et du risque de transfert modal, le transport fluvial et le transport ferroviaire sont particulièrement pertinents pour transporter des volumes et/ou des tonnages importants, essentiellement en vrac ou en container et principalement sur les zones directement desservies par ces modes structurants. Cependant, l’usage des la voie routière est pertinente pour des zones non desservies par ces modes de transports alternatifs. Il y a donc un domaine de complémentarité possible entre les VLL et le transport ferroviaire et fluvial afin d’améliorer les flux de transports.

    Par ailleurs, dans le cadre du projet pilote, l’administration a mis en place un dispositif d’examen de l’impact multimodal de chaque demande individuelle des transporteurs/entreprises. Ainsi les candidats à l’autorisation doivent justifier la pertinence de leurs choix modaux et au minimum évaluer les possibilités qui s’offrent à eux en termes de transport multimodal.

    Du point de vue de l’intérêt économique des opérations réalisées au moyen de VLL, la plus grande capacité de chargement (+49 %), cela leur de transporter une même quantité de marchandises avec moins de trajets.

    Par ailleurs, ce type de camion pourrait être une des solutions à la problématique de la pénurie de chauffeurs puisque seulement 2 chauffeurs VLL sont nécessaires pour 3 chauffeurs poids lourds.

    Du point de vue écologique, les gains réalisés en y recourant résident surtout dans une réduction du nombre de kilomètres parcourus engendrant de fait au niveau environnemental une réduction des émissions toxiques, en ce compris des émissions de CO2 ainsi qu’une baisse de la consommation de carburant d’environ 20 %.

    En conclusion, bien que les VLL présentent des avantages, leur usage doit se faire en complémentarité des transports modaux alternatifs. Nous devons continuer à réduire le flux de transport par voie routière. Pour ce faire, la Région doit maintenir ses efforts en investissant dans les moyens multimodaux afin d’accroitre leur compétitivité face au transport routier. C’est ce que je me suis attelé à faire durant cette législature au travers de la Stratégie régionale de Mobilité, notamment par l’investissement dans les infrastructures (pour rappel : rehaussement des ponts, extension du Trilogiport, rénovation des écluses, et cetera).