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L'insertion des personnes immigrées sur le marché de l'emploi

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 329 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 27/03/2024
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Selon les chercheurs de quatre universités (UGent, UAntwerpen, ULB et UMons), qui ont procédé à une analyse documentaire systématique des 35 articles publiés dans Web of Science entre 2010 et 2023 concernant la situation des personnes issues de l'immigration sur le marché du travail en Belgique, il semblerait que ces dernières seraient en moyenne moins bien payées, plus susceptibles d'occuper des postes pour lesquels elles sont surdiplômées et plus enclines à exercer des emplois précaires que les natifs ne veulent plus.

    La Belgique serait l'un des maillons faibles européens en ce qui concerne l'intégration sur le marché du travail des personnes issues de l'immigration. La situation ne s'améliore que trop peu pour les enfants d'immigrés et les femmes issues de l'immigration sont encore plus désavantagées que les hommes par rapport aux natifs.

    Comment les personnes issues de l'immigration s'en sortent-elles sur le marché de l'emploi belge ?

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette étude ?

    Dispose-t-elle des statistiques sur les personnes issues de l'immigration ayant décroché un contrat de travail ainsi que les secteurs privilégiés par ceux-ci ?
  • Réponse du 10/04/2024
    • de MORREALE Christie
    La dernière analyse sur l’insertion professionnelle des immigrés en Belgique, publiée le 19 mars dernier, et réalisée par l’ULB, l’UMons, l’UGent et l’UAntwerpen atteste en effet que la Belgique reste un maillon faible en la matière.

    Le dernier Monitoring socioéconomique 2022 du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale et d’Unia montre que la position des personnes d’origine étrangère sur le marché du travail belge s’est améliorée ces dernières années. Toutefois leur taux d’emploi reste bien inférieur à celui des personnes d’origine belge.

    Ainsi, selon les données issues des enquêtes sur les forces de travail de Statbel (EFT), l’écart entre le taux d’emploi des Belges et des personnes ne provenant pas de l’Union européenne était en Wallonie de 25,2 % (24,4 % en Belgique). Cet écart est d’autant plus marqué selon le genre : 10,6 % pour les hommes et 35,6 pour les femmes.

    Le rapport de l’Unia souligne ainsi le phénomène d’ethnostratification du marché du travail et une discrimination structurelle qui réduit les chances de décrocher un emploi pour les personnes d’origine étrangère. Toujours selon l’analyse de l’Unia, à niveau de diplôme et domaine d’études identiques, les personnes d’origine étrangère trouvent plus difficilement un emploi.

    La qualité du travail (salaires, mobilité entre les statuts, secteurs et types de contrats) s’est améliorée, mais les personnes issues de l’immigration restent surreprésentées dans des postes moins qualitatifs et moins durables.

    La répartition entre les secteurs contribue à expliquer l’écart salarial par rapport aux travailleurs d’origine belge. Les personnes d’origines étrangères sont surreprésentées dans les secteurs d’activité tels que le commerce, l’HoReCa, les services relatifs aux bâtiments et les transports sont des secteurs dans lesquels, où les emplois « non standards » sont plus nombreux.

    S’il est évident que des progrès restent encore à faire, la lutte contre toutes les formes de discriminations, y compris en matière d’emploi, a toujours constitué l’une des priorités du Gouvernement wallon. Depuis le début de la législature, j’ai été attentive à ce que chaque personne puisse être traitée de manière égale et avec dignité.

    Ainsi, à mon initiative, le Gouvernement wallon a adopté en mars 2023 le premier Plan wallon de lutte contre le racisme. Il contient 12 mesures pour renforcer la diversité et lutter contre les discriminations dans le secteur de l’emploi.

    Parmi celles-ci, le FOREm s’est doté depuis septembre 2022 d’un outil qui lit automatiquement le contenu de chaque offre entrante pour diffusion sur leforem.be et qui transmet une alerte à l’entreprise au cas où celui-ci détecte la présence, au sein du contenu de l’offre d’emploi, d’éléments potentiellement discriminants.

    L’entreprise est alors invitée à réaliser des modifications dans le contenu de son offre afin de respecter les prescrits légaux en la matière. L'outil est en constante évolution.

    Par ailleurs, nous nous attachons également à améliorer le contenu des alertes, de manière à ce que l’entreprise comprenne mieux en quoi son offre apparaît discriminante et soit en mesure de la modifier adéquatement. En cas d’incompréhension, une entreprise a toujours la possibilité de contacter un conseiller afin d’obtenir des conseils plus personnalisés en matière de rédaction/diffusion de l’offre d’emploi, y compris, les règles d’usage en matière de non-discrimination. Le contrôle automatique des offres s’effectue donc en amont de leur publication et le nombre d’alertes effectuées n’est à ce jour pas comptabilisé.

    Le guide de sensibilisation des entreprises relative à la gestion de la diversité des ressources humaines, dont la dernière édition date de 2015, va être actualisé prochainement. Le test d’auto-évaluation sera élaboré dans la foulée. Il est effectivement prévu que le guide sera mis à disposition de l’ensemble des employeurs via les sites informatiques du SPW et du FOREm et qu’il sera transmis aux employeurs pour lesquels un risque de discrimination est détecté.

    Le plan wallon de lutte contre le racisme 23-26 prévoit également d’autres mesures pour renforcer la diversité et lutter contre les discriminations en matière d’emploi, en particulier :
    · l’augmentation des compétences des personnes d’origine extra-UE ;
    · le renforcement de la reconnaissance des compétences des groupes cibles par la formation en milieu de travail et la certification validation des compétences ;
    · le soutien à l’insertion des personnes issues de l’immigration, éloignées de l’emploi, dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre ;
    · mais également le soutien à l’intégration des jeunes issus de l’immigration sur le marché de l’emploi via le mentorat ;
    · et enfin, le développement de l’application FACT (First Aid Communication Tool)

    Concernant le décret relatif aux tests de situation, il a été approuvé par le Gouvernement en deuxième lecture, le 1er février dernier. Nous attendions initialement l'avis du Conseil d'État le 5 mars, mais ce dernier nous fait part de retards. Nous espérons recevoir son avis sous peu afin de finaliser la présentation de ce dossier.