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Absence des femmes dans le Plan Marshall.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 25 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 28/02/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    Le Plan Marshall nous a été longuement annoncé par le Gouvernement wallon comme étant « la solution » pour enfin sauver la Wallonie. A y regarder de plus près, le Plan Marshall, qui veut rompre absolument avec les pratiques du passé, n'en conserve pas moins de nombreux défauts, notamment pour ce qui concerne la question du genre.

    En effet, le redressement de la Wallonie, je crois, passe non seulement par les Wallons mais également par les Wallonnes. Ainsi, le Conseil wallon de l'égalité des hommes et des femmes se montre très critique à l'égard du Plan Marshall en matière de « gender mainstreaming ».
    Ce sont ainsi trop souvent les secteurs masculins qui ont été favorisés par les mesures prises et adoptées par le Plan Marshall et trop peu souvent les secteurs de l'économie, dits plus féminins, comme le social.

    Quelles sont les réponses que Monsieur le Ministre-Président apporte aux critiques faites par le Conseil wallon de l'égalité des hommes et des femmes pour ce qui concerne le Plan Marshall ? Quels sont les ajustements qui seront éventuellement proposés par Monsieur le Ministre-Président à cet effet ? Insistera-t-il auprès de ses Collègues du Gouvernement wallon pour que tous les Wallons (hommes et femmes) soient effectivement pris en considération dans les actions que ceux-ci mèneront en vue d'assurer le redressement de la Wallonie ?
  • Réponse du 22/03/2007
    • de DI RUPO Elio

    Où sont les femmes? Une chose est certaine, elles sont omniprésentes dans le Plan Marshall. D'abord, faut-il le rappeler, parce qu'une stratégie de redressement régional visant à soutenir la création d'activités, d'emplois et de richesses a pour but d'améliorer le bien-être collectif et l'intégration harmonieuse de tous, y compris, bien sûr, des groupes connaissant parfois des difficultés spécifi ques.

    La politique régionale, telle que notamment ciblée par les actions prioritaires pour l'Avenir wallon et les plans stratégiques transversaux, consacre néanmoins une attention particulière à la situation des femmes. Et ce, non pas parce qu'il doit exister des différences de traitement entre citoyens mais parce que des situations historiquement différentes doivent être traitées différemment, principalement lorsqu'il s'agit de redresser des inégalités, de moins en moins de droit mais

    toujours de fait.

    Cette dimension « femme» s'inscrit donc de manière transversale dans les axes des divers plans et dans les mesures prises en application de ceux-ci. Pour soutenir ce mouvement, il a été donné instruction à l'IWEPS d'opérer au maximum une ventilation par genre des données qu'il collecte, traite et publie. En collaboration avec le CWEFH, l'Institut a construit le premier portrait statistique sexué de la Wallonie. Des progrès substantiels ont donc été engrangés dans la présentation de statistiques sexuées qui éclairent l'action publique sur les différences à prendre en compte et donc les politiques à mettre en œuvre. Cette nouvelle approche a aussi révélé l'existence de carences dans les données disponibles. L'IWEPS poursuit donc son travail, notamment par une sensibilisation des producteurs de données.

    Toujours en amont, au plan législatif, cette fois, ces dernières années ont traduit une volonté constante d'agir de manière proactive pour garantir aux représentantes du genre féminin une place plus conforme à leur poids démographique au sein de la société. C'est ainsi qu'au-delà de la création du Conseil wallon de l'égalité homme-femme, ont été adoptés le décret assurant la présence équilibrée des hommes et des femmes dans les organes consultatifs et le décret imposant une parité effective sur les listes électorales. Dans le même esprit, le Gouvernement wallon vient d'adopter, en première lecture, un décret sur une présence équilibrée des genres au sein des conseils d'administration. C'est un nouveau pas, posé de manière volontariste, dans la direction de la parité des genres à tous les niveaux de la société.

    Dans ce contexte, le Plan Marshall n'a pas été présenté «comme étant « la solution» pour enfin sauver la Wallonie». Il vise en revanche à lutter de façon efficace et déterminante contre le fléau du chômage qui frappe notre population et - on le sait -:- particulièrement les Wallonnes. Un éventail de mesures y concoure tantôt de façon ciblée, tantôt de façon générale. On peut d'ailleurs s'étonner de la formulation de la question, affirmant que le plan favorise trop souvent « les secteurs masculins» et délaisse les « secteurs de l'économie, dits plus féminins, comme le social ». Cette catégorisation des professions laisse perplexe et une visite dans les centres de recherche de nos pôles d'excellence suffit à relativiser très largement une telle approche, en révélant, par exemple, que le chercheur d'aujourd'hui est, bien souvent, une chercheuse.

    Ceci n'a cependant pas empêché le Gouvernement de définir des axes et de prendre des mesures plus spécifiques. Quatre grands domaines, parmi d'autres, peuvent être évoqués en ce sens: le renforcement de la disponibilité pour l'emploi, l'accroissement des compétences, la lutte contre les stéréotypes sexués et la sensibilisation à l'entreprenariat.

    Le Plan Marshall marque ainsi sa volonté d'accroître la disponibilité professionnelle via le développement des services de l'accueil de l'enfance et de l'aide aux personnes dépendantes. Outre le fait que les créations d'emplois induites par cet objectif profitent, de facto, majoritairement aux femmes, cette mesure a pour conséquence directe, dans l'état actuel de la société, de permettre aux travailleuses de s'inscrire et de demeurer dans le marché du travail et de s'investir plus pleinement dans leur carrière professionnelle. Le Gouvernement wallon s'est engagé à créer 2 000 emplois directs dans ces secteurs, mis à la disposition des structures actives dans les domaines de l'accueil de l'enfance et de l'aide aux personnes dépendantes. Au cours des 18 mois écoulés depuis le lancement du plan, 1 150 postes ont ainsi été affectés, notamment aux services de proximité destinés aux aînés et aux personnes handicapées. Par ailleurs, la Région wallonne intervient en appui de la Communauté française pour créer 850 postes supplémentaires essentiellement pour l'engagement de puériculteurs/trices, permettant l'ouverture de 6 560 places supplémentaires dans les lieux d'accueil ONE et dans les écoles maternelles.

    Concernant l'accroissement des compétences pour l'emploi, le résultat sur la population féminine des mesures prises en matière de formation est réel. Plus de 45 % des demandeurs d'emploi soutenus dans le cadre des Missions Régionales sont des femmes et elles sont majoritaires dans les actions de job coaching. En 2005, 58 % des stagiaires pris en charge par les EFT et OISP étaient des femmes.

    Le Forem est également attentif à ce public: 51 % des femmes avaient suivi une formation qualifiante auprès de ses services et l'offre de formation formulée par le Forem Conseil a concerné 56 % des femmes. Un des axes forts du plan Marshall vise à remédier aux métiers dits en pénurie de main-d'œuvre. La dimension « femme» y est également présente. Ainsi le projet «Femmes dans la construction» s'inscrit dans cet esprit. Cette expérience, articulée sur la formation et l'encadrement, se développe sur base d'un partenariat entre le secteur (CCW et syndicats), les opérateurs publics (Forem, IFAPME, MIRE, ... ) et le secteur associatif.

    Plus en amont, la lutte contre les stéréotypes sexués interpelle le Gouvernement wallon, même si celui-ci doit en l'occurrence agir sur le plan de la sensibilisation pour contribuer à faire évoluer les mentalités. Le Forem a ainsi inscrit dans la formation continuée de ses formateurs un module consacré à l'approche de ces stéréotypes. Cette dimension fait également partie intégrante des projets de formation professionnelle comme celui développé dans le cadre des métiers de la construction.

    Cet aspect se retrouve également au cœur des mesures prises en faveur de la valorisation et du développement de l'entrepreneuriat féminin. On pourrait citer la mise en évidence des femmes dans les journées « découverte entreprises », l'intégration de cette dimension aux initiatives de développement de l'esprit d'entreprendre dans les écoles ainsi que dans la valorisation des filières techniques et scientifiques par-delà toute considération de genre. Plus concrètement, on notait que 40 % des bénéficiaires du dispositif «chèque¬formation à la création d'entreprise» étaient des femmes; un chiffre à mettre en perspective avec les 14 % de chefs d'entreprise féminins enregistrés actuellement en Wallonie. De même, on notait que quelque 35 % des bénéficiaires de microcrédits sont des femmes pour seulement, aujourd'hui, 16 % de « patronnes» de TPE. Le Gouvernement wallon travaille donc à une promotion résolue de tous les postes et de toutes les filières qui, contrairement aux craintes exprimées dans la question, ne s'opère pas au détriment d'un secteur non-marchand promu comme une dimension essentielle de notre qualité de vie et de la cohésion de notre société