Le bilan et les perspectives liés aux inondations dans le bassin de la Dendre
Session : 2023-2024
Année : 2024
N° : 386 (2023-2024) 1
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Question écrite du 10/04/2024
de AHALLOUCH Fatima
à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Début février 2024, nombreuses ont été les interventions des équipes de secours dans le bassin de la Dendre et aux alentours, de Gaurain-Ramecroix à Lessines. C'est à nouveau un mois de pluie qui s'est abattu en quelques jours sur la région, provoquant inondations et dégâts.
Par ailleurs, les aménagements dans le sous-bassin de la Dendre ont déjà été nombreux ces dernières années : que l'on parle des zones d'immersion temporaire (ZIT) d'Enghien, Sily, du Ruisseau d'Ancre ou du Buissenal, de digues le long de la Dendre canalisée, de la réouverture d'un bras-mort de la Marcq, ou encore la création d'un nouveau barrage sur la Dendre canalisée à Papignies ou de la rénovation des écluses de Deux-Acren.
La cellule Gestion intégrée Sol Érosion Ruissellement (GISER) a souvent été mobilisée sur ce secteur pour son expertise et ses recommandations.
À ce sujet, Madame la Ministre pourrait-elle nous dire quels sont les aménagements qui sont en cours ou restent à effectuer dans le sous-bassin de la Dendre ?
À quel horizon peut-on espérer voir les travaux se terminer ?
Quels nouveaux projets sont actuellement à l'étude pour limiter l'impact des inondations sur les populations locales ?
Réponse du 03/06/2024
de TELLIER Céline
Les problématiques de ruissellements et d’inondations sur les grandes surfaces revêtues ou exploitées par les humains sont bien connues, et elles ne font malheureusement que s’intensifier avec les dérèglements climatiques.
Le sous-bassin de la Dendre n’est pas en reste, et de nombreuses habitations y sont trop régulièrement impactées. Les administrations travaillent de concert, afin de mettre en place différents dispositifs de protection.
Comme l’honorable membre le souligne à juste titre, plusieurs aménagements ont déjà pu être concrétisés, pour contenir les flux d’eaux trop importants. Ceux-ci ont déjà démontré leur efficacité à de nombreuses reprises.
L’aide de 71.2 millions d’euros, octroyée selon des critères stricts à chacune des 262 villes et communes de Wallonie suite aux inondations de juillet 2021, renforce considérablement leur pouvoir d’action pour mettre en œuvre les projets inscrits dans les Plans de gestion du risque d’inondations (PGRI) 2022-2027. Par ailleurs, cette aide permet également d’aller plus loin en développant des projets résilients pour faire face aux futurs risques d’inondation.
Rappelons que la gestion des inondations ne se limite pas à la mise en place d’aménagements de lutte contre les inondations. Plusieurs axes de travail peuvent être identifiés. Ils permettent d’intégrer « l’avant », le « pendant » et « l’après » inondation : la prévention, la protection, la préparation et la réparation - analyse post-crise. C’est ce que l’on appelle le cycle de gestion des inondations. Cette aide financière permet donc à l'ensemble des villes et communes de Wallonie d’agir sur le cycle complet de gestion des inondations.
Concernant plus particulièrement les 13 communes localisées sur le bassin versant de la Dendre, à l’heure actuelle, 6 communes ont soumis 14 projets, soit à l’analyse d’éligibilité, soit déjà validés au sein de mon administration. Il s’agit plus particulièrement de : o Commune de Belœil : - une étude de faisabilité pour la création d’une ZIT ; - une étude et la création d’une surverse sur la Hunelle ; - un aménagement pour lutter contre les inondations sur La Verne de Basècles à Thumaide ; o Commune de Brugelette : - des aménagements de lutte contre le ruissellement à Gages (en suspens) ; o Commune de Chièvres : - une étude hydrologique et hydraulique du bassin versant de la rue de Warpotte ; o Commune de Frasnes-lez-Anvaing : - l’achat de terrains pour la création d’une ZIT à Corde ; - un projet de prévention inondation contre des coulées de boue à Grandrieu ; o Commune de Jurbise : - achat de matériel ; o Commune de Tournai : - une étude hydrologique et hydraulique du bassin versant du Bas Gardin à Havinnes (en suspens) ; - des travaux de reprise d’eau de ruissellement à Willemeau ; - des travaux de tamponnement des eaux de ruissellement à Willemeau ; - des travaux de tamponnement des eaux de ruissellement à Havinnes.
Soulignons que les communes ont jusqu’au 31 décembre 2024 afin de soumettre à l’analyse d’éligibilité, les projets qu’elles souhaitent pouvoir mettre en œuvre grâce à la subvention PGRI. Ceux-ci devront être finalisés au plus tard pour décembre 2027.
La cellule GISER est active sur l’ensemble du territoire de la Dendre. Au cours de ces 10 dernières années, les 13 communes ont au moins fait appel une fois à la cellule GISER suite à des problèmes d’inondations par ruissellement et coulées de boues, certaines de nombreuses fois. Au total, ce sont 105 sites qui ont été visités. Pour chacun, un rapport reprenant diagnostic et propositions d’actions a été remis. Les recommandations formulées incluent à la fois des travaux à mener par la commune sur son domaine public, tels des aménagements de voiries ou des fossés, des actions sur les terrains agricoles et des protections pour les riverains. La cellule GISER vise toujours à avoir une réponse intégrée sur l’ensemble du bassin versant en impliquant les différents acteurs : agriculteurs, communes et riverains. Elle n’est pas l’initiatrice des réalisations, c’est le rôle des communes et des agriculteurs. Voici quelques réalisations dont nous avons connaissance : o Ath : fascines installées par la commune et le CRD (sur bas du diagnostic GISER à Ormeignies), deux études en cours par IPALLE pour des ZIT ; o Belœil : haie anti-érosive (Ellignies St Anne), étude d’un petit aménagement hydraulique (IPALLE) ; o Chièvres : étude d’une ZIT (Vaudignies) par IPALLE ; o Ellezelles : installation d’une fascine volontairement par un agriculteur au coin de son champ de PDT (appui du parc naturel), études de 3 « mini ZIT » par IPALLE ; o Frasnes-lez-Anvaing : installation de fascines et déplacement d’entrée de champ ; o Tournai : fascines (sur le territoire du bassin de l’Escaut).
Certaines des recommandations aboutissent à des projets financés dans le cadre de la « subvention PGRI ».
La cellule GISER remet également des avis sur les demandes de permis d’urbanisme soumis à un risque d’inondation par ruissellement. À l’échelle de la Wallonie, ce sont 7 500 avis qui sont rendus annuellement. Sur les 13 communes du territoire de la Dendre, en moyenne près de 400 avis sont rendus chaque année. Cette mission est indispensable pour éviter que des constructions ne s’implantent sur des axes de concentration de ruissellement et subissent des inondations, ou ne génèrent de nouveaux problèmes pour les lieux situés en aval. Dans la plupart des cas, des adaptations des projets sont possibles pour gérer le risque d’inondation par ruissellement (fossé parabolique pour guider le ruissellement, rehaussement du bâtiment, gestion des eaux pluviales, et cetera).
Dans le cadre des opérations d’aménagement foncier, la Direction de l’Aménagement foncier rural du SPW ARNE fait réaliser différents travaux qui contribuent à la réduction des inondations dans le bassin de la Dendre. Ces travaux multifonctionnels nécessitent la mobilisation de foncier qui sera versé dans le domaine public lors des opérations d’aménagement. Ils sont co-financés par la Wallonie et les pouvoirs subordonnés.
o dans le cadre de l’AFR « ENGHIEN » (travaux réalisés) : - méandrage de la Marcq, accompagné de la création et de la restauration de chapelets de mares tampon (dont les « Pas du géant », soit deux mares de 19 ares chacune en forme d’empreintes des pas) ; - création de deux ZIT (31 000 m³ et 16 000 m³) ; o dans le cadre de l’AFR « REBAIX » (appel d’offres en cours) : - création de trois ZIT pour lutter contre les inondations sur le territoire de la Ville d’Ath ; o dans le cadre de l’AFR « CHIEVRES-ATH » (travaux à étudier) : - création d’un fossé à redents au Sentier de la Vierge à Chièvres ; - création d’une ZIT.