/

Le suicide chez les plus de 75 ans.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 64 (2006-2007) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 28/02/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à VIENNE Christiane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Chez les hommes de 75 ans et plus, l'incidence du taux de suicide serait le double de celle qui frappe les jeunes de moins de 25 ans. Chez les femmes, les chiffres de cette catégorie sont trois fois plus élevés. Ces données sont donc particulièrement inquiétantes.

    Les causes de ces suicides ou de ces tentatives de suicide sont multiples: perte de dépendance, peur d'être une charge pour l'entourage, perte d'un être cher, etc.

    Ce qui est particulièrement inquiétant dans ce taux de suicide élevé est le fait que la décision de passer à l'acte serait généralement moins impulsive. Ainsi, l'intention de se donner la mort serait bien plus affirmée que chez les plus jeunes.

    Dans un premier temps, Madame la Ministre peut-elle me confirmer le taux de suicide des plus de 75 ans en Région wallonne ? Ce taux de suicide concerne-t-il également les maisons de repos et les maisons de repos et de soins ?

    Madame la Ministre estime-t-elle que la formation des dispensateurs de soins en matière de prévention du suicide des personnes âgées est suffisante ?

    Madame la Ministre peut-elle également me dire si des contacts ont été pris à ce sujet avec son homologue de la Communauté française en charge de la prévention de la santé ?
  • Réponse du 07/05/2007
    • de VIENNE Christiane

    J'imagine que la question de l’honorable Membre est à mettre en lien avec la publication du Journal du Médecin (JDM) du 19 janvier dernier ...

    Selon le Centre de prévention du suicide, organisme reconnu par la Communauté française, le taux de suicide pour la Belgique est estimé à 23 pour 100.000 habitants. Avec 2.146 suicides sur un total de 103.800 décès en 1997, au niveau de l'ensemble de la population, le suicide est la 10ième cause de décès.

    Le nombre de décès par suicide est donc bien supérieur au nombre de décès par accidents de la route, chutes accidentelles, ou autres accidents.

    De nos jours, il existe par rapport au suicide toute une série d'idées reçues quant à la vulnérabilité particulière de certains groupes de personnes. S'il est vrai que la problématique du suicide se pose avec plus d'acuité dans certaines classes d'âge, il touche néanmoins toutes les couches de la population, de même que toutes les classes sociales,

    Toujours selon le Centre de prévention au suicide, les personnes les plus sensibles aux idéations ou aux comportements suicidaires sont souvent, soit des adolescents, soit des personnes âgées. De fait, la problématique du suicide se marque de façon importante aux deux extrémités de l'existence : un taux élevé de tentatives de suicide à l'adolescence ainsi qu'un taux élevé de suicides chez les personnes âgées. Aussi, si les jeunes et les femmes essayent plus souvent de mettre fin à leur jour, les hommes et les personnes âgées y arrivent plus souvent.

    Au-delà des différentes données chiffrées mentionnées supra, je suis quant à moi dans l'impossibilité de les confirmer pour la Région wallonne sachant que je ne dispose pas d'éléments statistiques à ce sujet et que, en outre, les sources du JDM ne me sont pas disponibles.

    Ceci étant dit, que l’honorable Membre sache que, afin de combler ce manque de chiffres, la Conférence interministérielle « soins de santé mentale» a chargé un groupe de travail intercabinets « suicide », dont la Communauté française est membre, de la mission suivante:

    - constituer une base de données statistiques et épidémiologiques pour tout le territoire;
    - élaborer un inventaire des services et initiatives;
    - identifier les bonnes pratiques;
    - examiner comment optimaliser le travail en réseau;
    - favoriser la mise en œuvre de la recommandation de l'OMS en matières de sensibilisation des médias;
    - proposer des solutions dans le but de remédier aux problèmes rencontrés au niveau des soins dispensés, pour une qualité de soins optimale;
    - proposer, si nécessaire, l'élaboration d'un protocole entre l'Etat fédéral et les Entités fédérées en vue d'infléchir le nombre de tentatives de suidde et le nombre de suiddes et d'améliorer la prévention tertiaire.

    Les travaux de ce groupe sont donc actuellement en cours et se sont poursuivis comme suit:

    - la Communauté française s'est engagée à résoudre les problèmes liés à l'enregistrement des données de mortalité de manière à permettre la création de statistiques en matière de suicide au niveau national;
    - une enquête a été menée auprès des plates-formes de concertation en soins de santé mentale (PCSSM) concernant les initiatives et services d'aide aux personnes en matière de suicide. Les premiers résultats montrent que certaines initiatives de prévention sont peu, voire pas du tout connues des PCSSM ;
    - l'inventaire des initiatives et services doit être complété au moyen de données que la Communauté flamande et la Région bruxelloise doivent fournir; une fois finalisé cet inventaire sera adressé, sans attendre, à toutes les PCSSM.

    En outre, le 16 février dernier, un rapport du Conseil supérieur d'hygiène a été présenté au groupe de travail; ce document décline les neuf recommandations suivantes:

    - promotion de la santé mentale, de l'éducation à la santé et de la prévention ;
    - mise en place d'un programme de soins avec les acteurs locaux qui collaborent dans une région spécifique pour offrir des soins concrets aux personnes concernées;
    - installation et ancrage d'un réseau efficace de disciplines et structures complémentaires pour la prise en charge des dépressions et des suicides;
    - identification précoce des situations à risque dont les troubles mentaux et la dépression en particulier;
    - interventions de crise ;
    - formation des intervenants (médecins , généralistes, personnel pénitentiaire, infirmiers, aides soignants, personnel des maisons de repos et des maisons de repos et des soins, ... ) ;
    - soutien aux professionnels;
    - actions visant les proches;
    - rôle actif des médias dans la prévention du suicide.

    Dans l'hypothèse où l’honorable Membre souhaiterait compléter son information, ce rapport est disponible sur le site web du Conseil supérieur d'hygiène (www.health.fgov.be).