à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
Comme Madame la Ministre le dit si bien, l'abattage reste aujourd'hui le maillon faible du circuit court dans l'élevage bovin en Wallonie. Depuis le début de cette législature, deux études ont déjà été menées à sa demande afin d'évaluer la faisabilité de l'abattage à la ferme, d'un point de vue technique et sanitaire. C'est effectivement une demande bien légitime du secteur agricole, qu'elle soutient tant pour des raisons évidentes de bien-être animal que pour le principe de circuit court.
D'après la dernière étude de l'ULiège concernant le délai entre la saignée et l'éviscération, les résultats sont positifs puisqu'il n'y aurait pas de contamination par les bactéries contenues dans l'intestin vers la paroi musculaire dans les 4 heures post-mortem.
En septembre dernier, elle m'indiquait que les équipes de recherche et son administration étaient en discussion avec l'AFSCA afin de revoir la révision circulaire qui impose un délai de 45 minutes seulement. Madame la Ministre peut-elle m'informer de l'état d'avancement de ces discussions ?
En septembre, elle annonçait également une nouvelle convention de recherche entre la Région et l'ULiège pour un projet pilote. Ce projet-pilote a-t-il démarré ? Le cas échéant, quels sont les premiers retours ?
Comme moi, elle espérait pouvoir passer ensuite à une phase pratique à plus large échelle. A-t-elle déjà un calendrier pour une mise en application de l'abattage à la ferme ?
Réponse du 28/05/2024
de TELLIER Céline
L’abattage à la ferme permet de réduire le stress des animaux, tout en améliorant la durabilité de nos systèmes alimentaires. Ainsi, il est évident qu’actuellement, l'abattage demeure un maillon faible du circuit court dans l'élevage de bovins en Wallonie. L'abattage des bovins dans des abattoirs « fixes » peut par ailleurs être source de stress et donc entraîner des conséquences néfastes pour le bien-être de ces animaux (que ce soit lors du chargement dans le lieu d’exploitation, lors du transport vers ces abattoirs, lors du déchargement au sein du site d’abattage, et cetera). C'est pourquoi, en collaboration avec le Ministre Borsus, nous avons lancé un appel à projets en 2020 afin d'étudier les opportunités de développement de l'abattage à la ferme en Wallonie. Parmi les différents projets soumis, celui de l'Université de Liège a été retenu. Par la suite, comme l’honorable membre le souligne, une deuxième étude a été réalisée, toujours par l'Université de Liège, concernant le délai entre la saignée et l'éviscération. À la suite de cette étude, une demande d'avis sur ce délai a été déposée au Comité scientifique institué auprès de l'AFSCA. La conclusion est la suivante : « Le Comité scientifique considère qu’il n’y a pas de risque supplémentaire pour la sécurité alimentaire pour un délai saignée-éviscération allant jusqu’à deux heures, et ce indépendamment des conditions climatiques ». Cet avis ayant été remis très récemment, il reste à espérer que l'AFSCA le suive et modifie prochainement la circulaire relative à ce délai en conséquence.
Afin de permettre à l'Université de Liège de parachever ses recherches dans le but de pouvoir lancer de manière concrète un projet pilote, une troisième convention a de nouveau été conclue en novembre dernier. L'Université de Liège avait pour mission de réaliser une phase préparatoire afin de concevoir au mieux la phase pilote du projet d’abattage à la ferme dans le cadre du suivi de l’étude sur les opportunités de développement de cette pratique en Wallonie. Cette troisième étude a permis d'éclaircir certains points par l'intermédiaire de rencontres et de discussions avec d'autres États membres de l'Union européenne.
Une nouvelle convention de recherche entre l'Université de Liège et la Région wallonne devrait très prochainement être validée par le Gouvernement. L’objectif est de lancer un projet pilote à proprement parler, pour évaluer concrètement la faisabilité réelle sur le terrain de l'abattage à la ferme. Un suivi scientifique sera également organisé pour étudier les aspects liés à la sécurité sanitaire, au bien-être animal et à l’organisation pratique. À l'issue de cette étude, une évaluation exhaustive du projet-pilote sera effectuée, accompagnée de recommandations et de points d'attention. Le présent projet est prévu pour une durée d’un an, avec une phase préparatoire, une phase de mise en pratique et une dernière phase, consacrée à la rédaction du rapport.