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Les statistiques de l'exportation wallonne.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 65 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 06/03/2007
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur

    Une hausse de 16,4 % entre 2005 et 2006, c'est le bilan positif que l'on peut dresser à propos des exportations wallonnes. Les chiffres fournis par la BNB sont encourageants. Mais Monsieur le Ministre sait aussi que les statistiques peuvent faire l'objet d'interprétations diverses et qu'elles sont largement tributaires de la méthode de calcul utilisée.

    C'est pourquoi j'aimerais connaître la méthodologie utilisée pour développer de telles statistiques.
    Sur quelles bases sont-elles établies ?

    Quelle est la période de référence pour établir de telles données ?

    Comment les variations d'exportations sont-elles imputées par région ?

    Comment le problème des sièges d'entreprise (qui peuvent être différents du siège d'exploitation) ou des portes de sortie des produits (la question des ports par exemple) est-il solutionné ?

    Ensuite, le Ministre-Président affirme qu'il faudrait, à ce rythme, entre 10 et 15 ans pour rattraper la Flandre. Sur quoi se base-t-il pour émettre une telle affirmation ?

    Enfin, si présenter un beau bilan en termes d'exportations et avoir de larges perspectives futures est incontestablement une bonne chose, comment ces chiffres encourageants se traduisent-ils en création d'emplois ?
  • Réponse du 10/04/2007
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Les statistiques officielles du commerce extérieur des trois régions belges, qui font état d'une croissance de 16,4% des exportations wallonnes au cours du premier semestre 2006, sont comptabilisées par la Banque nationale de Belgique (BNB). La répartition régionale des exportations en Belgique s'effectue sur la base des déclarations des entreprises exportatrices à la BNB. Toutes les entreprises belges exportatrices (environ 25.000) doivent déclarer, pour chacune de leurs transactions commerciales, la région d'où les marchandises exportées sont initialement fabriquées. Cela signifie que pour la totalité des entreprises belges déclarant des exportations, c'est la région d'origine du produit qui est prise en considération dans l'attribution régionale des exportations. L'attention n'est pas focalisée sur l'identité régionale de l'expéditeur ou du propriétaire des marchandises exportées, mais bien sur la région où se sont déroulés les processus économiques liés à la fabrication des produits.

    Cette méthodologie permet de fortement neutraliser à la fois les effets de siège et de porte qui défavorisent la Wallonie au profit des deux autres régions belges. Pour rappel, l'effet de siège est l'attribution d'exportations à la région du siège social administratif de l'entreprise exportatrice et non à la région où se trouvent les établissements de production effective. Quant à l'effet de porte, il consiste en l'attribution des exportations à la région où se situent les ports et les aéroports et non à la région productrice des marchandises exportées. Avec cette méthodologie, la possibilité que la Flandre se voit créditer des exportations de marchandises wallonnes parce qu'elles sont expédiées à l'étranger via Anvers ou Zaventem est grandement réduite.

    Il faut noter également que les statistiques d'exportations régionales sont comptabilisées selon le concept national qui exclut les activités de transit réalisées par les entreprises non-résidentes qui utilisent uniquement la Belgique comme point d'entrée et de sortie de leurs marchandises destinées à l'étranger. Le concept national permet donc d'éliminer le transit international des statistiques du commerce extérieur, ce qui concerne principalement la Flandre à cause de la forte présence de non-résidents dans les zones du port d'Anvers et de l'aéroport de Zaventem.

    Sur la base de ces chiffres, la croissance moyenne des exportations wallonnes est de 9,8% depuis dix ans (1996-2006). Cette performance permet à la Wallonie durant cette période de devancer les scores à l'exportation de l'UE15 dans son ensemble (+ 7,1 %) et des régions qui composent notre panier habituel de comparaison, soit la Flandre (+ 7,8 %), l'Allemagne (+ 8,1 %), les Pays-Bas (+ 7,7 %) et la France (+ 5,8 %). Cela signifie que les entreprises wallonnes accroissent de façon tendancielle leurs parts de marché face à leurs concurrents européens à travers le monde depuis une décennie. Le poids de la Wallonie dans les exportations totales de la zone UE15 se situe à 1,23 % au premier semestre 2006 comparativement à 0,95% en 1996, ce qui constitue une augmentation de près de 30% de notre part de marché depuis 10 ans. A titre de comparaison, les exportateurs flamands n'ont augmenté leur part de marché à l'international que de 6 % de 1996 à 2006 face à leurs concurrents des pays de la zone UE15.

    Au sein de la Belgique, selon les mêmes chiffres de la BNB, la part des exportations wallonnes représentait 15% du total national en 2000 comparativement à 80 % pour la Flandre. Au premier semestre 2006, la part de la Wallonie dans le commerce extérieur de la Belgique approche 18 % pour 79 % à la Flandre. L'écart entre la Wallonie et la Flandre se rétrécit donc graduellement depuis cinq ans. A ce rythme, comme l'a déjà annoncé le Ministre-Président dans son discours sur l'état de la région, la Wallonie aura, proportionnellement à sa population, rattrapé son retard face à la Flandre dans 10 ou 15 ans.

    Sans avoir naturellement de prise directe sur le processus de création d'entreprises ou de l'augmentation des effectifs au sein des firmes, le Gouvernement ne peut constater que les excellents résultats des entreprises wallonnes sur les marchés internationaux se traduisent indéniablement par des effets bénéfiques sur l'emploi en Wallonie. Les exportations, qui représentent plus des deux tiers du chiffre d'affaires des entreprises wallonnes, sont pour la Wallonie une condition essentielle de prospérité économique. Alors que la Wallonie représente approximativement 0,1% du PIB mondial, les entreprises wallonnes assurent près de 0,5% du commerce mondial. La Wallonie mise donc sur la force exportatrice de ses entreprises pour soutenir la croissance et la création d'emplois.

    Selon des estimations effectuées par le Ministère français du Commerce Extérieur, l'exportation de 1 milliard d'euros, compte tenu de l'incorporation de la sous-traitance, génèrerait la création de 4.500 emplois. La transposition de cette hypothèse à la progression de 16,4 % des exportations wallonnes au premier semestre 2006 impliquerait que l'activité exportatrice des firmes wallonnes a contribué à créer 12.800 emplois en Wallonie durant les six premiers mois 2006. Si on appliquait cette hypothèse à la progression moyenne des exportations wallonnes de 1996 à 2006 qui est de 9,8% en termes annuels, il en résulterait que le succès des firmes wallonnes sur les marchés étrangers aurait contribué à créer 99.200 emplois en Wallonie depuis 10 ans, soit près de 10.000 unités en moyenne par an.