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La convention antipénurie pour le secteur alimentaire.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 72 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 08/03/2007
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur

    Monsieur le Ministre a, sous le couvert de ses casquettes et de ses compétences, signé une convention de collaboration entre la Région wallonne (pour l'aspect emploi et formation), la Communauté française (pour l'aspect enseignement) et le secteur alimentaire en vue de répondre à la pénurie de main d'oeuvre que ce dernier rencontre.

    En effet, le secteur éprouve de sérieuses difficultés à recruter du personnel réellement motivé et adéquatement formé. Partant, il se retrouve bloqué dans son développement faute de combattants. Cette pénurie de main d'œuvre l'empêche de croître alors que le contexte économique le permettrait pourtant.

    Le secteur a besoin de passionnés formés ou, à tout le moins, disposés à se former. Cette convention a l'ambition de répondre à ce souhait.

    Comment cette convention se traduira-t-elle concrètement ?

    Comment la collaboration entre la Région wallonne, la Communauté française et le secteur alimentaire lui-même est-elle articulée ?

    Comment se déclinera-t-elle ?

    Sur quoi porte la coopération ?

    Quelles actions sont prévues ?

    Quels moyens y seront affectés ?

    Quels seront les apports de chacun ?

    Comment Monsieur le Ministre assurera-t-il une adéquation plus grande entre l'enseignement ou l'offre de formations et le besoin de main d'œuvre qualifiée ? Comment valorisera-t-il les métiers du secteur alimentaire ?
  • Réponse du 04/04/2007
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Une convention cadre a été signée le 8 février 2007 entre la Région wallonne, représentée par les Ministres Arena et Marcourt, la Communauté française, représentée par la Ministre Arena, et les partenaires sociaux de l'industrie alimentaire réunis au sein de l'IFP (Initiatives de formation professionnelle de l'industrie alimentaire).

    Ce secteur qui, pour rappel, est le deuxième secteur industriel wallon avec plus de 1.700 entreprises et près de 20.000 travailleurs, qui se caractérise par une grande diversité de métiers (opérateur de production, boulanger, pâtissier, chocolatier-confiseur, découpeur, désosseur, brasseur, mais aussi chauffeur, cariste, magasinier, etc.) et qui participe à la dynamique mise en place dans le cadre des pôles de compétitivité, connaît en effet d'importants besoins en personnel qualifié.

    La convention cadre signée marque la volonté des parties signataires de collaborer afin de participer à l'amplification des politiques d'enseignement, de formation et d'emploi et s'intègre bien entendu dans la continuité de plusieurs dynamiques: celle des partenariats proposés dans le cadre du Contrat d'Avenir réactualisé qui insiste sur la nécessité de poursuivre et d'accentuer la collaboration entre la Région wallonne et les fonds sectoriels d'une part, et d'autre part, celle des Plans d'actions qui, tant en Région wallonne qu'en Communauté française, ont défini les principales lignes directrices pour les années à venir (Contrat pour l'Ecole, PST 1 et PST 2 et bien entend, Plan Marshall).

    Dans les grandes lignes, pour ce qui concerne la Communauté française, les parties signataires se sont engagées à apporter leur contribution en matière de revalorisation et de promotion de l'enseignement qualifiant, d'amplification et de systématisation des stages professionnalisants au 3ème degré, d'utilisation des équipements de pointe et de formation continue des enseignants.

    En Région wallonne, il s'agit de contribuer à la lutte contre les pénuries de main-d'œuvre, de multiplier les synergies en matière de formation professionnelle et d'insertion, de faciliter l'accès des enseignants et des élèves aux Centres de compétence, etc.

    Ainsi, parmi les objectifs déterminés, relevons la volonté d'augmenter le taux d'emploi en Région wallonne, d'investir de manière accrue dans l'éducation, la formation tout au long de la vie et dans l'insertion professionnelle, de viser l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi et à la formation, d'obtenir une meilleure visibilité des besoins du marché et de l'offre de main-d'œuvre, d'apporter des réponses à la problématique des fonctions critiques et des pénuries de main-d'œuvre, de créer davantage de synergie entre les mondes de l'enseignement qualifiant et de promotion sociale, de la formation, de l'insertion socioprofessionnelle et de l'entreprise, de viser une meilleure adéquation entre le profil de compétences des personnes formées et les compétences permettant d'exercer les métiers du secteur, de participer aux travaux relatifs à la validation des compétences, etc.

    Tous ces éléments sont intégrés au sein des onze axes que comprend la convention, cette dernière devant se décliner en plusieurs conventions spécifiques, signées avec les différents organismes concernés et leur(s) Ministre(s) de tutelle: Forem, IFAPME et les réseaux d'enseignement. Plus opérationnelles, ces conventions spécifiques doivent notamment permettre la mise en place ou l'amplification d'actions découlant des objectifs déterminés par les signataires dans la convention cadre et, bien entendu, tenir compte des synergies impulsées.

    Ainsi, si l'on reprend les onze axes de la convention, voici, dans les grandes lignes, ce qui, au minimum, est attendu concrètement des différents acteurs.

    Axe l - La promotion et valorisation des métiers du secteur :

    - diffusion et échanges d'informations concernant les besoins et les métiers du secteur via l'utilisation d'outils comme Formabanque ou IMT, un portail d'informations sur le marché du travail, la formation et l'enseignement qui est en cours de développement;

    - validation des Référentiels emploi métier (REM) relatifs à des métiers du secteur développés par Le Forem ;

    - outre les informations qui seront disponibles via la consultation d'IMT, une collaboration étroite avec l'IFP doit permettre aux élèves de mieux connaître les métiers du secteur et à l'enseignement d'améliorer et de développer des sections technique et professionnelle dont une partie des contenus seront adaptés aux besoins du secteur. Les lieux de formation et d'enseignement seront diffusés en ligne;

    - dans les centres de compétence (FormAlim, Epicuris), organisation de formations pour les enseignants et les élèves du secondaire technique et professionnel, des collaborations qui seront amplifiées par des journées « découverte métier» et « portes ouvertes ». En outre, pour les plus jeunes (10-14 ans), des stages de découverte des métiers seront proposés pendant les vacances;

    - promotion de la formation en alternance, etc.

    Axe 2 - L'investissement dans les travaux de modernisation de la CCPQ

    Avec l'aide des représentants du secteur:

    - développement et mise en place des référentiels métiers: les profils de qualification qui fondent les métiers du secteur ainsi que les profils d'évaluation qui les accompagnent seront définis;

    - participation à l'approbation au sein de la CCPQ, des profils de formation déposés par l'enseignement et des référentiels de formation déposés par d'autres opérateurs ainsi que des profils de métier;

    - développement de programmes de formation et d'enseignement davantage cohérents par rapport aux exigences du secteur.

    Axe 3 - Les stages pour les jeunes, les DE et les enseignants:

    Le secteur et la Communauté française s'engagent à développer la pratique du stage en entreprise:

    - en apportant leurs contributions à l'administration dans la mise au point d'un outil informatisé interactif d'offres de stages «professionnalisants et alternants» en entreprises (CEFA et IFAPME) ;

    - en promouvant cet outil auprès des entreprises afin d'optimaliser les prestations de stages auprès des élèves de la Communauté française ;

    - en donnant la possibilité aux élèves de réaliser des stages de perfectionnement en centre de compétence et des stages professionnalisants en entreprise ainsi qu'aux enseignants;

    - organisation par la Promotion sociale de formations pour les travailleurs du secteur et d'une formation de tutorat à l'attention des travailleurs pour mieux accompagner les jeunes en entreprise;

    - apport du soutien du secteur aux contrats d'apprentissage industriel (CAl) en accordant des incitants financiers aux écoles, aux jeunes et aux entreprises, qui se lancent dans cette filière.

    Quelques chiffres:

    - en 2005 : 60 CAl;
    - en 2006 : 107 CAl et 160 jeunes en alternance;
    - projection pour 2007: 100 CAl, 200 élèves du plein exercice et 160 jeunes en alternance.

    Budget annuel disponible du secteur par école: minimum 1.250 euros maximum 2.500 euros pour acquérir du matériel pédagogique adapté et favoriser les déplacements des élèves lors des visites d'entreprises.

    Axe 4 - Le développement des formations en langues, y compris l'immersion linguistique:

    - des bourses d'immersion sont prévues pour les élèves des filières techniques et professionnelles, ainsi que pour les demandeurs d'emploi ;

    - recherche par le secteur de stages d'immersion dans les entreprises en Flandre et en Communauté germanophone;

    - organisation de cours de langue spécifiques en collaboration avec le Forem ;

    - pour les CAl qui auraient la possibilité de travailler en Flandre des cours de langue sont organisés en collaboration avec le Forem.

    Axe 5 - L'analyse du marché de l'emploi, des tensions et des pénuries de qualification et la mise en place de réponses adaptées

    Comme indiqué dans la convention: « L'analyse, et donc la connaissance du marché de l'emploi, est un enjeu fondamental permettant, notamment, de faire se rencontrer au mieux l'offre et la demande d'emploi, mais aussi d'orienter au mieux les demandeurs d'emploi vers certaines formations et/ou certains métiers ».

    Il est donc nécessaire que les différentes parties accentuent encore leurs échanges d'informations et d'analyses consacrées au marché et à son évolution.

    Des réponses ont été apportées pour combler la pénurie de main¬d'œuvre: des projets de formations sont mis en place par l'IFP et ses partenaires (Forem, IFAPME, MIRE EFT PS CEFA, écoles secondaires, ... comme pour les métiers de la maintenance et les métiers de production ainsi que pour les métiers de boulanger pâtissier).

    Axe 6 - L'augmentation du volume des offres d'emploi des entreprises du secteur diffusée via les services du Forem :

    - le secteur s'engage à inciter, notamment via ses publications et ses contacts avec les entreprises, à inciter ces dernières à diffuser leurs offres d'emploi via les services du Forem ;

    - de son côté, le Forem s'engage à développer largement le « screening» des compétences et la diffusion ciblée des offres d'emploi;

    - en lien avec Job Focus (Axe 5.1. du Plan Marshall), le Forem s'engage, après concertation avec le secteur, à mettre en œuvre des actions permettant de répondre à des besoins spécifiques émanant des entreprises.

    Axe 7 - La formation des demandeurs d'emploi en visant l'égalité des chances dans l'accès à la formation, à l'emploi pour tous les publics, les moins qualifiés, les jeunes, les femmes, les travailleurs âgés, les personnes d'origine étrangères, handicapées, etc. :

    - partant du constat que 50% du budget formation de l'IFP agro¬alimentaire cible les demandeurs d'emploi et les publics à risques, l'objectif est d'augmenter le nombre de formations organisées en partenariat avec le Forem, l'IFAPME et l'enseignement de promotion sociale;

    - en outre, en tant que secteur repris dans les pôles de compétitivité, le secteur veut se positionner par la mise en œuvre de formations ciblées sur les métiers en pénurie et les métiers en expansion. Une partie importante de celles-ci devront être organisées en collaboration avec les organismes précités.

    Quelques chiffres:

    - le CDC Epicuris a organisé la formation découpeur-désosseur pour 15 stagiaires DE en 2006 (soit 1500H) et le taux d'insertion est de 100% ;
    - le centre de compétence FormAlim : 932 DE ont été formés en 2006 Pour 2007 : 1400 DE seront formés

    Axe 8 - La formation des travailleurs du secteur:

    - en collaboration avec le Forem, les formations en entreprises, particulièrement dans les PME et TPE, seront encouragées;

    - soutien au secteur dans son objectif de voir en 2010 que 50 % des travailleurs auront suivi des formations (contre 39% en 2006). Pour ce faire, notamment en collaboration avec l'IFAPME, il s'agira de stimuler les formations en accompagnant une centaine d'entreprises par an ;

    - développement de programmes spécifiques au sein des centres de compétence FormAlim et Epicuris.

    Axe 9 - L'implication des secteurs dans le développement et la valorisation des centres de compétence et de technologies avancées

    L'implication du secteur dans les deux centres de compétence FormAlim et Epicuris prouve l'intérêt du secteur pour une collaboration avec les centres de compétence pourvus de matériel performant.

    Les publics cibles des Centres de compétence sont les travailleurs, les DE, les élèves et les enseignants.

    Le centre de compétence FormAlim (formations centrées sur la production) :

    - formations réalisées en 2006 :

    * 932 DE/20.870 heures stagiaires ;
    * 240 travailleursj21.302 heures stagiaires ;
    * 205 PFI ;

    - projection pour 2007 :

    * 1400 DE ;
    * 400 Travailleurs ;
    * 225 PFI.

    Axe :10 - Le développement du dispositif de validation des compétences

    Dans ce cadre, les parties signataires s'engagent notamment à développer le dispositif et participer à la construction des référentiels métiers y afférent.

    Ils s'engagent également à reconnaître les Centres de validation afin de garantir une couverture géographique sur l'ensemble de la Communauté française.

    Ils assurent la promotion de la validation tant auprès des demandeurs d'emploi et des travailleurs que des entreprises afin d'asseoir le dispositif et d'en faire un réel outil de reconnaissance et de valorisation des acquis professionnels au sein des entreprises.

    Les compétences minimales ainsi que les indicateurs concrets que les travailleurs doivent posséder pour pouvoir exercer correctement une profession sont décrites sur la base des profils professionnels.

    Epicuris (centre de compétence dispensant des formations centrées sur les gestes professionnels) :

    Ce centre est agréé pour la validation des compétences des trois métiers suivant:

    - découpeur-désosseur: 10 personnes en 2006 ;
    - boulanger-pâtissier ;
    - préparateur- vendeurs en boucherie est presque finalisé.

    Le prochain métier visé est celui d'opérateur de production

    Axe 11 - Le soutien à l'insertion professionnelle

    Comme indiqué dans la convention signée, l'insertion professionnelle des demandeurs d'emploi revêt une importance particulière pour les parties signataires en ce qu'elle constitue l'aboutissement de la majorité des processus mis en œuvre au travers des politiques d'enseignement, de formation et d'emploi.

    Il s'agit donc d'inciter les parties signataires à mettre tout en œuvre pour favoriser cette insertion. C'est pourquoi le Plan Formation Insertion (PFI), le contrat d'apprentissage industriel (CAl) et le tutorat devront faire l'objet d'une attention particulière et donc, idéalement connaître une croissance qualitative, voire quantitative.

    Enfin, concernant plus particulièrement les publics les plus fragilisés, il est notamment demandé aux parties signataires d'accentuer le recours aux missions régionales (MIRE), aux entreprises de formation par le travail (EFT) et de collaborer aux actions d'insertion développées par le Forem, notamment dans le cadre du dispositif de lutte contre les pénuries.

    L'objectif du secteur: 50% des travailleurs bénéficiaires de formation.

    Moyens financiers de l'IFP consacré à ces objectifs:

    - collaboration Forem/Formation : 100.000 euros ;
    - collaboration IFAPM E/Formation : 64.000 euros ;
    - collaboration Ecoles (matériel didactique) : 1.250 à 2.500 euros par école.