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Y a-t-il une alternative au plastique traditionnel ?

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 25 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 14/03/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à SIMONET Marie-Dominique, Ministre de la Recherche, des Technologies nouvelles et des Relations extérieures

    La problématique de l'augmentation des prix pétroliers et la disponibilité de quantités limitées de celui-ci constituent actuellement un débat d'actualité continu. Dans ce débat, il est surtout question de la production énergie et de la recherche de formes d'énergies alternatives (et carburants).

    Il est peu question de la production de produits contenant du pétrole, comme les plastiques, les produits à destination du secteur de la construction, l'asphalte des routes, ... Pourtant, ce sont, entre autres, ces questions qu'on doit se poser dans le cadre du débat relatif à l'indépendance face au pétrole.

    Qu'en est-il de l'examen de cette problématique en Région wallonne ? Y a-t-il des entreprises en Région wallonne qui sont actives dans le domaine (plastique sans pétrole, asphalte sans utilisation du pétrole,…) ? Quels sont les efforts en matière R&D en la matière ? Tient-on compte de ce secteur de production dans le cadre du Plan Marshall ?
  • Réponse du 02/04/2007
    • de SIMONET Marie-Dominique

    Il est tout à fait exact, comme le soulève l’honorable Membre dans sa question, que le débat actuel sur le pétrole cher et progressivement plus rare s’est focalisé sur les sources d’énergies alternatives.

    A cet égard, la Région wallonne est déterminée à augmenter sensiblement la part des sources d’énergies alternatives que sont l’éolien, le géothermique ou le solaire dans la consommation régionale. Par ailleurs, la Wallonie se dote actuellement d’unités de production de bioéthanol et de biodiésel.

    Mais la question soulève un autre aspect de la problématique, celui du remplacement des produits dérivés du pétrole dans des secteurs comme la construction et les routes asphaltées, ou encore la production de « plastiques sans pétrole ». Je reprends ces trois situations types pour répondre à l’honorable Membre.

    Plusieurs centres de recherche agréés par la Région wallonne sont concernés par ces thématiques de R&D. Il s’agit principalement du Centre de recherche routière (CRR), le Centre scientifique et technique de la construction (CSTC) et Centre de ressources technologiques en chimie (CERTECH).
    Ces trois centres ont été questionnés sur les travaux qu’ils pourraient avoir entrepris sur les substituts aux produits pétroliers.

    Ces trois centres réalisent déjà une veille technologique qui leur permet de réagir rapidement quand des technologies nouvelles, susceptibles d’intéresser nos entreprises, sont émergentes.

    Dans le domaine routier, l’asphaltage des routes est étudié pour de meilleures performances en termes de bruit, d’usure ou de sécurité pour les usagers. La recherche se fait aussi sur des enrobages à basse température pour des économies d’énergie.

    Mais il n’y a pas actuellement en Wallonie de recherche pour substituer le liant pétrolier par un autre type de liant. Des études sont cependant amorcées, notamment en France, sur des écoliants d’origine végétale.

    De même, dans le domaine de la construction, des alternatives au bitume pour la fabrication de membranes de couverture sont à l’étude, mais toujours avec des produits d’origine pétrolière.

    Enfin, le « plastique sans pétrole » est tout à fait possible. La science de la catalyse permet de produire des plastiques identiques à ceux obtenus de dérivés du pétrole, notamment en partant d’un produit naturel extrait du bois, le méthanol. Et des entreprises en Wallonie sont prêtes à exploiter les innovations dans ce domaine. Mais l’aspect économique bride le développement des nouvelles molécules.

    Et la recherche de substituts est d’autant plus freinée que la masse de tous les plastiques produits dans le monde ne représente au mieux que 4 % des produits pétroliers, et il ne semble pas qu’il aura des difficultés d’approvisionnement pour l’industrie chimique des plastiques pour les prochaines décennies.

    Il existe par ailleurs une catégorie importante de produits à base de polylactiques, qui sont des molécules naturelles performantes pour la création de matières plastiques biodégradables.
    Ces molécules sont étudiées dans deux autres de nos centres de recherche, Materia Nova et NATISS. Les entreprises associées à ces centres sont attentives quant aux résultats exploitables de ces recherches.

    Mais, si ce secteur industriel se développe, il s’agira alors de réserver des productions végétales pour ces usages, et il peut y avoir là aussi un problème de disponibilité de la matière première.

    Pour conclure et achever de répondre à votre question, il y a donc en Wallonie des structures de recherche prêtes à entreprendre sur la thématique des substituts au pétrole. Et je n’ai ici évoqué que les centres de recherche agréés par la Région wallonne. Il y a également dans nos universités des laboratoires qui travaillent en permanence sur la synthèse de nouvelles molécules.

    Un programme mobilisateur pour les universités et les hautes écoles est justement réservé aux nouveaux matériaux, WINOMAT II. Il pourra financer des recherches si des projets sont retenus sur ce thème. L’appel à projets a été lancé le 12 février 2007, et le programme est pourvu d’un budget de 15 millions d’euros.

    Dans le cadre du Plan Marshall, il n’y a pas de pôles de compétitivité pouvant être directement concerné par la problématique d’une « société sans pétrole ». Mais si les nécessités économiques devaient évoluer, il est évident que les orientations actuelles seraient adaptées.

    Je ne minimise pas le risque potentiel que vous avez soulevé, loin de là, mais je pense qu’actuellement les priorités de recherche sont ailleurs. Et ayant pu observer comment nos entreprises, nos universités et hautes écoles, et nos centres de recherche ont répondu aux propositions du Plan Marshall, la recherche apparaît suffisamment réactive, notamment sous la pression industrielle, que pour proposer des solutions au moment opportun.