/

Blanc-Bleu-Belge en péril ?

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 127 (2006-2007) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 15/03/2007
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    A la fin de ce mois de janvier, la Faculté des sciences agronomiques de Gembloux a organisé le 12ème carrefour des productions animales.

    Il semblerait que la production de Blanc-Bleu-Belge pourrait se retrouver en danger à l'horizon de 2020. Le Blanc-Bleu-Belge ne serait en effet pas assez concurrentiel d'un point de vue économique par rapport aux viandes qui seraient importées notamment d'Amérique du Sud. Malgré ses très nombreuses qualités, le Blanc-Bleu-Belge serait donc en péril en 2020.

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre connaissance des remarques formulées dans le cadre de ce carrefour ? Quelles sont les demandes qui ont été formulées par les producteurs de Blanc-Bleu¬-Belge ? Ces demandes peuvent-elles être réalisées notamment en conformité avec la réglementation de la PAC ? Quelles sont les initiatives que Monsieur le Ministre entend développer en vue de permettre le maintien de la production de l'un des fleurons de l'agriculture en Wallonie ?
  • Réponse du 28/03/2007
    • de LUTGEN Benoît

    J'ai pu en effet prendre connaissance des interventions et des échanges de vues qui ont eu lieu au cours du douzième Carrefour des productions animales organisé par la Faculté de Gembloux et le CRA-W sur le thème du marché de la viande bovine. Un de mes collaborateurs a participé à cette journée et a suivi l'entièreté des débats dont il m'a fait rapport.

    Etant donné la diversité des points de vue, il est impossible de résumer en quelques mots les sujets discutés au cours de cette journée. Dans le contexte actuel, les producteurs, acteurs de la filière se posent très lucidement des questions sur l'avenir du Blanc Bleu belge.

    Quelle orientation donner à sa sélection ? Pour quel usage et quel consommateur ? Pour quel marché ? A quel prix ? Face à quelle concurrence ?

    Ainsi, des producteurs ont critiqué certains effets de la sélection qui conduiraient vers des animaux de concours dont les qualités fonctionnelles font défaut. La génétique serait ainsi responsable d'une inadaptation aux conditions de production de viande, notamment à cause d'un manque de rusticité de notre Blanc Bleu belge.

    Du côté de la valorisation, on constate que le marché belge de la viande de type Blanc Bleu belge reste une niche isolée en Europe.

    Valorisée par le savoir faire du boucher (la fameuse découpe belge), recherchée par les consommateurs belges pour sa tendreté, la viande de Blanc Bleu belge pâtit d'un manque de goût pour les autres consommateurs européens.

    En effet, la vitesse de croissance du Blanc Bleu belge est telle que l'optimum de rendement en viande de la carcasse est atteint avant l'âge de 20 mois. A cet âge, la viande est tendre et maigre, mais moins goûteuse. Les consommateurs étrangers sont habitués à de la viande d'animaux plus âgés (par exemple, les races limousines, charolaises ou blondes d'Aquitaine et même des races laitières). II faut savoir que les besoins européens en viande bovine sont satisfaits à plus de 70 % par les races laitières.

    La crainte est que le marché belge évolue dans un sens défavorable au Blanc Bleu belge, face à une concurrence de plus en plus vive des viandes importées et des viandes de races étrangères produites chez nous. L'attitude du consommateur sera déterminante sur ce point, notamment par son impact sur les stratégies commerciales des grands distributeurs.

    En rapport avec la PAC, la question du maintien du couplage des primes aux vaches allaitantes est cruciale. Si un découplage de ces aides peut être considéré par les producteurs comme une menace très sérieuse sur l'avenir économique de la production bovine wallonne, il y aura lieu d'évaluer au mieux les conséquences à long terme des options que nous défendrons. Il faudra rester très attentif aux projets de la Commission européenne dans son souci d'harmonisation entre les Etats membres, notamment lors de l'évaluation de la réforme de la Politique agricole commune, appelée de manière quelque peu sibylline « bilan de santé ».

    Le développement de la race Blanc Bleu belge est largement dépendante des options d'élevage définies par l'Association wallonne de l'élevage (AWE) et le Herd Book Blanc Bleu belge (HB BBB).
    Leur mission est notamment de définir des standards de la race et de sélectionner des sujets reproducteurs qui donneront des animaux de production viable et à la rentabilité maximale. Ces animaux sont recherchés pour la boucherie et n'occasionneront pas de coûts de production trop lourds. On ne peut pas non plus ignorer les exigences environnementales et de bien-être animal qui, à l'avenir, pèseront de plus en plus sur le secteur. Il est à noter que pour ces raisons, le Blanc Bleu belge est quasi exclu de la filière bio.

    J'ai demandé à la Direction générale de l'agriculture (DGA) d'évaluer l'action de l'AWE et du HB BBB qui sont soutenus financièrement par la Région wallonne dans leurs activités de sélection. La DGA m'a remis un rapport contenant une quinzaine de pistes visant à améliorer les services de ces organismes. Afin de les mettre en œuvre de manière efficace, des concertations seront prochainement menées avec les différents opérateurs concernés.

    Par ailleurs, le Conseil de filière viande bovine réunit tous les acteurs de cette filière grâce à un financement de la Région wallonne. Il est impératif que, dans le cadre de son plan stratégique, une attention prioritaire soit portée aux évolutions nécessaires au maintien de nos atouts, tant sur le marché intérieur que sur les marchés extérieurs.

    Via l'Observatoire de la consommation alimentaire mis en place par la Région wallonne, des études seront poursuivies et approfondies pour mieux cerner les caractéristiques qui font que certains consommateurs semblent se détourner des viandes produites avec notre Blanc Bleu belge.