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La contribution du monde agricole à la réduction des gaz à effet de serre.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 136 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 22/03/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Il est parfois curieux de constater que certaines organisations environnementales ou certains partis politiques stigmatisent, dans leurs publications ou leurs conférences de presse, le monde agricole. A mon sens, ils oublient simplement que c'est l'agriculture qui les nourrit et, qu'au-delà du nombre d'agriculteurs qui diminuent la filière tournant autour de l'agriculteur, du constructeur de machines agricoles en passant par le boucher, elle représente 15 % du PIB.

    Aujourd'hui, après avoir considéré les agriculteurs comme les seuls responsables des pollutions, on les accuse d'être, via leur cheptel, d'énormes producteurs de GES et principalement de méthane.

    Cette nouvelle critique consiste à dire que les bovins doivent être considérés comme une source importante de méthane, gaz à effet de serre par excellence. Nous ne nions pas l'importance de mesures à prendre pour agir contre tout changement climatique.

    Le méthane, plus encore que le CO2, doit être maîtrisé. Mais de là à diaboliser le bovin (comme l'ont fait certains) c'est aller un pas trop loin. Il est indéniable que la production agricole à un coût environnemental, mais l'ensemble des activités en ont un. Réduire notre production signifie importer. A-t-on pris en compte dans ces critiques les coûts environnementaux du transport ? Nous ne le croyons pas. Par ailleurs, l'Union européenne est déjà importatrice de viande …

    Je souhaite que le secteur, après avoir été soumis à de multiples exigences en maîtrise de qualité, de bien-être humain et animal, ou en matière d'environnement, ne soit pas à nouveau bousculé par une discussion dopant les inquiétudes et le raz-le-bol général.

    Par contre, je souhaite que la politique de la Région wallonne se caractérise par un ensemble de mesures constructives évitant les émissions de méthane autant que possible en l'intégrant dans un processus de bio-méthanisation ou dans un cycle de production d'hydrogène, tous les deux étant des secteurs énergétiques renouvelables.

    Quelles sont les politiques qui sont mises en place afin de favoriser la biométhanisation dans la filière agricole ? Par quelles mesures Monsieur le Ministre contribuera-t-il à apporter des solutions techniques et financières qui permettront aux producteurs visés de se mettre autant que possible à l'abri des critiques environnementalistes ?

    Le Gouvernement wallon s'est penché le jeudi 15 mars sur le réchauffement climatique. Dans quelles mesures la maîtrise du méthane est-elle intervenue dans les réflexions de Monsieur le Ministre ?
  • Réponse du 28/03/2007
    • de LUTGEN Benoît

    Pour l'élaboration du Plan air et climat, je me suis intéressé à l'ensemble des contributions du secteur agricole et à l'évolution de celles-ci depuis 1990.

    ________________________________________________________________________
    1990 2003 Evolution 1990-2003
    _________________________________________________________________________
    CH4 (en t/an) 103.552 91.989 - 11 %
    soit 80 % des émissions de
    CH4

    N20 (en t/an) 8.491 7.917 - 7 %
    soit 62 % des émissions de
    N20

    Total 3 GES - 5.098.081 4.679.223 - 8 %
    Kyoto soit 9,2 % des émissions des
    (CO2+CH4+N20) 3 GES
    (en t eq CO2/an)

    NH3 (en t/an) 26.457 24.641 - 7 %
    soit 92 % des émissions de
    NH3
    _________________________________________________________________________
    (Source: Inventaire des émissions 2003,OGRNE - Cellule Air)

    Certains secteurs d'activité sont en forte augmentation, comme les transports ou le tertiaire, ils nécessitent une action énergique et immédiate.

    Mais, même si le secteur émet 9,2 % des GES, les émissions agricoles sont globalement en diminution depuis 1990. Ceci explique que les mesures proposées au Gouvernement ne sont pas reprises dans la liste des mesures à mettre en œuvre prioritairement.

    Ainsi, je propose les actions suivantes:

    - promouvoir les produits de notre terre, afin de mettre en avant l'éco¬consommation, la consommation de produits de saison, la consommation de produits locaux ;
    - adopter des conditions sectorielles pour les élevages et le stockage des effluents en apportant une attention particulière à l'émission d'ammoniac dans le cas de construction et de reconstruction de bâtiments ;
    - soutenir le développement d'une filière de biométhanisation propre à l'agriculture ;
    - participer activement au Programme fédéral de réduction des pesticides à usage agricole et des biocides ;
    - renforcer l'effort de promotion du bois dans la construction auprès des professionnels du secteur de la construction et des particuliers, en apportant une attention particulière aux constructions agricoles ;
    - analyser l'opportunité de mettre sur pied un programme de production de biomasse ligneuse en dehors du cadre de la foret (taillis), afin de permettre le développement de la filière sans porter atteinte aux usages plus nobles du bois et de la forêt ;
    - prendre en compte l'adaptation aux changements climatiques dans les choix à long terme des essences pour la forêt "publique" ;
    - prendre des mesures d'adaptation pour éviter l'érosion, planter des haies afin de limiter l'effet du vent et du lessivage des terres et ainsi améliorer la percolation des eaux dans le sol.

    Comme l'honorable Membre l'a certainement constaté, il est ici question de proposer des actions visant à limiter les effets sur la pollution, de favoriser l'utilisation des produits naturels et locaux, de valoriser les sous-produits comme vous-même le suggérez et d'utiliser les surfaces agricoles pour produire de la biomasse ligneuse en vue de son utilisation comme combustible renouvelable.

    En particulier, en ce qui concerne le soutien à la biométhanisation agricole, voici en substance ce qu'a décidé le Gouvernement:

    - prévoir la mise en œuvre d'un mécanisme d'aide complémentaire au système des certificats verts. L'attribution de crédits de CO2 à une installation de biométhanisation pourrait tenir compte, comme externalité positive pour l'environnement, de l'économie de CO2 due à la valorisation du digestat (résidu de la biométhanisation) riche en azote minéral, en substitution des engrais minéraux dont la fabrication, le transport et l'utilisation impliquent des émissions importantes de CO2;
    - envisager la possibilité d'octroyer des certificats verts pour le séchage du digestat, moyennant l'avis de la Commission Wallonne pour l'Energie (CwaPE).

    Enfin, je souhaite attirer l'attention de l'honorable Membre sur le fait que le Plan air-climat, résultat des actions du Gouvernement et que je coordonne, est soumis à la consultation du public jusqu'au 6 juin et qu'il est désormais accessible à l'adresse www.air.wallonie.be.